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Palestine -

L'Homme de l'Année 2013 : le gréviste de la faim palestinien Samer al-Issawi

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On imagine aisément la tête des colons israéliens qui vivent sur la colline Masharef, près de l'Université hébraïque qui surplombe Issawiya, quand ils ont vu les célébrations qui ont accueilli le prisonnier palestinien Samer al-Issawi de retour chez lui ! Issawi est rentré victorieux dans son village, malgré les tentatives israéliennes désespérées d'interdire les fêtes. Les forces de l'occupation ont retardé sa libération de 10 heures, lundi 23 décembre dernier, et installé des checkpoints militaires près du village, mais les jeunes gens et les mères palestiniens étaient décidés à fêter leur héros.

L'Homme de l'Année 2013 : le gréviste de la faim palestinien Samer al-Issawi

Suite à ses neuf mois de grève de la faim dans la "bataille des ventres vides", Issawi avait été libéré, avec 1026 autres palestiniens, dans l'échange pour le retour du soldat israélien Gilad Shalit.

Il a souhaité rester loyal à ceux qui ont perdu leurs vies pendant l'organisation et l'exécution de l'enlèvement de Shalit, et il n'a pas voulu que les Israéliens arrêtent à nouveau les prisonniers libérés pour les obliger à purger le reste de leurs peines.

Depuis la première Intifada jusqu'à la moitié des années 1990, Issawi, né en 1979, a résisté à l'occupation israélienne en incendiant des voitures de colons à coups de cocktails Molotov. Il a déclaré à Al-Akhbar qu'il faisait attention à ne pas se faire arrêter parce qu'il voulait subvenir aux besoins de sa famille, puisque ses quatre frères - Raafat, Medhat, Firas et Fadi - étaient détenus par les Israéliens.

Mais tout a changé le jour où son frère Fadi a été tué dans les affrontements qui ont éclaté à Issawiya suite au massacre d'Hébron en 1994 et que Samer l'a vu baignant dans son propre sang.

Issawi a été tout d'abord arrêté en 1998 et condamné à un an et demi de prison pour avoir lancé un cocktail Molotov. Plus tard, il a été condamné à six mois pour avoir frappé un soldat israélien, puis il a été à nouveau emprisonné en 2000 pendant 15 jours, au début de l'Intifada al-Aqsa. Ensuite, il a été arrêté pendant six mois sans accusation.

"Les attaques militaires israéliennes ont augmenté pendant la seconde Intifada, et on a commencé à entendre parler de frappes aériennes sur Gaza," dit Issawi, révélant que le premier jour de sa libération, il avait rejoint les rangs du Front démocratique pour la Libération de la Palestine. Il avait créé une cellule de 5 membres avec des amis et mené 11 opérations de tirs visant des véhicules israéliens dans la colonie Ma'ale Adumim, à 7 kms à l'est de Jérusalem.

Ces tirs ont provoqué des dégâts matériels et blessé un officier israélien. Une fois que le rôle d'Issawi a été révélé, les Israéliens l'ont pourchassé pendant toute une année pour finir par l'arrêter pendant l'opération "Bouclier défensif" à Ramallah en 2002.

Issawi a refusé de se présenter devant le tribunal militaire Beit Eil et a refusé la présence d'un avocat parce qu'il ne reconnaissait pas la légitimité du tribunal. Il a dit aux juges que c'était un cirque ambulant que les Israéliens emmenaient dans chaque territoire qu'ils occupaient.

Issawi a été condamné à 30 ans de prison. Il n'a pas été surpris. Habituellement, les peines dans ces circonstances sont la perpétuité, même s'il n'y a eu aucun blessé.

Il a dit qu'il savait qu'il ne ferait pas la totalité de la condamnation, et a dit au juge, "Je serai dehors avant 30 ans." Dix ans après, Issawi était libéré dans l'accord de libération de prisonniers "Loyauté aux hommes libres".

La préparation de la grève de la faim illimitée

Les forces d'occupation ont à nouveau arrêté Issawi le 7 juillet 2012. Son interrogatoire a duré 30 jours, à la suite duquel il a été accusé d'avoir planifié l'enlèvement de soldats israéliens. Entre temps, le chef des services secrets en Cisjordanie le menaçait de le renvoyer en prison pour purger les 20 ans restant de sa sentence.

Issawi a réalisé qu'il était en mauvaise posture. Le 27 juillet 2013, il a donc commencé par renvoyer 2 de ses repas et à les remplacer par une ou deux tranches de pain et une cueillerée de labneh (lait cru fermenté, ndt) et de confiture. Il a tenu ce régime pendant 19 jours et a été transféré à la prison Nafha. Le 24 août, il a commencé à entraîner son organisme à une grève de la faim illimitée. Il a écrit une lettre aux services pénitentiaires pour les en informer. A partir de là, il n'a pris qu'un verre de jus de fruit ou de lait ou de soupe jusqu'à ce qu'il arrête complètement la nourriture et commence sa grève de la faim illimitée le 14 septembre, qui a compris également une grève de l'eau de temps en temps.

Enfin, Issawi est parvenu à un accord avec les Israéliens en avril dernier selon lequel il serait autorisé à rentrer chez lui, à Jérusalem, dans 8 mois.

Les Israéliens ont eu recours à différentes tactiques pour essayer d'obliger Issawi à abandonner sa grève de la faim. Ils l'ont envoyé devant les tribunaux dans des autobus pour prisonniers et l'ont déplacé de prison en prison, l'obligeant à attendre ses geôliers pendant de longues heures. Ils ont démoli la maison de son frère Medhat, ils l'ont attaqué, ainsi que sa famille, au tribunal, malgré son état de santé précaire.

Samer est tombé à 45 kg, avec tous les problèmes de santé que cela implique. "Lorsque je dormais sur mon côté droit, je m'engourdissais, et pareil du côté gauche. Et je ne pouvais pas dormir à plat ventre à cause d'un os cassé," a-t-il dit.

Avec sa famille

"Chaque fois que j'apprenais que des Palestiniens ou des gens épris de liberté de par le monde rejoignaient cette bataille, j'oubliais ma propre douleur, principalement après le martyre de Mahmoud al-Titi et Mohammed Asfour. Il n'y avait rien que je pouvais leur offrir, juste m'obstiner sur les objectifs que nous avions fixés avant la grève de la faim. J'ai aussi été ému lorsque des jeunes ont pour la première fois protesté devant la Cour de la Magistrature, à Jérusalem," a-t-il dit.

"La colère que j'ai vu dans les yeux des geôliers après 7 mois de grève de la faim m'ont prouvé que nous avons réussi à faire entendre les voix des prisonniers et à révéler les violations israéliennes de l'accord d'échange de prisonniers, tout en préservant la dignité palestinienne. Tous les objectifs ont été atteints et la seule chose qui restait, c'était que je rentre chez moi."

Au sujet de la position palestinienne officielle, Samer dit, "Soyons honnêtes, nous tous Palestiniens, du président au citoyen, nous ne pouvons même pas aller d'une région à une autre sans une autorisation israélienne. Nous ne comptons pas sur la position officielle mais sur la volonté du peuple pour exercer des pressions qui obligeront les hommes politiques à prendre des mesures sérieuses. Un négociateur palestinien peut signer un accord, mais celui-ci ne sera pas applicable sur le terrain sans le soutien populaire."


Source : Al Akhbar

Traduction : MR pour ISM

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