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ISM France - Archives 2001-2021

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Jénine -

Pourquoi j'ai été arrêté !

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Mon arrestation et mon expulsion n'étaient pas causées par mon visa mais par le soupçon et le racisme qui est systématique dans un état et un système qui voit toute personne ayant une apparence légèrement Arabe comme un terroriste.

Pourquoi j'ai été arrêté !

Mardi dernier, le 14 octobre, les membres de l'ISM - Jénine sont allés à Tora Shakir soutenir les villageois et les fermiers dont les terres ont été volées par le Mur de l'Apartheid. Le Mur de l'Apartheid sépare les fermiers des 121 dunams de terres agricoles leur appartenant. Nous avions organisé un camp de 3 jours contre le Mur pour mettre en avant l'incapacité des fermiers à accéder à leurs oliviers lors de la cueillette qui est en gros leur principal revenu et moyen d'existence.

Le village se situe le long du mur avec une route militaire qui sépare les maisons de leurs terres. Le camp était situé à 100 mètres du Mur de l'Apartheid sur la propriété d'un fermier qui nous avait invité à venir camper.

Seulement quelques heures après avoir installé le camp, deux jeeps se sont approchées et nous avons dû négocier pour rester.
Alors que la nuit tombait, un autre véhicule militaire s'est approché. Bien que nous ayons déjà négocié, les soldats ont annoncé que c'était une zone militaire fermée, ce qui voulait dire que nous ne devions pas rester sur la propriété.

Quand nous avons expliqué que nous étions invités par les propriétaires, les soldats ont répondu : " Ce ne sont plus leurs terres maintenant ". Puis le DCO (Bureau de Coordination du District) s'est approché et nous a demandé de déplacer notre camp.

Les fermiers craignaient également que nous démontions le camp, insistant sur l'importance que nous restions dans le village afin qu'ils puissent passer la porte demain pour cueillir les olives. Le DCO ne tenait pas compte de notre sécurité ni du fait que la nuit tombait.

Alors que nous enlevions nos affaires, nous avons été invités à prendre le thé chez les fermiers. 20 minutes plus tard seulement, une jeep militaire est entrée dans le chemin qui mène à la maison et est restée là à nous observer. Puis les soldats nous ont dit que la maison était une zone militaire fermée. Bien que nous ayons expliqué avoir coopéré avec le DCO à plusieurs reprises, ils nous ont dit que nous étions encore sur une zone militaire fermée. Une autre jeep de la police est arrivée. Les soldats et les officiers sont entrés et nous ont demandé de partir. Ils ont pris d'assaut la propriété, criant à tout le monde d'entrer dans la maison et en menaçant la famille et leurs enfants.

Après toutes les négociations, le problème était que personne ne serait capable de défier le mur et tout ce qui a été volé par le mur. Nous avons été escortés jusqu'à la " porte ", qui n'était pas une porte pour agriculteurs. C'était un checkpoint avec une tour, une caserne de l'armée et des barrages routiers. Nous avons été interrogés. Puis ils nous ont emmenés de force dans un fourgon de l'autre côté et nous ont demandés de quitter le secteur. Ils nous ont laissés pas très d'Afula.

A ce moment-là, les officiers ont demandé des informations à notre sujet parce que j'avais l'air suspect, sans doute parce qu'ils ne croyaient pas que je n'étais pas Palestinien. Ils ont demandé mes pièces d'identité et m'ont fouillé.
Lorsqu'ils ont trouvé mon passeport, ils m'ont jeté à l'arrière de la jeep. Heureusement, quelques minutes tard, ils m'ont relaché et m'ont conseillé de faire attention à mon visa.

Le lendemain matin, à un carrefour nommé Karkum situé à l'extérieur d'Afula, un volontaire suisse, un Anglais et moi-même venions de mettre nos sacs dans un taxi quand une voiture de police s'est approchée et nous a demandé de nous mettre sur le côté de la route. Ils nous ont dit que nous devions aller au bureau de police.

Ensuite, nous avons été séparés. J'ai été le premier à être interrogé, et seuls mes sacs ont été fouillés. J'ai été questionné au sujet de mon matériel et ils m'ont dit que des " professionnels " allaient venir me parler. Il y avait déjà 3 heures que nous étions détenus. Mes deux autres compagnons avaient été séparés.
On m'a fait entrer dans une autre pièce et j'ai été interrogé sur ce que nous faisions à Karkum, en Israël et sur le fait que nous tentions d'aller à Jénine.

Alors que nous étions interrogés illégalement et que nous étions fouillés illégalement, nous avons demandé à plusieurs reprises si nous étions arrêtés ou si nous étions libres de partir. L'officier nous a répondu que nous ne pouvions pas partir parce que nous devions parler avec des professionnels, c'est-à-dire, le Shabak ou la police secrète israélienne.

Nous étions donc encore détenus illégalement puis j'ai été le premier à être interrogé. Deux hommes vêtus de façon ordinaire m'ont dit qu'ils faisaient partie de la police secrète israélienne et m'ont fouillé une nouvelle fois. Mon interrogatoire n'était pas raciste de façon flagrante en raison de mon origine Arabe et Musulman. L'interrogatoire a duré environ 1 heure et j'ai été questionné sur mes relations avec des organisations terroristes et mon soutien ici aux terroristes en raison de mes supposées connexions avec les Mosquées et les groupes Islamiques au Canada.

Puis ils m'ont accusé d'être franchement en liaison avec le terrorisme au Canada. Je leur ai demandé à plusieurs reprises de parler à mon avocat et à mon ambassade et ils m'ont répondu que ce serait seulement après mon interrogatoire.
Ils ont également tenté de me dire que je serais expulsé si je ne donnais pas d'informations au sujet de mes activités politiques. J'ai continué de demander mon avocat et le droit de parler à mon ambassade. Ils me répondirent que j'avais refusé de coopérer et que je pourrais être expulsé. Puis j'ai pu quitter la pièce pendant que les autres étaient interrogés.

Après l'interrogatoire, mes compagnons ont eu l'autorisation de partir et on m'a dit que j'étais arrêté. Avant d'être emmené, l'officier m'a dit en arabe que j'étais un chien arabe qui cachait une bombe à Jérusalem et que je quitterais Israël.

Je fus ensuite emmené à la prison de Khadera, pas très loin, où j'ai encore été interrogé pendant plus de 2 heures. On m'a encore refusé la possibilité de parler à mon avocat et à l'ambassade et aucune raison ne m'a été donnée concernant mon arrestation.

J'ai été mis dans un couloir entre des cellules où j'ai commencé à me sentir comme à la maison quand des prisonniers palestiniens m'ont offert du thé et du café et de la nourriture comme dans toute maison palestinienne. C'était presque rassurant. Les prisonniers m'ont expliqué qu'ici " nous sommes tous des voleurs de voitures, Palestiniens et Israéliens, nous sommes tous les mêmes. "

On m'a informé ensuite que mon avocat et que l'ambassade avaient tenté à plusieurs reprises de me parler sans succès. Sara, une volontaire américaine est venue à Khadéra pour montrer sa solidarité mais n'a pas été autorisée à me parler. Quelques heures plus tard, j'ai encore été déplacé vers un centre de détention à Haifa avec d'autres immigrés soi-disant illégaux devant être expulsés.

En Israël, il y a plus de 300 000 immigrés illégaux sans aucun droit et qui sont traités sans aucune dignité. Ils sont enfermés comme des animaux dans des petites cages et subissent toute sorte de racisme, verbal et physique, et ne sont pas au courant de leurs droits.

On m'a encore refusé de parler avec tout représentant légal. Le lendemain matin, j'ai été transféré vers un Centre d'expulsion pour tous les travailleurs illégaux situé à Nazareth, qui est une prison de longue durée et où les prisonniers ne savent pas quand ils seront expulsés parce que personne ne parle leur langue.

Ils sont installés sans jamais savoir quand ils vont partir dans un hotel équipé de barreaux dirigé par une compagnie privée qui revendique : " Nous sommes le cour. " Les travailleurs sont déshabillés pour être fouillés, refusés d'avoir accès à leurs ambassades, ne comprennent pas la langue des officiers qui parlent seulement Hébreu. Tous les documents sont en Hébreu et les injures verbales racistes prolongent seulement la structure de l'occupation à toutes ces personnes qui ne sont pas des Européens de l'Ouest ou des Américains blancs et qui souffrent non seulement dans les Territoires Occupés mais dans toute la Palestine historique.

Plus tard ce jour-là, j'ai finalement été libéré quand toutes ces merveilleuses personnes qui m'ont soutenu ont enfin pu m'obtenir un avocat et aider à payer ma caution de 5 000 Shekels. Elles m'ont soutenu pour que je sois relaché parce que mon arrestation était illégale et mon visa encore valide. Selon la Loi israélienne, le visa est toujours valide jusqu'à ce que j'aie reçu une réponse du Ministère de l'Intérieur, qui ne travaillait pas ces deux dernières semaines en raison des vacances et des grèves.

Mon arrestation et mon expulsion n'étaient pas causées par mon visa mais par le soupçon et le racisme qui est systématique dans un état et un système qui voit toute personne ayant une apparence légèrement Arabe comme un terroriste.

Je voudrais remercier chacun d'entre vous pour le soutien, les dons et la solidarité et j'espère continuer à combattre l'Occupation.

En solidarité,

NOTE :
Mostafa Henaway du Canada a engagé une poursuite judiciaire contre le gouvernement israélien pour fichage racial et arrestation illégale.
Il témoignera le dimanche 2 novembre 2003 à 11 heures au :
Tribunal de Tel Aviv
1 rue Weizman Tel Aviv

Voir le communiqué

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : MG

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