Gaza - 18 décembre 2003

Des pacifistes disent qu’Israel cache des violations des droits de l'homme

Par Laila al-Haddad

"De toute façon", dit Liebowitz, "le fait reste qu’il y a une vérité très dérangeante derrière la position impitoyable du gouvernement israélien envers les pacifistes des Droits de l’Homme".
“De tous ces cas, on peut seulement déduire la solide conclusion qu’Israel a beaucoup à cacher dans les Territoires Occupés Palestiniens. Mais cela donnera seulement (aux pacifistes) plus de motivation pour tenter de revenir".

Ils quittent des environnements confortables et sûrs pour vivre dans l’une des régions les plus volatiles au monde, se mettant souvent directement en danger. Aux Etats-Unis ainsi que dans de nombreux endroits en Israël, ils sont considérés comme des traitres au combat contre le terrorisme – des boucliers humains défendant de dangereux criminels. Partout ailleurs, ils sont considérés comme des héros méconnus. Dans les deux cas, leur travail n’est pas remarqué.

Ce sont les volontaires de l’International Solidarity Movement (ISM), un groupe qui se définit lui-même comme un mouvement non-violent de Palestiniens et d’internationaux dirigé par des Palestiniens qui travaillent pour faire prendre conscience de la situation critique des Palestiniens et mettre fin à l'occupation

Plus de 1 500 volontaires du monde entier ont participé aux actions organisées par le mouvement depuis qu’il a été fondé il y a un peu plus de deux ans. Près de 20% de ces volontaires sont Juifs.

Jusqu'ici, cependant, leurs efforts ont rencontré une résistance féroce. Deux volontaires de l’ISM, Rachel Corrie et Tom Hurndall, qui étaient tous les deux à Rafah, au sud de la Bande de Gaza, ont été tués par les troupes israéliennes en dépit de leurs signes de reconnaissance évidents de leur statut de civils. Un autre, Brian Avery, a été grièvement blessé à Jénine au début de cette année quand des tirs de mitrailleuse israéliens l’ont frappé au visage.

Selon un plan préparé, au début de cette année, par l’armée israélienne et les Ministères des Affaires Etrangères et de la Défense, Israël a décidé d’empêcher les pacifistes pro-palestiniens, tels que les volontaires de l’ISM, d’entrer dans le pays et tente d’expulser ceux qui sont déjà en Israël. Des dizaines de pacifistes de l’ISM ont déjà été arrêtés ou refusés d’entrer.

Comme peuve supplémentaire que ces nouvelles tactiques sont maintenant une politique, une autre volontaire de l’ISM a été arrêtée et emmenée devant la Justice la semaine dernière. Alors qu’elle sortait d’un bus à Tel Aviv, Radhika Sainath a été abordée par des officiers de la police secrète israélienne qui l’ont accosté dans une situation publique dramatique avant de l’embarquer.

“Qu’a à craindre le gouvernement israélien d’une désobéissance civile non-violente contre l’occupation pour qu’il dépense autant de temps, d’argent et d’énergie à l’enlèvement et à l’arrestation d’une jeune activiste américaine des Droits de l’Homme, non-violente, agée de 25 ans ? » demande Sainath.

Sainath a été arrêtée une première fois en novembre 2002, avec 9 autres volontaires lors d’une manifestation pacifique composée de Palestiniens, d’Israéliens et d’étrangers contre la construction de la barrière de sécurité israélienne dans le village de Jayyous en Cisjordanie . Maintenant sous assignation à domicile, elle dit que les dernières actions israéliennes sont une preuve supplémentaire que tout type de résistance à l’occupation, même non-violente, ne sera pas tolérée.

“Mon arrestation est encore un autre exemple des efforts déployés par les autorités israéliennes pour empêcher des groupes non-violents tels que l’ISM de soutenir la résistance non-violente des Palestiniens contre l’occupation et contre la construction du Mur profondément à l’intérieur de la Cisjordanie , et d’arrêter des groupes tels que l’ISM de donner des informations au monde concernant les violations quotidiennes des droits de l’Homme commises contre les Palestiniens des Territoires Occupés », dit Sainath, qui poursuit actuellement en justice l’Etat d’Israël.

Sainath dit que son arrestation et la tentative de sa déportation par les autorités israéliennes ont été effectuées loin des yeux de la presse et sans accès à son avocat.

“Ils ont peur qu’un procès légal comme le mien démontre publiquement que les méthodes qu’ils utilisent pour écraser l’opposition non-violente dans les Territoires Occupés sont illégales et immorales" ajoute-t’elle.

L’arrestation de Sainath est la dernière d’une série d’arrestations, de déportations et d’incidents de harcèlement envers les employés des Droits de l’Homme, et en particulier des volontaires de l’ISM, qui travaillent en Israël et dans les Territoires Occupés.

Patrick Connors, un employé américain qui était basé hors des Territoires Occupées pendant trois ans, a été refusé d’entrer et emprisonné au début de cette année alors qu’il tentait de retourner à Gaza afin de continuer à travailler pour une agence humanitaire.

Connors a été volontaire de l’ISM d’Octobre 2002 à Janvier 2003 où il a aidé des fermiers palestiniens à accéder à leurs terres lors de la récolte des olives et les communautés palestiniennes à protester pacifiquement contre le Mur de séparation qui est construit sur leurs terres de Cisjordanie .

"Les autorités israéliennes ont cité ma participation aux manifestations et mon association à l’ISM comme raison de refus d’entrer. Mais tout mon travail et mes actions à soutenir l’aide humanitaire, les Droits de l’Homme et les activités non-violentes sont toutes dans l’intérêt des populations Palestiniennes et Israéliennes" explique M. Connors qui fut parmi les premiers volontaires à présenter son cas devant la Cour.

"Mon cas et d’autres tels que le mien montrent que le gouvernement israélien traite le soutien non-violent aux Droits des Palestiniens comme une menace à la sécurité. Cela laisse peu d’opportunités pour arriver à une résolution pacifique du conflit. Malheureusement, le système juridique israélien, qui, dans une démocratie doit servir comme d’un contrôle sur le gouvernement, sert à légitimer les violations des lois internationales par le gouvernement israélien."


Les volontaires des Droits de l’Homme qui tentent de déposer leurs cas devant les Tribunaux Israéliens font face à un pouvoir judiciaire de plus en plus pourri et réussissent rarement dans l’obtention du résultat souhaité


L’avocat des Droits de l’Homme israélien, Shamai Liebowitz, qui représente Connors et Sainath parmi d’autres, dit qu’il n’a aucun doute sur les motivations du gouvernement israélien.
• "Le gouvernement israélien est très méfiant à l’égard des pacifistes des Droits de l’Homme pour deux raisons :
Ils contrôlent les violations des Droits de l’Homme et sont capables d’enregistrer plusieurs cas d’humiliation et de torture effectués par les soldats et les colons, et le gouvernement israélien ne veut pas que le Monde voit cela" explique Liebowitz.

• "C’est également parce qu’ils aident à atténuer la crise humanitaire et cela est en désaccord avec la représentation par le gouvernement des Palestiniens comme un grand nombre de terroristes" continue-t’il

Liebowitz dit que certaines des personnes qu’il a représenté ont réussi à re-entrer dans le pays, les volontaires de l’ISM, en général, affrontent beaucoup plus de difficultés.

"Ils sont décrits comme une organisation qui aide le terrorisme international en Israël” dit-il . "D’une certaine manière, c’est sinistrement Kafkaesque, on ne dit pas aux pacifistes pourquoi ils sont arrêtés ou refusés d’entrer. La preuve contre eux est « secrète » et la Procédure judicaire est tout sauf une charade", comme l’explique Connors.

"Je ne fus pas autorisé à entrer d’Egypte vers Israël pour témoigner à ma propre audience à Beer Sheva, même les mains liées et sous la garde de la police israélienne. Deux Israéliens présents à mon audience dont un Rabbin, ne furent pas autorisés à témoigner en mon nom. Je fus accusé sur des « éléments secrets » qui ont été donné seulement au Juge par les Services Généraux de Sécurité Israélien et que nous n’avons pu réfuter puisque nous n’y avons pas eu accès" dit Connors des évènements qui ont conduit à son procès et son appel.

“Ils ont pu avoir inventé une fausse information mais nous ne saurons jamais" dit Liebowitz.
"Ils veulent garder cela de façon complètement arbitraire, les arrêter et juger les affaires de la plus humiliante des manières. Cela fait partie de leur politique, les faire reconsidérer s’ils veulent ou non revenir travailler ici" a-t’il ajouté.

Les volontaires de l’ISM sont laissés avec quelques alternatives. Ils peuvent tenter de poursuivre l’Etat d’Israël pour diffamation, tel que fait Sainath, ou simplement effectuer plus d’appels pour une presse de plus en plus blasée. "De toute façon", dit Liebowitz, "le fait reste qu’il y a une vérité très dérangeante derrière la position impitoyable du gouvernement israélien envers les pacifistes des Droits de l’Homme".

“De tous ces cas, on peut seulement déduire la solide conclusion qu’Israël a beaucoup à cacher dans les Territoires Occupés Palestiniens. Mais cela donnera seulement (aux pacifistes) plus de motivation pour tenter de revenir".




INTERNATIONAL SOLIDARITY MOVEMENT
www.palsolidarity.org

“C’est sur d’innombrables actes divers de courage et de croyance que l’histoire humaine est construite. A chaque fois qu’un homme se lève pour un idéal, ou agit pour améliorer le sort des autres, ou se bat contre l’injustice, il envoie une minuscule onde d’espoir et en se croisant les unes avec les autres provenant d’un million de différents centres d’énergie, et en osant, ces ondes construisent un courant qui peut anéantir les murs les plus puissants d'oppression et de résistance."
Robert F. Kennedy

Source : www.dailystar.com.lb/

Traduction : MG