Palestine 48 - 25 septembre 2007

Qui a besoin du Fonds National Juif ?

Par Haaretz

Aujourd'hui, la Haute Cour de Justice entendra une pétition contre le Fonds National Juif (FNJ) des citoyens arabes qui ont été empêchés d'acquérir des terrains à Carmiel, parce que le FNJ ne cède pas des terres aux non-juifs. Que le coeur d'une ville israélienne garde la terre seulement pour des Juifs pendant 60 ans après la création de l'état est inconcevable.

La pétition s'oppose à la discrimination d'Etat injuste envers les citoyens arabes au moyen du FNJ

Pour rendre les choses plus difficiles à la Haute Cour de Justice, la Knesset a approuvé à une grande majorité (64 contre 16) dans sa lecture préliminaire un projet de loi déclarant que la discrimination du FNJ envers des non-juifs n'est pas une discrimination injuste. Le FNJ est une entreprise privée, créée pour acheter des terres destinées aux Juifs, et c'est toujours aujourd'hui son objectif. Le Procureur General pense qu'il s'agit d'une discrimination injuste car 13% des terres d'Israël appartiennent au FNJ, et il soutient les signataires de la pétition contre cette institution.

Face au Procureur General, on retrouvera un groupe de donateurs dont parmi eux l'ancien chef de l'Etat-Major, Moshe Ya'alon, le Rabbin Yoel Ben-Nun et le lauréat du Prix Nobel Robert (Yisrael) Aumann, qui soutiennent qu'ils ont eux-mêmes donné de l'argent au FNJ parce qu'ils croyaient qu'il n'irait qu'à des Juifs, et donc que leurs contributions ne peuvent pas être utilisées pour des communautés non-Juives. Il s'avère qui si Ya'alon, Ben-Nun et Aumann avaient pensé qu'un Arabe habiterait à Carmiel, ils n'auraient pas mis un seul centime dans la boîte bleue du FNJ à l'école.

Cependant, près de deux millions de dunams sur les 2.5 millions de dunams appartenant au FNJ n'ont pas été achetés à l'aide des contributions, mais ils ont été tout simplement saisis aux Arabes qui se sont enfuis pendant la Guerre d'Indépendance.

On aurait pu penser qu'après la création de l'état, une nouvelle page serait tournée, et qu'ensuite, les terres obtenues de diverses façons pour établir l'état auraient servi à tous ses citoyens.

Cependant, alors que les Arabes d'Israël ont été ogligés de considérer 1948 comme point de non retour alors que leurs droits à la terre et leur retourn dans leurs maisons étaient en jeu, les juifs ont préféré garder leur part du gâteau et le manger.

Le "rachat de la terre", qui signifie, en fait, le transfert des terres des Arabes aux juifs, continue toujours.

Une filiale du FNJ, Himnuta, est impliquée dans la terre de rachat des Arabes à l'intérieur des territoires occupés, alors qu'en Israël les Arabes ne peuvent pas s'installer sur la terre qui a été rachetée il y a 100 ans.

La question du JNF n'est pas légale. L'état peut acheter les terres du JNF et laisser tous les citoyens d'Israël en bénéficier. La question est : Existe-il une justification à l'existence d'institutions nationales dont le rôle historique est terminé, et qui sert actuellement de déplorable instrument de discrimination institutionalisé ?

Ce n'est pas seulement une autre confrontation entre la Haute Cour et la Knesset, mais plutôt un débat essentiel sur les valeurs démocratiques d'Israël.

L'interprétation du concept "juif et démocratique" ne peut pas être un soutien automatique des députés juifs à une législation contenant une discrimination injuste et nuisible aux Arabes.

Le FNJ n'est pas simplement une entreprise privée. Sa taille et son contrôle sur une aussi grande ressource nationale fait de lui un organisme public, et il est donc obligé de servir également tous les citoyens, comme l'Israël Electric Corporation ou la télévision par satellite et le câble qui ne peuvent pas être destinés seulement aux juifs.

Source : http://www.haaretz.com/

Traduction : MG pour ISM