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ISM France - Archives 2001-2021

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Jénine -

Méchanceté et fierté

Par

Une autre action sur laquelle nous travaillons se passe dans un village près d'ici dans laquelle une famille élargie habite. Ils ont été obligés de quitter de force en 1948 une terre fertile à Haifa, et sont arrivés ici pour travailler une terre rocailleuse. Une colonie de fondamentalistes sionistes est venue s'installer près de chez eux et a transformé leur vie en enfer. 3 enfants ont été tués par les colons, et 2 maisons sur 5 ont été démolies tandis que les trois autres sont inscrites sur la liste des destructions prévues, ce qui pourrait arriver à n'importe quel moment.

Aujourd'hui, c'est le troisième jour d'affilée de couvre-feu, et le cinquième de la semaine. Il n'y a personne dans les rues, par peur de la mort. A ce stade, les gens commencent à manquer de nourriture, d'eau, de médicaments, etc. Un petit garçon est mort aujourd'hui, il avait été blessé 7 jours avant mon arrivée, il avait 10 ans.

Le couvre feu n'a pas été levé un seul instant, depuis un break de 4 heures lundi soir. Notre activité principale a été de surveiller les maisons occupées, c’est une tactique de l'armée israélienne de poster des soldats dans des maisons habitées, sans l'annoncer, pendant la nuit, et de les utiliser comme avant-postes militaires.

Le principe est que la famille est forcée à rester assise en silence, dans une seule pièce, sous la menace du fusil, pendant que l'armée israélienne transforme la maison en caserne militaire, empile les meubles autour des fenêtres, fait des trous pour les yeux ou les fusils dans les rideaux ou les stores, utilise toutes les couvertures de la maison pour bloquer un peu plus la vue des fenêtres, y fait des trous aussi, fouille entièrement la maison, etc.

L'espoir de l'armée israélienne est de faire tout cela sans que personne ne sache qu'ils sont dans la maison afin qu'ils puissent espionner, tirer, assassiner, etc. Mais la communauté est trop étroitement liée pour que ces opérations réussissent : l'absence soudaine des voisins dans la rue et la fermeture des fenêtres sont très vite remarquées, nous allons alors vérifier ce qu'il se passe, apportons nourriture et eau à la famille lorsque l'armée le permet, à de rares occasions, et nous pouvons alors faire savoir à la famille que nous savons ce qu'il se passe. L'armée nous déteste pour cette raison, bien sûr.

Aujourd'hui je me suis rendu dans quelques maisons abandonnées par les soldats durant la nuit. La première maison était DEVASTEE, la famille était embarrassée de nous recevoir ainsi, c'était la quatrième fois qu'elle était occupée, les membres de la famille étaient en état physique normal, mais très tristes et sans pouvoirs, se sentant dans un certain sens ,comme violés. Les soldats avaient volé cartes de téléphones, vêtements d'enfants et le Coran de la famille. Ces occupations, contrairement aux démolitions de maisons, ne sont pas menées sur des soupçons d'activités politiques, mais sur l'utilité tactique pour l'armée de l'emplacement de la maison. Le patriarche avait été forcé de prendre une photo des soldats parce que l'un d'entre eux allait finir son service militaire et voulait garder un souvenir de sa dernière mission. Ils ont été forcés de rester pendant 36 heures dans une même petite pièce, tandis que les soldats poursuivaient leurs tâches dans le reste de la maison, qui est assez grande. Ils n'avaient pas le droit d'allumer la radio ou la télévision dans la pièce, bien qu'il y ait des jeunes parmi eux. Ils étaient forcés de faire leurs besoins dans des sacs en plastique, devant les autres membres de la famille, ce qui est très à l'encontre des pratiques de l'Islam, surtout en terme de lois entre les sexes.
Lorsqu'ils sont partis, les soldats ont cassé la clef dans la porte afin que la famille ne puisse plus sortir, nous avons cherché un voisin pour casser la porte afin de libérer la famille de leur propre maison. Il y avait beaucoup de méchanceté dans tout cela, la destruction de la propriété uniquement pour la destruction.

La deuxième maison, juste derrière l'autre maison, a eu une expérience similaire, avec l'avantage supplémentaire de s'être fait volé des bijoux en or et des cartes de téléphone pour un montant total de $1000 dollars environ. Il y avait 45 Jaish ou soldats, répartis entre les deux maisons. Le vol est un fait constant lors de ces occupations temporaires, ainsi que l'humiliation et les attaques sur le plan culturel. La pure méchanceté me consterne, ils détruisent ces maisons bien que ça ne suive aucun objectif tactique, il y a beaucoup d'histoires qui sont pires que celles que j'ai pu constater ces derniers jours, histoires qui tournent toujours autour d'humiliations concertées de type culturel, de vols, et d'actes de haine, comme le fait de casser toutes les assiettes, etc., de faire ses besoins dans des pots, des poêles, déchirer les habits, etc.

Nous nous approchons aussi des maisons avant le départ des soldats, afin d'essayer d'obtenir qu'ils laissent partir les femmes et les enfants, et qu'ils donnent aux familles l'eau et la nourriture que nous apportons. Ce sont des activités quelque peu dangereuses, et les forces israéliennes considèrent que nous pouvons compromettre leur mission : " Maintenant tout le monde sait que nous sommes ici ! Les lanceurs de pierres vont arriver ".
Mais qui nous l'a dit ?? Vous savez, pour le soldat conscrit, suivre les ordres et occuper une maison est une chose, assez mauvaise selon mes valeurs, mais qu'en est-il de pisser dans une cruche ? Et de voler le Coran familial ? Ceci s'inscrit dans le cadre plus large de rendre la vie insupportable, dans l'espoir d'initier un exode de masse. Mais cet exode ne s'effectuera jamais, jamais. Les gens sont prêts à continuer à vivre ainsi, vivre ou mourir. Ils sont sensationnels, mais aussi très durs. Aussi dur que des pics, si vous les maltraitez. C'est une qualité que personnellement j'aime chez les gens.

Une autre chose que nous faisons c'est de surveiller le couvre-feu, durant le quel nous allons au hasard des rues, étudier les mouvements des troupes, et nous rendre disponibles pour ceux qui auraient besoin de nous pour leur apporter du pain, appeler une ambulance, casser la monotonie oppressante, ou autre chose. C'est vraiment une situation incroyable, la vie est vraiment dure pour ces gens.

Une autre action sur laquelle nous travaillons se passe dans un village près d'ici dans laquelle une famille élargie habite. Ils ont été séparés de force en 1948 d'une terre fertile à Haifa, et sont arrivés ici pour travailler une terre rocailleuse. Une colonie de fondamentalistes sionistes est venue s'installer près de chez eux et a transformé leur vie en enfer. 3 enfants ont été tués par les colons, et 2 maisons sur 5 ont été démolies tandis que les trois autres sont inscrites sur la liste des destructions prévues, ce qui pourrait arriver à n'importe quel moment. La meilleure des maigres terres qu'ils possèdent se situe à côté de la vallée qui les sépare de la colonie, entourée de clôtures, armée jusqu'aux dents, et qui ressemble à une banlieue californienne. La colonie est visible de ce qu'il reste des maisons, elle est peut être à 120 yards.

Le gouvernement israélien fait usage des vieilles lois ottomanes (puisque ceci les arrange) afin d'étendre les colonies dans toute la Palestine. Cette loi particulièrement archaïque dit que tout terre n'ayant pas été travaillée pendant 3 ans peut être réquisitionnée. Ainsi, pendant ce temps, les Forces de Défense Israélienne les empêchent de travailler leurs terres, sous peine de punition de mort par des tirs. Il ne reste plus qu'un an à cet homme avant de voir cette loi appliquée, il essaie désespérément de cultiver son champ. Chaque fois qu'il tente, il se fait tirer dessus, et ceci malgré les trois enfants qui ont déjà été tués de ce village de 5 familles seulement.

Nous allons entourer son tracteur de nos corps et l'aider ainsi à cultiver son champ, et ceci en paix, espérons le. Il est prêt à résister et je suis fier d'y participer. Nous attendons que le couvre-feu soit levé, afin que les soldats soient un peu moins nerveux, mais il s'agit aussi bien des soldats que des colons. L'équipe était sur place une fois lorsque je suis arrivé, ils ont envoyé deux négociateurs afin de parler avec les soldats de la colonie. Ils ont demandé à l'armée pourquoi il ne pouvait pas cultiver son champ alors qu'il disposait de l'acte de propriété. Le soldat a dit ; " parce que les colons le veulent ", comme si cela pouvait faire l'objet d'une explication suffisante. Ils leur ont alors demandé quel arrangement temporaire pouvait être fait et il répondit : " pourquoi est ce que vous vous en occupez, c'est un arabe ". Voici le problème dans ce microcosme. Peut être de façon ironique, la colonie en veut tellement à cet homme parce que son champ représente la seule direction dans laquelle la colonie peut s'étendre. Pourquoi ?? Parce que son voisin est une autre colonie !!

La matriarche du village en question, mère de fils maintenant adultes, qui sont venus initialement ici en 1948, sans un sou et loin de chez eux, nous raconta par l'intermédiaire d'un traducteur que " c'est arrivé une fois en 48 et ce fut horrible, et ceci n'arrivera pas encore ". Elle le pensait vraiment. Ces gens mourront avant de devenir encore une fois des réfugiés. Son plus vieux fils nous a décrit les décennies, non pas les années mais les décennies de travail dont ils ont eu besoin pour rendre ces terres arables (les terres sont si rocailleuses ici qu'elles ressemblent à la lune). Son père est enterré ici, ainsi que 3 de ses enfants, nièces et neveux. Sa vie est ici. Ce sont des gens simples, gentils, etc. qui vivent de ce qu'ils cultivent et des animaux qu'ils élèvent. Le fils est prêt à mourir ici, car il sait ce qui attend sa famille si il devait plier bagages. Ceci, par bien des façons, englobe l'état du monde actuel : le monde occidental qui attaque le Tiers-monde, Monsanto contre.les cultivateurs de riz, l'Union Carbide contre Bhopal, Halliburton contre la souveraineté irakienne, Phizer contre le Botswana, etc. mais ce ne sont que des gens, faisant ce que les gens ont toujours fait, cultiver la terre et élever des enfants, s'occuper de leurs affaires. Je serai fier de protéger son corps avec mon corps américain.

Avec vous dans la lutte,

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