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Gaza - 19 mars 2009
Par PCHR
Un des facteurs les plus importants pour surmonter un traumatisme est la possibilité de trouver refuge dans le réconfort de sa maison. Le droit à la sûreté et à la sécurité. Pour beaucoup de gens à Gaza, ce droit a été systématiquement violé, sous la forme de la destruction des biens personnels, souvent gratuitement, par les forces militaires israéliennes.
"La mort te trouvera... bientôt". Message écrit dans une chambre de la maison Abu Hajaj à Johr ad-Dik @ Kent Klich
A côté des 1.000 maisons partiellement ou totalement détruites par les bulldozers, les missiles de chars et les bombes des F-16, il y a les maisons qui ont été dégradées par les graffitis laissés par les soldats israéliens et le vandalisme des affaires qu’elles contenaient.
Chez les Mos’ab Dardona, à Jabal Al Rayes, au nord-est de Gaza, les soldats israéliens qui avaient pris position dans les maisons des civils du quartier ont laissé derrière eux des dessins sur les murs, certains représentant des soldats urinant sur des mosquées effondrées ou dévorant des villages palestiniens. Dans la maison voisine, qui appartient à Ibrahim Dardona, les soldats ont laissé des dizaines de sacs d’excréments dans les chambres, bien que les toilettes fonctionnaient, et des représentations sexuelles crues sur les murs.
« Les graffitis laissés par les soldats israéliens dans les maisons de Gaza donnent une idée de la culture préoccupante de haine et de racisme envers les Palestiniens et les Arabes qui existe dans la société israélienne, » dit Hamdi Shaqqura, directeur du développement démocratique au PCHR. « Au vu des preuves que le PCHR a rassemblées du meurtre délibéré et gratuit des civils palestiniens à Gaza, ces graffitis sont encore plus perturbants. »
Les milliers de personnes qui n’ont pas été en mesure de revenir dans ce qui reste de leurs maisons après l’offensive israélienne sont difficiles à chiffrer avec précision. Les camps de tentes érigés à la hâte, qui ne conviennent pas à cette époque de l’année, ont été pour la plupart abandonnés et des gens déplacés de l’intérieur sont partis chez des membres de leurs familles élargies.
D’autres sont revenus dans leurs maisons partiellement détruites, ils ont retiré les gravats et quelquefois les preuves de la mort de leurs bien-aimés, et tentent de reprendre le cours de leurs vies. Les familles Dardona sont revenues chez elles, et sont déchirées entre la réticence à détruire les preuves de la conduite des soldats israéliens et leur répugnance à supporter le rappel constant des horreurs qui ont eu lieu ici. Et il y a des cas similaires dans d’autres parties de la Bande de Gaza.
Dans la très agricole région de Johr-ad-Dik, les forces israéliennes ont installé leurs bases dans quelques-unes des maisons, dès les premiers jours de l’offensive terrestre. Les chars ont fait d’énormes ravages dans les champs et des centaines d’oliviers et d’agrumes ont été détruits. La moitié des 2.500 habitants a été déplacée.
A l’aube du 4 janvier 2009, le premier jour d’offensive terrestre israélienne totale, un missile est tombé près de la maison de Saleh Abu Hajaj à Johur-ad-Dik. Par radio, l’armée israélienne a ordonné aux locaux d’évacuer leurs maisons. Majedi Abu Hajaj, 36 ans, la fille de Saleh, a noué une écharpe blanche à un bâton et mené un groupe de civils qui sortait de la maison de son voisin.
Alors qu’ils essayaient d’échapper, les chars ont ouvert le feu sur le groupe et Majeda est morte d’une balle tirée dans le dos. Quelques instants après, sa mère Raya, 64 ans, a été blessée par les tirs elle aussi, et s’est vidée de son sang à quelques mètres de sa fille. Les corps de Majeda et de Raya n’ont pu être récupérés que seize jours plus tard, lorsqu’Israël a déclaré un cessez-le-feu unilatéral. Ces attaques constituent des assassinats délibérés, des violations des Conventions de Genève et des crimes de guerre.
Les soldats israéliens ont pris position dans la maison Abu Hajaj après les meurtres, et laissé des graffitis dans chaque pièce. Au-dessus du lit de Majeda, on peut lire : « La mort te trouvera... bientôt », gribouillé à l’encre rouge (photo ci-dessus). Dans d’autres parties de la maison : « T’es-tu quelquefois demandé à quoi ressemblait l’enfer ? Eh bien… regarde autour de toi ! Ha ha ha ! »
Dans le quartier Zeytoun, où 27 membres de la famille Samouni ont été tués par une attaque aérienne alors qu’ils étaient réfugiés dans un immeuble où les avait placés l’armée israélienne, on trouve sur les murs des messages qui donnent le frisson. Chez Talal Al-Samouni, les soldats israéliens ont écrit : « Mourez tous », « Faites la guerre, pas l’amour », « Les Arabes doivent mourir », et une pierre tombale avec cette inscription : « Arabes 1948-2009 » en référence aux dates entre la création de l’Etat d’Israël et sa dernière offensive militaire.
A quelques portes de là, chez Rashad Helmi Al-Samouni, les phrases suivantes ont été écrites à la craie dans la cage d’escalier :
« Un jour viendra où nous tuerons tous les Arabes »
« Ce qui est mauvais pour les Arabes est bon pour moi »
« Un bon Arabe est un Arabe dans une tombe »
« La paix maintenant, mais entre les Juifs et les Juifs, pas entre les Juifs et les Arabes ».
Alors que la plupart des graffiti sont incendiaires et perturbants, on trouve aussi des expressions plus humaines, laissées par des soldats israéliens fatigués, comme : « Jusqu’à quand allons-nous encore rester ici… ? », « Jusqu’à quand ? », « Nous voulons rentrer chez nous », et « Je n’ai pas d’autre pays ».
Beaucoup d'allégations sérieuses ont été faites sur la conduite des soldats israéliens qui ont opéré dans la bande de Gaza. Le Centre palestinien pour les droits de l'homme (PCHR) enquête actuellement sur beaucoup de ces cas et révèlera les preuves en temps opportun.
Mais quels que soient les résultats de ces investigations, ils ne soulageront que peu les milliers de civils dont le sentiment de sûreté qu’ils devraient trouver dans l’intimité de leurs maisons a été si catégoriquement violé.
Source : PCHR
Traduction : MR pour ISM
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