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ISM France - Archives 2001-2021

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Ramallah -

L'armée israélienne continue de faire régner la terreur

Par

> sbahour@palnet.com

Pendant que des responsables politiques se préparaient à fêter "l'accord de Genève", sur le terrain, l'armée israélienne continuait de faire régner la terreur.

A peine 15 minutes plus tard, les tirs ont commencé. Puis les explosions, des petites, puis des grandes. Je pouvais entendre les enfants de nos voisins pleurer alors que le soldat criait dans son haut-parleur de mettre les mains derrière la tête, que chaque membre de la famille marche en file indienne jusqu'à la route.....cela a continué jusqu' à 3h 30 du matin.

Chers amis

La nuit dernière n'a pas été une bonne nuit. Nous avons couché nos deux filles à 9h. Ma femme les a suivies à 10h. Vers 11h30, j'étais sur mon pc, quand, surgis de nulle part, des soldats israéliens se sont mis à crier dans des hauts-parleurs en demandant à nos voisins, deux rues plus loin, de sortir de leur maison avec leurs enfants. Quelques instants plus tard, le bourdonnement agaçant d'un avion sans pilote s'est fait entendre juste au-dessus de notre maison. C'était une action devenue on ne peut plus familière depuis ces 3 dernières années. L'armée israélienne était de retour dans la ville, invasion massive, allant de maison en maison, des tanks et tout ce qui s'en suit.

Mon principal souci, c'était que mes filles ne se réveillent pas. J'ai fermé la porte de leur chambre, mis de la musique et j'ai bloqué toutes les fenêtres de notre appartement.
Je savais que les tirs allaient commencer, et je ne voulais pas que mes filles subissent cela une nouvelle fois...
Elles commencent à peine à oublier ce qui s'est passé l'année dernière, quand l'armée israélienne est venue deux fois et nous a forcé à sortir de la maison pour la fouiller.

A peine 15 minutes plus tard, les tirs ont commencé. Puis les explosions, des petites, puis des grandes. Je pouvais entendre les enfants de nos voisins pleurer alors que le soldat criait dans son haut-parleur : de mettre les mains derrière la tête, que chaque membre de la famille marche en file indienne jusqu'à la route.....cela a continué jusqu' à 3h 30 du matin.

Alors que les choses semblaient s'apaiser, je me suis endormi, en espérant prendre quelques heures de repos avant le matin. A 7 h les jeeps de l'armée israélienne sont passées devant notre maison, criant dans les hauts-parleurs "couvre-feu" ... tout ce que je pouvais penser c'était : "Cela recommence".
Le téléphone s'est mis à sonner, alors que les parents commencaient à vérifier par notre système téléphonique bien rodé pour savoir si cela était le fait d'un soldat exubérant, ou bien la politique du jour. Après quelques appels, nous avons réveillé nos filles et leur avons expliqué qu'il y aurait peut être, ou peut-être pas école, mais que nous allions essayer.

J'ai d'abord emmené Areen, la petite de 8 ans, car son école, the Friend's school, était ouverte. Le garde arrêtait chaque voiture des parents, pour les assurer que tout irait bien. Puis j'ai pris Nadine, notre petite de 3 ans. Le garde devant son école arrêtait les voitures des parents et leur conseillait de garder leurs enfants car l'école serait fermée aujourd'hui; les jeeps étant trop près de l'école. Nadine avait déjà ouvert la porte de la voiture, aussi j'ai dû lui dire que l'école était fermée. Je n'oublierai jamais la tristesse sur son visage quand elle s'est retournée pour demander : Pourquoi ?
Comment, bon sang, peut-on expliquer une occupation qui dure depuis 37 ans à une fillette de 3 ans !
Je lui est proposé à la place de m'accompagner à mon travail jusqu'à ce que sa maman puisse venir la chercher. Je lui est dit qu'elle pourrait jouer à être ma secrétaire....Cela a marché, elle a souri, au moins en apparence.

Pour résumer une longue histoire, l'armée israélienne avait placé la moitié de Ramallah et de Al Bireh sous couvre feu total.....tirant en permanence pendant toute la journée.
A midi, 4 Palestiniens avaient été tués, dans Ramallah seulement, et deux maisons détruites à l'explosif par l'armée israélienne. L'un des 4 tués était un garçon de 9 ans.
A 14 h, les magasins dans le centre ville ont fermé en signe de protestation...et le mot a circulé que demain il y aurait une grève générale pendant les funérailles de nos morts. La radio israélienne a dit que l'opération visait à attraper "des hommes recherchés". Nous ne saurons jamais, puisque l'accusation est aussi le juge, le jury et l'exécuteur de la sentence, et que ces trois rôles ont été tenus en une seule visite nocturne.

Avant qu'Areen et Nadine ne s'endorment ce soir, elles ont demandé s'il y aurait école demain. Je leur ai promis que s'il n'y en avait pas, nous jouerions à l'école à la maison toute la journée.

Dans le milieu de la nuit dernière, comme d'habitude, j'ai écris pour conserver tous mes esprits.

De nouveau , préparé au pire.

Sam

Sam Bahour est Palestino-Américain. Il vit dans la ville d'Al-Bireh occupée par les Israéliens en Cisjordanie . On peut lui écrire à l'adresse mail suivante :sbahour@palnet.com.

Il est co auteur d'un livre intitulé "Patrie : histoires orales de la Palestine et des Palestiniens" (1994).

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