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Jénine - 27 février 2005
Par Ali Samoudi
Le jeune Mahmoud Kana'ne et sa famille, qui habite le camp de Jénine suit impatiemment les informations, pour savoir ce qui adviendra de son frère Muhammad que les forces de l'occupation ont déporté deux ans auparavant vers la Jordanie après avoir passé un an et demi dans les prisons israéliennes, sans chef d'accusation ni condamnation.
Après des mois de tristesse et de souffrance suite à la déportation de Muhammad, l'espoir est de nouveau revenu dans la famille, avec l'annonce du retour des déportés palestiniens.
Yaser, son frère dit : "le fait de parler du retour des déportés a suscité l'espoir dans la famille de voir revenir mon frère qui a été déporté illégalement vers la Jordanie. Mais ce qui nous inquiète, c'est que son nom n'apparaît pas dans la liste des déportés que l'Autorité palestinienne a remise à Israël. Nous avons commencé alors à revendiquer son retour et avons contacté toutes les parties et les institutions palestiniennes pour suivre l'affaire et faire en sorte de mettre fin à sa souffrance, à la tristesse de notre famille depuis son arrestation".
Yaser raconte comment les forces de l'occupation ont déporté son frère après l'avoir arrêté pendant un an et demi, sans lui porter aucune accusation ni le condamner, dans ce qu'il appelle "le troisième exil", lorsqu'Israël l'expulse vers la Jordanie sous prétexte de libération des prisonniers jordaniens.
Mais l'histoire du déporté Kana'ne, d'origine palestinienne qui possède un passeport jordanien comme des milliers de Palestiniens, montre que les autorités d'occupation ont menti à l'opinion internationale lorsqu'elles ont annoncé avoir libéré des dizaines de prisonniers jordaniens en signe "de geste de bonne volonté", car parmi ces dizaines, il y avait Kana'ne qui a été arrêté à Ramallah à son lieu de travail.
Yaser poursuit : "Muhammad est revenu aux territoires occupés il y a une dizaine d'années, après un long moment d'exil. Ma famille habite dans le camp de Jénine depuis que nous avons été expulsés en 1948. Nous possédons une maison et mon frère a le droit de vivre dans son pays, au sein de sa famille et de ses proches.
Après son retour, il a travaillé dans plusieurs domaines afin de se fixer dans le pays. Le 14 avril 2002, lors de l'invasion israélienne de Ramallah, il a été arrêté".
Yaser Kana'ne, dont la famille est originaire du village Kafrin, région de Haïfa, et exilée au camp de Jénine après la nakba de 48, affirme que son frère n'était pas demandé par l'appareil sécuritaire israélien, et son arrestation a été faite dans le cadre des campagnes d'arrestations arbitraires. Il a ensuite été détenu dans le centre militaire de Ofer.
Pendant toute la période de son arrestation, il n'a subi aucun interrogatoire, mais le tribunal a prolongé sa détention plusieurs fois, sans aucune accusation contre lui. Sa vie est devenue un enfer, notamment après l'interdiction par les autorités israéliennes du droit de visite, refusant même de justifier cette interdiction ou même son arrestation.
Pour son frère Yaser, "l'arrestation de mon frère est une punition à chaque membre de notre famille qui a durement souffert, à cause de son arrestation, du refus de le libérer et la détérioration de son état de santé. Nous avons interpellé plusieurs organismes humanitaires et juridiques, mais aucune n'a réussi à obtenir une réponse claire des forces de l'occupation".
La famille de Muhammad Kana'ne ne s'est pas découragée. Elle se dirige vers les tribunaux et exige sa libération. Yaser explique : "Nous voulions une réponse claire, car cette forme d'arrestation ouverte est plutôt étrange, angoissante aussi surtout lorsque l'ensemble des institutions a été unanime pour considérer ce cas unique, et finalement nous avions reçu une réponse du tribunal disant qu'il ignorait pourquoi il a été arrêté, laissant aux appareils sécuritaires et à la direction de la prison israéliennes le soin de déterminer son sort.
Cette réponse n'a fait qu'augmenter la crainte de la famille de Muhammad, qui a dépêché l'avocat vers la direction de la prison de Ofer qui avoue ne posséder aucune accusation contre lui et que sa détention est illégale, mais malgré cela, elle a refusé de le libérer car ce n'est pas dans ses prérogatives. Ce qui signifie, conclut Yaser, son maintien en prison, sans aucune raison.
Dans ce climat de tristesse et d'angoisse, est venue la décision des autorités israéliennes de le déporter vers la Jordanie.
Muhammad déclare : "J'étais dans la prison de Ofer, et je n'oublierai jamais ces moments, lorsqu'on m'annonça que je serais libéré, dans le cadre de la libération des prisonniers jordaniens. Contrairement aux détenus qui se réjouissent de leur libération, je n'ai ressenti aucune joie, au contraire, j'étais triste et en colère car cela signifie ma déportation et mon éloignement de ma famille et de ma situation".
Muhammad a refusé la décision de déportation, et a annoncé à l'administration son refus. "Lorsqu'ils sont venus pour exécuter la décision, je me suis refusé à sortir de ma cellule. Je me suis rappelé les moments de l'exil. Je me suis demandé pourquoi ont-ils fait cela ? Pourquoi je suis déporté vers la Jordanie alors que je suis palestinien " Mais Muhammad est emmené de force hors de la prison et il est déporté.
Muhammad raconte : "lorsque je me suis retrouvé du côté jordanien de la frontière, j'ai refusé de m'en aller, j'insistais pour revenir au pays, mais sans résultat... Israël a refusé de revenir sur sa position ". Au même moment, son frère Yaser contactait le consultat jordanien, les institutions humanitaires afin de supprimer cette décision, disant : "j'ai contacté le consulat jordanien à Tel Aviv qui m'a affirmé que la Jordanie était à nos côtés et que le citoyen Muhammad n'est pas jordanien. Mais les protestations n'ont servi à rien".
Malgré cette déportation, Muhammad reste attaché à son droit à retourner au pays.
Il dit : "Après ma déportation, je vis des moments très difficiles, indécises, je ne souhaite que retourner en Palestine.
Je réclame que l'Autorité palestinienne prenne en charge mon dossier pour le soulever lors des négociations et m'aider à retourner au pays. Depuis quand l'expulsion est-t-elle devenue un geste de bonne intention ? Kana'ne met en garde contre cette politique israélienne dangereuse qui constitue une violation du droit et des traités internationaux et sous couvert de "gestes de bonne volonté", Israël a l'intention d'expulser des Palestiniens prétextant qu'ils sont jordaniens, alors que "Nous sommes palestiniens, nous rêvons de notre vie et de notre avenir dans notre pays, en Palestine."
Source : www.amin.org
Traduction : Palestine en Marche
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