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Tulkarem - 25 octobre 2003
Par Radhika Sainath
Aujourd’hui, je me sens un peu plus palestinienne. Bien que tout au long de mes mois passés en Cisjordanie j’ai été spectatrice de soldats israéliens harassant et brutalisant les palestiniens d’innombrables façons, aujourd’hui, j’ai plus avancé dans la compréhension du pouvoir que l’armée israélienne a, sur la vie et la mort de tout palestinien, homme, femme et enfant.
Je suis allée au contrôle de Jbarra, à l’extérieur de Tulkarem et j’ai vu un grand soldat, vu plusieurs fois auparavant criant après des palestiniens. Apres avoir hurlé à un couple de palestiniens de s’en aller, cela a été à mon tour, et il m’a demandé ce que je faisais au village de Jbarra.
« En visite chez des amis », j'ai répondu.
« Je suis surpris que tu ais des amis »
« J’ai beaucoup d’amis, parce que je suis aimable avec les gens et que j’essaie de les aider. Vous, par contre, êtes toujours de mauvaise humeur et en train de crier après les gens »
« Est ce que tu crois que j’aime ça ?...donne moi juste ton passeport ».
Lorsque que je parvins à ouvrir mon sac, une de mes amies palestiniennes, une femme étonnante, traversa le contrôle et dit, « Radhika ! »Nous nous sommes embrassées, avons discuté quelques minutes, et après nous nous sommes séparées. (Preuve ainsi que j’ai bien des amis)
Etant donné que j’étais déjà à mi-chemin du point de contrôle, et que le grand soldat semblait occupé, j’ai traversé. Quand j’ai atteint l’autre côté, j’ai remarqué 2 soldats russes que j’avais vu à plusieurs reprises refuser le passage des portes du mur à des fermiers. Ils me hurlèrent après, ce que j’ai ignoré jusqu’à ce que l'un d’eux dresse son M16; à ce moment, je suis retourné auprès du grand soldat et je lui ai montré mon passeport. Apres environ 15 minutes de discussions et de vérification de passeport, je l’ai informé que bien que je n’avais aucun doute sur le fait qu’il aima ma compagnie, il y avait beaucoup de gens qui m’attendaient a Tulkarem et qui voulaient aussi me voir, et ,ainsi il était temps de se séparer. Il a minaudé et il a traversé le point de contrôle.
Encore une fois les russes hurlèrent dans un mélange d’hébreu et de russe d’attendre. Ils eurent un moment de distraction et j'ai pris un taxi proche. Je n’avais pas de temps à perdre pour ces jeux : un soldat disant d’y aller, un autre d’attendre. Ce point de contrôle était clairement gouverné par les caprices de garçons de 19 ans lourdement armés.
Comme un éclair le russe courut à la voiture, confisqua les clés et la carte d’identité du chauffeur et demanda que je revienne. Je lui dis que je le ferais quand il aurait rendu toutes ses affaires à son propriétaire. Une fois qu’il eut tout rendu au chauffeur, j’ai marché jusqu’au deuxième soldat russe qui m'a crié de m’asseoir sur un bloc de ciment, là ou des palestiniens se tenaient souvent.
« Non »
« Assieds toi »
« Non »
« Assieds toi »
« Non »
« Je ne comprends pas l’anglais »dit il.
« lo.lo.lo »dis-je en hébreu (rétrospectivement j’aurais du ajouter niet pour insister).
Je suis retournée auprès du grand soldat du début qui m’avait laissé passer. Si ces gars ne se décidaient pas, j’allais passer la nuit au contrôle.
« Bon, dis-je, est-ce que vous allez me laisser passer ce contrôle oui ou non, parce que ces fous de russes veulent me tirer dessus. Etes vous le responsable ? »
« Non »
« Qui est le responsable ? »
« Personne »
A ce moment un petit soldat sans galon ni étoile s’approcha et dit qu’il était le responsable. J’étais en train de tenir la rose qu’une fillette palestinienne m’avait donné auparavant, et dont j’avais semé les pétales le long du contrôle en allant et venant.
« Qu’est ce qui est arrivé à ta fleur ? »
« Tous les pétales sont tombés »
« Je t’achèterais des fleurs »
« Assures-toi juste que les russes ne me tirent pas dessus »
« Personne ne va te tirer dessus »
« Bon tu es le responsable donc, si ils me tirent dessus, tu seras responsable »
Il cria slave et après, quelque chose en Hébreu. La réponse des slaves a été clairement négative et quelque chose comme quoi j’étais une fauteuse de troubles. Le « capitaine » dit qu’il allait traverser avec moi.
J’ai gardé mes distances avec le capitaine alors que nous traversions. Quand nous avons atteint l’autre côté, le slave commença à hurler, son visage déformé par la rage. Il balança son pistolet, le dressa à mi-hauteur, et le pointa vers mon visage à un pied de distance. Le « capitaine » à ma gauche s’avança directement en face de moi et avec son bras droit repoussa rapidement le pistolet de sa trajectoire. Les deux soldats ont commencé à hurler l’un après l’autre et j’ai commencé à me demander s' ils allaient commencer à se battre. Quand les choses se sont calmées, le slave m’a demande mon passeport. Le « capitaine » acquiesça et me demanda mon passeport, que le slave saisit et mit dans sa poche. Le « capitaine » le récupéra après quelques discussions, me le rendit et me dit « tu vois, ce n’était pas si méchant ».
Oui vraiment, si il n’y avait pas eu le hasard du caprice d’un soldat attiré par moi, je ne doute pas que les choses auraient pu être significativement différentes.
Source : www.palsolidarity.org
Traduction : MAP
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