Gaza - 1 janvier 2009

Nouvel An à Gaza : «Nos feux d'artifice sont les missiles israéliens»

Par Rami Almeghari

> rami_almeghari@hotmail.com

Rami Almeghari contribue à The Electronic Intifada, IMEMC.org et Free Speech Radio News et est conférencier à temps partiel sur les médias et la traduction politique à l'Université islamique de Gaza. Rami est aussi un ancien traducteur d'anglais et rédacteur en chef du Centre de Presse Internationale du Service de l’Information Palestinienne basé à Gaza. Il peut être contacté à rami_almeghari@hotmail.com

«Regardez dehors, les avions de combat F-16 vous sourient, les missiles dansent pour vous, zannana (nom palestinien des drones) chantent pour vous. Je leur ai demandé à tous de vous souhaiter une bonne et heureuse année." C’est le message d’un humour plutôt sinistre qu’a reçu d’un ami Fathi Tobal, un habitant de la ville de Gaza, sur son téléphone portable aujourd'hui.

Photo Hatem Omar/MaanImages : Une maison est bombardée à Rafah, au sud de la Bande de Gaza, 31 Décembre 2008

Ironiquement, Tobal a ajouté "tandis que les autres personnes dans le monde entier font la fête, il semble que l'armée de l'air israélienne tente de nous épargner le coût des feux d'artifice."

A la veille du Nouvel An dans la bande de Gaza, 1,5 million de Palestiniens sont confinés dans leurs foyers en s’éclairant à la chandelle et avec peu de nourriture, mais le pire, c’est qu’ils sont dans la crainte constante des bombes qui ont déjà tué près de 400 personnes, et blessé 2000 autres.

La paix, la paix est ce que tout le monde souhaite pour 2009. Ils n'ont pas d'autres rêves ou désirs que de vivre en la paixdepuis qu'Israël a occupé leurs terres en 1967.

Mais, pour la cinquième journée, l'aviation israélienne a bombardé des maisons, des bâtiments ministériels, des bâtiments municipaux, des mosquées, des universités et des organisations caritatives dans l'ensemble de la surpeuplée Bande de Gaza. Bien qu’Israël ait attaqué Gaza, plusieurs fois, les habitants disent que c'est le pire qu’ils ont vécu depuis le début de l'occupation.

Dr. El-Assad Abu Sharekh, un professeur d'université et analyste politique qui vit dans le quartier Tal al-Hawa à Gaza, a déclaré: «Ce monde devrait se réveiller, au lieu de danser et boire, ils devraient agir immédiatement pour arrêter le nouvelle holocauste mené contre la population civile de Gaza. "

«Leur vice-ministre de la défense (d'Israël), Matan Vilnai, a déclaré d'emblée qu'il y aurait un grand holocauste", a dit Abu Sharekh, en faisant référence aux observations faites par Vilnai en mars dernier lors deq bombardements israéliens qui ont tué plus de 100 personnes dans la bande de Gaza. «Les États-Unis ont promis à Israël des milliers d'autres missiles", a t-il ajouté, "la prétendue communauté internationale devrait agir pour protéger les droits légitimes d'un peuple sous occupation."

«Notre musique pour le Nouvel An est le son de l'aviation israélienne, nos lumières pour le Nouvel An sont les incendies provoqués par les missiles israéliens», a déclaré Raed Samir, 32 ans, du centre de la bande de Gaza. "Comme vous le voyez, je tente de voir un de mes amis dans son magasin, et c'est ce tout que je peux faire, discuter un peu et fumer une cigarette."

Ola al-Helo, 26 ans, une femme qui travaille pour une organisation de femmes non gouvernementale dans la ville de Gaza, a parlé sans ambages de la situation: "C'est la merde."

Hamada Hammad, 22 ans, s’est souvenu de ce jour l'an dernier, lui, ses parents, ses sœurs et ses beaux-frères, avaient passé une journée dans le parc al-Jundi al-Majhoul de la ville de Gaza.

"Aujourd'hui, je ne peux même pas aller à mon travail. Comme vous pouvez le voir, des avions de combat sèment la peur partout. J'espère que les jeunes à l'extérieur feront quelque chose en solidarité avec nous, les jeunes de Palestine," a ajouté Hammad.

Pour la famille d'Ali Shaath, 75 ans, de Rafah, à l'extrême sud de la bande de Gaza, la veille du Nouvel An signifie un nouveau refuge puisque les 25 membres de sa famille ont fui leur domicile près de la frontière avec l'Egypte pour échapper aux bombardements israéliens.

Israël a intensivement bombardé la zone frontalière sous prétexte de viser les tunnels par lesquels entrent les produits de base dans Gaza assiégée. Les bombardements ont forcé de nombreuses autres familles à chercher refuge chez des parents ou dans des bâtiments scolaires.

"Pouvez-vous imaginer, nous sommes entassés dans mon petit deux-pièces, puisque mes parents, frères et sœurs ont été forcées de venir chez moi, par peur des raids aériens israéliens sur leur quartier», a déclaré Marwan, 40 ans, l'un des fils de Shaath dont la maison dans le camp de réfugiés de Bader est plus éloignée de la frontière.

Marwan n'a pas caché son indignation quand il a demandé: "C’est quoi la fête du Nouvel An? Cela n'existe même pas dans notre terminologie. Peut-être qu'ils ont un mot pour ça en Syrie ou en Inde ou en Égypte, où je vivais. Comment pourrions-nous faire la fête lorsque nous manquons d'électricité, de pain et de gaz de cuisson? "

Israël bombarde la bande de Gaza sous prétexte de l'arrêt des roquettes tirées depuis Gaza sur Israël depuis qu’Israël a violé une période de cinq mois de cessez-le-feu le 4 Novembre et a ensuite renforcé son blocus de la bande de Gaza. Israël dit que ses attaques vont se poursuivre et même s'intensifier et il existe des rapports sur des préparatifs pour une invasion terrestre.

Au cours des cinq dernières jours, l'aviation israélienne a lancé des raids sur de nombreuses régions de la bande côtière sous prétexte de mettre fin aux tirs de roquettes artisanales depuis la bande de Gaza sur des villes israéliennes voisines.

Israël dit que ses attaques sur Gaza se poursuivront jusqu'à ce que les objectifs indiqués soient atteints puisqu’une offensive terrestre se profile à l'horizon très prochainement, selon des responsables israéliens.

Fathi Tobal a raison, Israël nous a épargné les coûts des feux d'artifice. Seulement 20 minutes avant minuit, ici, dans le camp de réfugiés d’al-Maghazi, alors que je rédigeais ce rapport, deux bombes ont frappé ma ville. En arabe, les gens se sont souhaité la Bonne Année : "Koul wa antum suis bi Khair" (Soyez sain et sauf et portez-vous bien toute l’année).
Depuis Gaza, je dis : "Kul qasif wa bi antum Khair". Soyez sain et sauf après chaque bombardement.

Source : http://electronicintifada.net/

Traduction : MG pour ISM