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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Alimenter le désastre

Par

> rami_almeghari@hotmail.com

Rami Almeghari contribue actuellement à plusieurs médias, dont le Palestine Chronicle, Aljazeerah.info, IMEMC, Electronic Intifada et Free Speech Radio News. Rami est également un ancien traducteur d’anglais et rédacteur en chef du Centre de Presse Internationale des services d’informations palestiniens basés à Gaza. Il peut être contacté à rami_almeghari@hotmail.com

À l'arrêt de bus de Palestine Square, le cœur animé de la ville de Gaza, Said Ramadan, âgé de 25 ans, crie aux passants : "Carburant, carburant, carburant ! Venez acheter!"
La semaine dernière, Ramadan a profité du dynamitage du mur-frontière entre la Bande de Gaza et l'Égypte et du bref répit dans les plusieurs mois de siège, pour se rendre dans la ville voisine égyptienne d'Al-Arish et stocker des litres d'essence.

Alimenter le désastre


Photo Rami Almeghari :Bidons d’essence ramenés à Gaza par Said Ramadan d’al-Arish.

«Israël a empêché l'entrée de carburant dans la région, alors j'ai saisi l‘occasion pour en ramener une certaine quantité d'al-Arish afin d'aider et être aidé", déclare Ramadan.

Toutefois, Ramadan et les autres qui ont eu la même idée la semaine dernière, disent maintenant que les prix ne répondent pas au pouvoir d'achat des gens, car chaque litre de carburant coûte plus d’un dollar.

Ahmad Aqel, qui vend également de l'essence à Gaza, a expliqué : «Je travaillais comme chauffeur de taxi, mais j'ai décidé de saisir l'occasion de la réouverture de la frontière pour rapporter quelques litres d'essence afin de les vendre ici».

Le travail au noir actuel d’Aqel et de Ramadan est un retour au passé de Gaza, quand les vendeurs de rues de kérosène fournissaient du combustible pour les lampes des réfugiés à l’époque où les stations-services étaient rares et éloignées entre elles.

La scène, pas vraiment nostalgique dans la Bande de Gaza, est le résultat des diminutions de carburant, faisant partie de la série de mesures de punition collective, qu'Israël a imposé aux 1,5 millions d'habitants de la bande de Gaza depuis qu’elle a été déclarée «entité ennemie», en septembre dernier, apparemment en réaction aux tirs de roquettes artisanales sur le sud d'Israël par des combattants palestiniens.

Les chauffeurs de taxi de Gaza qui souffrent depuis si longtemps expriment leur ressentiment à l'égard des coûts encore relativement élevés du carburant importé d'Egypte.

Le chauffeur de taxi, Nidal Darabaih dit qu'un bidon de 19 litres coute 90 nouveaux shekels israéliens (NIS) ($ 25 USD), alors que ces vendeurs l’ont payé 85 shekels, ce qui signifie qu’apporter du carburant d'Égypte ne représente pas nécessairement une aide économique pour les chauffeurs de taxi .

«Je suis très préoccupé par le manque d’essence, donc, d'une part, je veux garder l'essence pour gagner de l'argent mais d’un autre côté, je ne peux pas me le permettre. Les quantités de carburant qu’Israël a récemment autorisées ont été attribuées aux hôpitaux ou aux générateurs électriques de différents établissements," fait remarquer Darabaih.

Depuis le début de semaine, aucune essence n’entre dans Gaza, car les autorités égyptiennes ont fermé leur frontière avec Gaza, empêchant la circulation des habitants de Gaza sur son territoire.

Mercredi dernier, la Cour Suprême Israélienne a décidé que restent en vigueur les réductions de fourniture en carburant à la bande de Gaza. Une "guerre économique", voilà comment le Ministère israélien de la Défense a décrit la politique de son gouvernement envers la Bande de Gaza dans la procédure judiciaire.

Les trois juges ont déclaré que "des besoins humanitaires indispensables" seraient fournis, mais ils ont rejeté une plainte déposée par des groupes des droits de l’homme israéliens et palestiniens expliquant que les réductions équivalaient à un châtiment collectif, en violation de la Quatrième Convention de Genève.

Selon l’association palestinienne des stations-services basée à Gaza, la plupart des quantités autorisées à entrer la semaine dernière par Israël sont allées aux opérations de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, l'UNRWA.

Le verdict du tribunal israélien fait suite à l’échec du Conseil de Sécurité de l'ONU à faire voter une résolution non contraignante condamnant comme punitions collectives les actions d'Israël contre la bande de Gaza.

Un projet de résolution a été bloqué par l’allié indéfectible d’Israël, les Etats-Unis, qui considère les actions d'Israël comme étant de l'auto-défense et non des mesures punitives.

Reflétant le sentiment de la population de la bande de Gaza, le professeur As'ad Abu Sharekh, un analyste politique de la ville de Gaza, déclare que la politique ne fait que «perpétuer la violence dans cette partie du monde», et ajoute que cette décision "n'est pas acceptée par le peuple palestinien, le peuple arabe, le monde ou par le droit international et je pense qu’Israël devrait être sanctionné pour avoir pris une décision aussi stupide contre le peuple palestinien."

Source : http://electronicintifada.net/

Traduction : MG pour ISM

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