Israël - 11 décembre 2008

Un trublion anti-arabe au Likoud qui embarrasse Netanyahu

Par Patrick Anidjar

Un candidat à la députation du Likoud, Moshé Feiglin, est devenu la bête noire de Benjamin Netanyahu, chef de ce principal parti d'opposition de droite en Israël, après le rappel de propos qu'il a tenus sur le nazisme et ses positions anti-arabes.

Photo : L'extrémiste Moshe Feiglin

Pour Benjamin Netanyahu, qui souhaite présenter le Likoud comme une formation de centre droit, Moshé Feiglin, 46 ans, fait tache au sein du parti.

En bonne place pour être élu député sur la liste du Likoud lors des législatives du 10 février, Moshé Feiglin a ainsi déclaré que "le nazisme a permis de sortir l'Allemagne d'une situation de détresse pour l'amener à une situation fantastique sur le plan physique et idéologique".

Des déclarations faites le 8 décembre 1995 au quotidien israélien Haaretz qui a jugé bon de les reproduire dans son édition de jeudi, et qui ont de quoi choquer en Israël 60 ans après le génocide perpétré par les nazis.

"L'Allemagne a eu droit à un régime parfait avec un système judiciaire qui fonctionnait et l'ordre public", ajoutait alors Feiglin, arrivé à la 20e place sur la liste des candidats à la députation du Likoud établie lors des primaires lundi.

Ce juif religieux, portant kippa et père de cinq enfants, considérait dans cet entretien qu'Adolf Hitler "appréciait la bonne musique, c'était un peintre" et que les nazis n'étaient pas "une bande de voyous" mais "utilisaient des voyous et des homosexuels".

Le journal israélien Yedioth Ahronoth note même que Feiglin "n'a pas honte de considérer Hitler comme un génie", et le cite disant que Meïr Kahana, un rabbin raciste assassiné à New York en 1990, "avait raison" sur la question du conflit israélo-arabe.

Sur ce dossier brûlant en Israël, l'homme a des idées très arrêtées qualifiées par bon nombre d'Israéliens de "fascistes" et "racistes".

Dans des propos rapportés jeudi par le Yedioth, M. Feiglin dit par exemple que "dans un Etat juif, les Arabes ne pourront être ni élus, ni juges ni procureurs".

Pour Moshé Feiglin, qui n'emploie que le terme "arabe", le peuple palestinien "n'existe pas" et il propose des récompenses financières pour les Israéliens qui n'emploieraient que des juifs.

"Le mieux est de montrer aux Arabes le chemin de la sortie", affirme-t-il en développant l'idée d'un "transfert volontaire vers les pays arabes voisins" des 1,4 million citoyens arabes israéliens (20% de la population en Israël).

"L'Arabe ne vit pas dans le désert, il le crée", ajoute-t-il.

Lors des primaires, Moshé Feiglin a enregistré un succès qui devrait lui permettre d'être élu selon les sondages qui accordent une trentaine de députés au Likoud.

M. Netanyahu ne cache pas son irritation face à la montée en puissance de Moshé Feiglin.

"Le Likoud est en rang serré derrière moi. Feiglin va disparaître", a-t-il assuré à ses proches au sein du parti, dans des propos rapportés par Haaretz.

Avec l'aide de ses conseillers juridiques, il a entamé une procédure devant les instances du Likoud afin de le repousser plus loin dans la liste des candidats et l'empêcher ainsi d'être élu député.

Moshé Feiglin est à la tête du mouvement d'extrême droite Leadership juif qui a fait ces dernières années de l'entrisme au sein du Likoud, non sans un certain succès. En 2005, il avait obtenu 14% des voix pour la direction du Likoud puis 24% en 2007, les deux fois face à M. Netanyahu.

Cet habitant de la colonie de Karnei Shomron en Cisjordanie occupée a été condamné en 1997 à 18 mois de prison dont six ferme pour "rébellion contre l'Etat" et "manifestations illégales" contre les accords de paix israélo-palestiniens d'Oslo (1993).

mib-pa/jlr/tp

AFP 111227 DEC 08