Hébron - 29 mars 2007

Les villages à l’Est de Yatta : entre les expulsions israéliennes forcées et l’oubli palestinien

Par Palestine Info

Entre les expulsions des palestiniens forcées par les israéliens, et l’oubli officiel et populaire palestinien, les habitants des villages de l’est de Yatta, au sud d’al Khalil, vivent une souffrance redoublée.

Beit Ommar, septembre 2006. Un berger harcelé par l'armée sioniste (Photo MR)

En effet, personne autour d’eux ne semble ressentir le danger de l’expansion coloniale et des agressions quotidiennes des colons contre les personnes et les propriétés.

Des agressions menées sous la protection des forces d’occupation qui ferment les yeux sur ces pratiques.

Le but, évidemment, c’est expulser les palestiniens et étendre les colonies, qui constituent actuellement une véritable menace sur les habitations palestiniennes.

Ce qui accentue leur souffrance, c’est l’injustice de leurs proches de l’autorité palestinienne et des institutions populaires qui ne s’occupent pas de leurs souffrances, et qui oublient que ces individus appartiennent à cette nation.

Endurer l’amertume

Khalil al Nawajaa affirme que les colons font endurer à la population des villages de l’est de Yatta de pires souffrances et amertumes sous la protection des forces d’occupation.

Il a indiqué qu’ « ils attaquent régulièrement les habitants, déracinent les arbres, volent les troupeaux sur nos terres, détruisent les habitations et interdisent l’accès aux services essentiels comme l’électricité, l’eau, ou encore l’école, dans le but d’expulser les palestiniens ». Il y a d’autres souffrances, explique-t-il, comme le manque important de services de santé et de soin.

L’exemple d'un de ses proches qui est tombé tombé malade, et a décidé de consulter un médecin, mais sans pouvoir y arriver après qu'ils ont empêché l’ambulance de le transférer à l’hôpital. L'homme est mort et son corps fut transféré à la ville de Yatta où il fut inhumé à l'aide d'un tracteur.

Al Nawajaa assure pour autant que malgré toutes les difficultés qui dépassent toutes limites, les habitants sont déterminés à rester dans leurs terres et supporter toutes ces souffrances.

Des pertes énormes

Le cheikh Ibrahim al Hathaline, du village d'Oum el Kheir, explique que les habitants du village et d'autres villages à l’est de Yatta ont perdu leurs habitations (des bidonvilles) et que personne n'est venue à leur aide pour les reconstruire, ou à trouver d’autres habitations.

Il indique que les habitants subissent, continuellement, des opérations d’expulsions oppressives de la part de l’armée d’occupation et des colons, et subissent de grandes pertes sans être dédommagés par l’autorité palestinienne ou les institutions civiles. Al Hathaline en veut à l’autorité et les institutions qui ont délaissé cette région, jusqu’à tomber dans l’oubli.

Il a appelé les autorités à visiter cette région de manière régulière et à continuer à s’occuper de la souffrance des habitants, devenue une partie intégrante de leur vie.

Il indique que le soutien étranger parvient à la région et ce qui reste est d'effectuer le plus faible degré d'effort pour les aider.

Une proie pour les colonies

Abou Jihad al Nawajaa a indiqué par ailleurs que l’occupation et les colons ne se contentent pas d’effectuer de vastes opérations de fouilles des habitations (spécialement la nuit), mais ils empêchent aussi les habitants de se rendre à leurs terres agricoles afin de satisfaire les colons.

Il ajoute que la souffrance est grande et que les plaintes à autre que Dieu est une humiliation. Malheureusement, il n’existe pas de position officielle de l’autorité palestinienne qui soutient et encourage la résistance.

L’autorité, selon lui, ne cherche même pas à regarder la réalité qu’endurent ces villageois, en les laissant comme proie et sans défense face aux colonies qui les encerclent.

Al Nawajaa indique que malgré ces manques, il existe des organisations étrangères qui soutiennent les habitants en leur présentant des aides.

Epuration ethnique

Le spécialiste en cartographie et en colonisation : Abdel Hadi Hentache affirme que la situation dans les villages à l’est de Yatta est des plus misérables à cause des pratiques et agressions sauvages de l’occupation contre les citoyens palestiniens.

Les crimes sont perpétrés par les forces d’occupation, les colons et parfois des deux côtés.

Ces crimes et agressions prennent différents aspects :
- La dévastation des terres agricoles
- Battre les habitants et les empêcher de circuler
- Promulgation d’ordres d'avertissements de démolitions et d’arrêt de constructions et d'activités agricoles par les colons.

L’objectif de ces agressions est unique : l'épuration ethnique dans tous les sens du terme et l’expulsion des habitants en les forçant à quitter leurs terres pour créer de nouvelles poches de colonisation.

Tous ces crimes se déroulent sans réelle présence de la part de l’Autorité Palestinienne, et bien avant l’arrivée des ligues des droits de l’homme dans la région.

L’absence palestinienne

Hentache a souligné l’absence du rôle palestinien, en indiquant que cela ne se constate pas uniquement dans cette région, mais dans toutes les autres régions et dans différents domaines comme l’expropriation des terres, la construction du mur racial, la construction des colonies, et l’expulsion des habitants.

La présence palestinienne se limite à des réactions, auxquelles nous nous sommes habituées, d’indignation, de dénonciation, de responsabilisation de l’autre camp, et tout cela n’aboutit à aucune solution.

Au contraire, cela donne un prétexte à l’occupation israélienne et l’encourage à intensifier ses plans du fait de l’absence d’une véritable réaction de la part de l’autorité palestinienne, que ce soit sur le plan intérieur ou international.

Une réaction forte

« Il est nécessaire, ajoute-t-il, que l’Autorité Palestinienne adopte une réaction forte à l’encontre des crimes de l’occupation en coupant par exemple toute communication avec les autorités occupantes et de ne la reprendre qu'après l’arrêt de ces mesures.

Voilà ce que doit être fait sur le plan intérieur alors que sur l’échelle internationale, ces sujets doivent être posés avec vigueur et répétition devant le Tribunal International de Justice de La Haie, au Conseil de Sécurité et aux Nations Unies, même si nous savons à l’avance que ces institutions sont dirigées par les Etats-Unis ».

Il continue : « Poser ces sujets est très important même si nous savons à l’avance que les décisions seront négatives à notre égard, mais nos demandes répétées et continuelles pourraient pousser la communauté internationale à presser pour arrêter ces agressions de peur que la situation n’explose et devient un conflit régional dont les conséquences néfastes toucheront l’ensemble de la région, et non seulement les territoires palestiniens.

Diminuer les agressions des colons

Moussa Abou Maria, coordinateur du travail avec les militants étrangers*, indique que la présence de militants étrangers dans les villages sud de Yatta, ainsi que d'autres régions, vise à diminuer les agressions des colons et des soldats de l’occupation qui se comportent avec respect lors de la présence de ces militants, contrairement au moment de leur absence.

Enfin, il ajoute que les militants étrangers sont parvenus à des résultats positifs sur le terrain puisque les agressions des colons ont diminuées.

Néanmoins, il affirme que les habitants des villages de l’est de Yatta ont grand besoin de soutien matériel afin de pouvoir rester dans leurs terres.

* Notes ISM : Moussa Abou Maria est le coordonnateur du Palestine Solidarity Project, basé à Beit Ommar, au sud d'Hébron.

Pour en savoir plus sur le travail des internationaux aux côtés des Palestiniens de PSP, voir sur ce site

Voir également le site de Palestine Solidarity Project

Source : Palestine Info

Traduction : Palestine Info