Hébron - 27 janvier 2004

Jour de pluie à Hébron

Par Maureen Jack

Christian Peacemaker Teams est une initiative oecuménique pour soutenir les efforts de réduction de la violence autour du monde.

Nous avons essayé de persuader le soldat de laisser le Palestinien conduire son véhicule jusqu’à son magasin mais il a dit que (sauf celles des médecins) les voitures palestiniennes n'étaient pas autorisées.
Il a dit qu'il ne savait rien au sujet de l’autorisation qui avait été donnée plus tôt.

Le 14 janvier 2004, Art Arbour, Diane Janzen et moi revenions à notre appartement sous une très forte pluie.
Lorsque nous nous sommes approchés du point de contrôle de Beit Romano, un Palestinien dont le fourgon était garé vers le haut d'une rue latérale s’est approché de nous.

Il voulait accéder à son magasin du coin de la rue dans Upper Shalaileh Street avec quelques marchandises. Il avait été en contact avec les soldats le matin qui lui avaient dit que c’était OK, mais maintenant il lui disaient qu’il ne pouvait pas y venir avec véhicule.

Il était trempé.

Nous étions trempés.

Et le soldat israélien de l’autre côté de la rue était trempé.

La chaussée était transformée en un ruisseau.

Janzen a sauté au-dessus de l’eau pour se diriger vers le soldat et le checkpoint. Le coeur lourd, j'ai sauté derrière elle, de même qu’Arbour.

En dépit de la pluie, j'étais parvenue à maintenir mes chaussures raisonnablement sèches; mais dès mes premiers pas, je me suis rendue compte que j’avais fait cela pour rien.

Un petit groupe de Palestiniens nous observaient avec un certain intérêt du confort relatif d’un terrain plus élevé.

Nous avons essayé de persuader le soldat de laisser le Palestinien conduire son véhicule jusqu’à son magasin mais il a dit que (sauf celles des médecins) les voitures palestiniennes n'étaient pas autorisées.

Il a dit qu'il ne savait rien au sujet de l’autorisation qui avait été donnée plus tôt.

Je lui ai suggéré de regarder de l’autre côté de la rue pendant une minute de sorte que l'homme puisse arriver à son magasin.

Il a répondu : "Puis je regarde une nouvelle fois et je tire dans ses pneus".

Je lui ai demandé quelle était la solution pour que le Palestinien puisse prendre les marchandises dans son magasin.

A ce moment-là, deux jeunes garçons palestiniens (d’environ dix ans) se battaient contre l’eau en déplaçant à la main un chariot où étaient amassées, de façon précaire, des marchandises.

"C’est cela la solution", dit le soldat, en les montrant du doigt.

"Ce n'est pas la solution que je voudrais pour votre famille et vos amis", ai-je répondu.

"ILS ne sont pas mes amis", a-t’il répliqué.

"Je ne veux pas ce genre de solution pour ces Palestiniens et je ne le voudrais pas pour toute autre personne", ai-je répondu.

"Non". Répondit-il de façon sarcastique, “mais vous êtes des chrétiens et vous aimez tout le monde. Vous êtes bon."

Je lui ai répondu : "Je ne pense pas que je sois particulièrement bonne. Je ne suis certainement pas meilleure que vous ou que les Palestiniens".
Pas meilleure et certainement pas aussi dure, ai-je pensé d'un air triste.

Le Palestinien n’a pas été autorisé à venir avec son véhicule jusqu’à son magasin.

Nous avons continué, trempés, notre chemin vers la maison. Depuis, le soleil a brillé chaque jour.

Mais on ne permet toujours pas aux Palestiniens de conduire sur cette route.

Source : www.cpt.org

Traduction : MG