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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Récolter dans l'espoir

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Récits de siège n° 21.

Par un chaud après-midi du mois de Ramadan, il y a peu de meilleures places pour se reposer qu'à l'ombre d'un verger de goyaviers, avec le parfum des fruits mûrissants embaumant l'air autour de vous. Le fermier Sa'id Al-Agha est tranquillement assis, les yeux posés sur ses arbres fruitiers. « Mon père et mon grand-père ont tous deux grandi ici, cultivant les goyaviers, et je dois vivre ici toute ma vie », dit-il. « Cette terre est mon sang ».

Récolter dans l'espoir


Sa’id Al-Agha (à gauche) en pleine récolte avec son ami Mohammed Al-Ziq.

Sa'id Al-Agha cultive trente dunums de plantations de goyaves à Mawasi, au sud ouest de la Bande de Gaza, où la terre riche en terreau fait prospérer les palmiers dattiers et les citronniers (un dunum est équivalent à 1000 mètres²). Sa ferme de Mawasi est un hâvre tranquille à Gaza, qui a une des plus hautes densités de population dans le monde. Il y a environ 120 fermes de goyaviers éparpillées autour de Mawasi, et en tout les fermiers et leurs familles cultivent plus de 2500 dunums de goyaves. Août et septembre sont le pic de la saison des goyaves, et nous pouvons entendre les travailleurs s'appelant entre eux pendant qu'ils récoltent les fruits à la main.

Sa'id Al-Agha emploie cinq travailleurs à plein temps, et cinq de ses neuf fils travaillent aussi à la ferme. « Nous récoltons 150 tonnes de goyaves chaque année ici, » dit-il. « Mais pendant cinq ans, de 2000 à 2005, quand les colons israéliens étaient encore là, nous laissions juste tomber les fruits des arbres sur le sol, et nous ne récoltions rien ».

Après le début de la seconde Intifada, en septembre 2000, les forces d'occupation israéliennes (FOI) ont établi des checkpoints à travers la Bande de Gaza. Situé près d'un énorme bloc de colonies israéliennes, Mawasi était enserré entre deux checkpoints majeurs, avec lesquels tout accès était directement contrôlé par les FOI. Les habitants de Mawasi avaient besoin de permis même pour visiter la ville voisine de Khan Younis. Ils étaient pris au piège. « Je ne pouvais pas passer, même pour porter mes produits au marché local de Khan Younis », dit Sa'id Al-Agha. Pendant cinq ans lui et sa famille n'ont pas vendu une seule goyave. Quand les colons israéliens ont été retirés de Gaza en août 2005, il a été plein d'espoir que son business s'améliore radicalement.

Mawasi est le jardin de Gaza, renommé pour ses goyaves, qui sont habituellement exportées à travers tout le Moyen-Orient et même en Europe. Mais trois ans après que les colons israéliens aient été retirés de Gaza, Sa'id Al-Agha attend toujours d'exporter ses goyaves depuis Gaza. Des restrictions de plus en plus draconiennes sur les exportations de tous les produits de Gaza ont été régulièrement imposées par Israël, dévastant toute l'économie de Gaza, et paralysant sa production maraîchère. « Si je pouvais vendre mes goyaves en Jordanie, ou même à Ramallah en Cisjordanie , je pourrais me faire 1000 dollars la tonne », dit-il. « Mais au lieu de cela, je vends tous mes fruits sur les marchés locaux de Gaza, je fais 200 dollars la tonne au début de la saison – et environ 100 dollars la tonne vers la fin de la saison ». Il dit qu'il survit financièrement grâce à l'aide de ses cinq fils, et parce qu'il possède 30 autres dunums de terre où il cultive des légumes, des citrons et des clémentines. « Je sais que j'ai de la chance » dit-il. « Beaucoup d'autres fermiers locaux ont été forcés de quitter leur terre ».

Mohammed Mohammed Al-Ziq, qui dirige la Coopérative pour le développement agricole dans le sud de la Bande de Gaza, est aussi un fermier local. « Le plus grand problème des fermiers de Gaza est juste que nous ne pouvons pas exporter nos produits » dit-il. « Environ 40% des fermiers locaux ici dans le sud de Gaza ont vendu tout ou partie de leur terre, et sont allés chercher du travail en ville à la place. »

Le 19 juin la Tahdiya ou « la période de calme » entre le Hamas et Israël incluait un accord pour augmenter l'ouverture des points de passage commerciaux à Karni, Sofa et Kerem Shalom, dans le but de faciliter l'augmentation des échanges commerciaux dans et hors de Gaza. Mais les fermiers de Gaza n'ont pas vu d'augmentation sensible des produits qu'ils peuvent exporter. Le siège israélien continu et la fermeture de Gaza a obligé les fermiers à vendre leurs produits à des prix locaux non viables, conduisant beaucoup de fermiers à la faillite. Gaza a une tradition agricole profondément enracinée, avec des milliers de familles de fermiers produisant une abondance de fraises, citrons, fleurs, goyaves, dattes et amandes et olives. La terre passe de père en fils et en petit-fils, donnant une connaissance intime de ce qui doit être cultivé. Les fraises sont florissantes à Beit Lahia, au nord de Gaza, il y a des fermes de fleurs commerciales vers Rafah, et les goyaves se font le mieux à Mawasi. La fermeture de la Bande de Gaza n'est pas seulement en train de détruire l'industrie agricole, elle érode toute une façon de vivre.

Alors que nous nous promenons lentement dans la ferme de Sa'id Al-Agha, il examine ses arbres, et cueille des fruits pour nous pour emporter dans la ville de Gaza. C'est le Ramadan aussi nous ne mangeons rien pendant que nous sommes avec lui, mais nous nous asseyons sous les goyaviers où l'air est plus frais. « Je ne pourrais jamais quitter ma terre », dit Sa'id Al-Agha tranquillement. « C'est la façon de vivre de notre famille : mon père et mon grand-père ont tous les deux cultivé les goyaves, ici, et je vais rester ici et faire la même chose. »

Source : PCHR

Traduction : MM pour ISM

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