Egypte - 17 avril 2009

En Egypte, la solidarité avec Gaza vous envoie en prison

Par ISM-France

En Egypte, il ne fait pas bon être solidaire des Palestiniens assiégés, attaqués, massacrés, ghettoïsés. De nombreux militants égyptiens sont ou ont été enfermés et souvent torturés dans les prisons de sécurité du régime policier égyptien, tout simplement parce qu’ils ont fait preuve de solidarité avec Gaza et la Palestine, en organisant ou en participant à des manifestations, en créant des blogs critiquant la politique égyptienne vis-à-vis de Gaza ou en se rendant à Gaza. En cette journée de solidarité avec les prisonniers, nous rendons un hommage à ces braves qui n’ont fait qu’oser exprimer leur indignation et leur colère.

Photo Hossam el-Hamalawy

Le 11 février dernier, Magdi Hussein, le secrétaire général du Parti du Travail égyptien, a été condamné à 2 ans de prison et à une amende de 5000 Livres égyptiennes (environ 700 euros) par un tribunal militaire égyptien dans la ville d’Ismaïlia pour infiltration illicite par la frontière Est de l'Egypte.

Hussein a été arrêté par les autorités égyptiennes, le 1er Février alors qu’il rentrait en Egypte via le passage de Rafah, le seul point de passage le long des 14 kilomètres de la frontière égyptienne avec la bande de Gaza.

Hussein revenait d’un séjour d'une semaine dans la Bande de Gaza, juste après la guerre israélienne qui a tué 1434 personnes dont 960 civils (288 enfants et 121 femmes), blessé 5303 personnes dont 1606 enfants et 828 femmes, détruit ou endommagé toute l’infrastructure et 21.000 bâtiments et transformé en sans-abri plus 100.000 personnes.

Magdi Hussein est toujours en prison.

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Le 11 février, deux autres militants et bloggeurs – Ahmed Doma, 23 ans, et Ahmed Kemal Abdel-Aal – ont été condamnés chacun à 1 an de prison et à une amende de 2000 livres égyptiennes pour «infiltration illicite» dans la bande de Gaza, eux aussi par un tribunal militaire dans la ville d’Ismaïlia.

Ahmed Doma avait été arrêté la semaine précédente à son retour de la bande de Gaza par le passage de Rafah.

Ahmed Kamal Abdel Aal aurait été arrêté à Rafah, soupçonné d'avoir l'intention de franchir la frontière jusqu'à Gaza.

Ahmed Doma et Ahmed Kemal Abdel-Aal sont toujours en prison

Selon un rapport présenté au Procureur général égyptien, Ahmed Doma a été à des tortures mentales et physiques.

Le site Torture in Egypt web advocacy (le web des militants contre la torture en Égypte) a déclaré que d'après les avocats de Doma : « Le blogueur en détention a été mentalement et physiquement torturé au commissariat de police d’Al-Khalifa, pendant son transfert en prison. Il a été battu à coups de bâton et contraint de rester debout dans des positions douloureuses pendant de longues heures. »

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Philip Rizk, 26 ans, a été arrêté le vendredi 6 février par la sécurité nationale égyptienne à Qalubeyya (au nord du Caire) suite à une marche de solidarité organisée dans le cadre de la campagne "Pour Gaza". 14 autres personnes ont également été arrêtées mais aussitôt libérées.

Le jeune blogueur avait lancé Tabula Gaza, une page web exclusivement consacrée à Gaza avant sa détention et il était en train de préparer un documentaire sur les manifestations en Egypte contre la guerre israélienne.

Il a été libéré, sans poursuites, le 11 février, après une vaste campagne de protestations en Egypte et à l’étranger.

A sa sortie de prison, Ritz a déclaré : “J'ai subi plusieurs interrogatoires, à propos de tout, et j'étais terrifié. Même si je n'ai pas subi de violence physique, j'avais les yeux bandés tout le temps. Les officiers de police continuaient à me répéter que je risquais un emprisonnement de longue durée. Ils m'ont demandé si je soutenais le Hamas, si je travaillais pour Israël. Ils m'ont posé des questions sur ma confession chrétienne et demandé si j'étais évangéliste. Je n'ai jamais été informé des accusations contre moi.”

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Toujours le 6 février, Diaa Eddin Gad, un étudiant de 23 ans propriétaire du blog soutgadeb.blogspot.com ('voix en colère') très critique à l’égard la position du gouvernement égyptien dans l’invasion israélienne de Gaza a été arrêté par quatre hommes en civil avant d’être mis dans un camion des forces de sécurité alors qu’il sortait de chez lui.

Son lieu de détention, resté inconnu pendant presque trois semaines, était en fait la prison al-Qata à Giza, où il a été très probablement torturé.

Diaa Eddin Gad, a été libéré (sans poursuites) le 28 mars 2009 après 49 jours de détention.

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Mohamed Adel, 20 ans, un étudiant et bloggeur égyptien, qui tient le blog Maeit (‘déjà défunt’...), membre du Comité pour la levée du siège de Gaza, a été kidnappé chez lui le 20 novembre 2008 après une perquisition de son domicile par la police qui a confisqué ses CD, ses livres, et certaines de ses affaires. Il a été détenu au secret pendant près d’un mois.

Avant son arrestation, Mohamed était un militant également très actif dans le soutien aux prisonniers d'opinion et aux prisonniers politiques tels que les bloggeurs Karim Amer, Musad Abo Fagr, Mohamed Refaat et Khayrat El Shatter.

Les autorités égyptiennes l’ont accusé d'avoir rejoint un groupe armé secret, basé sur Internet, qui soutenait le Hamas et d’avoir tenté de franchir illégalement la frontière égyptienne pour se rendre à Gaza.

Il a été libéré le 8 mars 2009 après une grève de la faim de 12 jours.

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Le Docteur Gamal Abdel-Salam, le chef du Comité de Secours et d'Urgence de l'Union des Médecins Arabes a été arrêté le 18 décembre 2008 à son domicile. Les autorités égyptiennes l’ont accusé d’être entré furtivement dans la bande de Gaza et d’avoir mobilisé des troupes parmi les Frères Musulmans pour procéder à des opérations terroristes dans et en dehors de l'Égypte.

Le Docteur Gamal Abdel-Salam était très actif dans la campagne pour la Levée du Siège de Gaza. Selon un communiqué de l’Union des Médecins Arabes, les motifs réels de son arrestation seraient ses prises de positions et ses efforts pour secourir les Palestiniens de Gaza suite au siège imposé par Israël.

Depuis, le Docteur Gamal Abdel-Salam a été libéré.

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Il existe de nombreux autres exemples d’arrestations d’Egyptiens à cause de leur soutien aux Palestiniens de Gaza.

Début décembre 2008, 117 Frères Musulmans ont été arrêtés dans le contexte de leur participation aux campagnes d’aide à Gaza.

Mi-décembre, 27 autres ont été arrêtés dans la ville côtière d'Alexandrie et dans les gouvernorats de Kafr El-Sheikh et Sharqeyya, dans le delta du Nil.

Il s’agit du Dr Mohamed Baraya (vétérinaire), Said Shawadfi (un religieux Al-Azhar), Mohamed Anis (ingénieur), Mohamed Sobhi Radwan (pharmacien), Mohamed Hubeishi (pharmacien), Said Naggar (fonctionnaire), Mubarak Khalifa (homme d'affaires), Ayman Gharib (professeur d’anglais), Samir Abdel-Dayem (enseignant), Gouda Hassan (Al-Azhar, enseignant), Adel Ibrahim (enseignant), Salah Hegab (fonctionnaire), Sayed Mohamed Ibrahim, Ahmad Abdelmaksoud, Wael Abdel Ghani, Oussama Hassaneen, Mohamed Abdou, Mohamed Fayad, Mohsen Qahwah, et Ahmad Abdelhamid.

Les forces de sécurité ont arrêté trois membres des Frères Musulmans à Kafr El-Sheikh : Il s’agit de Mohamed Abdel Galil, Ali Naguib, et Mohesen Mokhtar. Trois autres ont été arrêtés à Alexandrie mercredi : Nagi Abdel Hadi, Mohie El-Din et Mohamed Harmush.

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Le week-end dernier, les autorités égyptiennes ont procédé à de vastes rafles et fouilles de maisons à Rafah.

Selon un témoin sur place : « La ville de Rafah a été transformée en zone militaire : des arrestations ont lieu chaque jour, aucun camion n’est autorisé à entrer dans Rafah, 38 checkpoints ont été installés dans et autour de Rafah. Ils prennent des femmes et des enfants en otage pour que les hommes se rendent à la police. Ils fouillent les maisons jour et nuit. Tout cela dans le but d’empêcher les Egyptiens d’envoyer quoi que ce soit à Gaza. »