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Gaza - 16 novembre 2007
Par Serene Assir
Cinq mois que le terminal de Rafah est fermé, le 14 juin et le nombre de Palestiniens bloqués en Egypte grossit encore. Ils sont maintenant près de 2.000 à attendre le retour, y compris les 500 bloqués à Arish, au nord du Sinaï. Leurs conditions de vie se détériorent, du côté égyptien de la frontière, dit Abdel-Sater al-Ghalban, habitant d'Arish.
"On n'a pas prêté assez d'attention au problème des Palestiniens coincés en Egypte cet été et maintenant, leurs conditions empirent", a dit Al-Ghaban, lui-même Palestinien d'origine, à Al-Ahram Weekly. "On dirait que le monde a oublié qu'il y a un siège sur Gaza, sauf les Gazans eux-mêmes, ceux qui emprisonnés là-bas et ceux qui sont piégés à l'extérieur."
Trente familles font partie des échoués d'Arish. La majorité des Palestiniens dans l'impossibilité de rentrer chez eux n'étaient pas en Egypte durant le processus de rapatriement égypto-israélien de 10 jours via Al-Oja qui a commencé le 29 juillet (voir photo ci-dessus), et les circonstances les ont empêchés d'arriver à temps.
200 de plus, qui étaient là, n'ont pu rentrer à Gaza de peur d'être arrêtés au terminal contrôlé par les Israéliens. Alors que 87 membres du Hamas et du Jihad Islamique, dont le député Hamas Moushir Al-Masry, sont rentrés fin septembre lors d'une opération secrète, ceux qui n'avaient pas les réseaux nécessaires sont restés.
"Au plus fort de la crise, de l'aide, même mince, leur est parvenue, en particulier du Syndicat des Médecins égyptiens", dit Al-Ghalban. Maintenant, les dons des ONG et des organes officiels palestiniens en Egypte se sont taris, un reflet, peut-être, du silence des médias sur le calvaire non seulement des Gazans bloqués mais sur ceux qui sont assiégés dans la Bande. "C'est grâce à quelques personnes du Sinaï que les déplacés ont survécu à cette crise. Pourtant beaucoup de ceux qui veulent les aider ne peuvent pas se permettre les dons, d'où la dette personnelle que les Palestiniens accumulent", ajoute Al-Ghaban.
Rafah est la seule route pour entrer et sortir de la Bande de Gaza qui ne soit pas sous contrôle direct israélien. Lorsque le terminal était opérationnel, des dizaines d'habitants de Gaza sont entrés et sortis du territoire pour des raisons médicales, scolaires, religieuses et de travail, aussi bien que pour rendre visite à leurs familles en Egypte et à l'étranger.
"Cela fait des mois maintenant que nous entendons des rumeurs comme quoi le terminal va rouvrir bientôt", a dit Al-Ghalban à Weekly. "Personne ne les croit, en partie à cause du niveau de désespoir, mais aussi parce que nous savons tous que la position d'Israël sur Gaza a atteint un paroxysme."
Le 19 septembre, Israël a déclaré la Bande de Gaza "entité hostile". La déclaration fut accompagnée d'une décision de maintenir fermés les terminaux frontaliers.
Bien qu'Israël ait inclus sa mise en garde habituelle qu'il tiendrait compte des conséquences humanitaires de ses actes, la démarche a été condamnée par les groupes et associations de Droits de l'Homme, qui ont dénoncé les actions d'Israël comme équivalentes à une punition collective. Et, à la lumière du refus, cette semaine, de la Cour suprême israélienne d'intervenir au sujet de la décision du Shin Beth de refuser à 11 Gazans de sortir pour traitement médical pour des raisons "de sécurité", il est une fois de plus clair que les réserves israéliennes sur les "conséquences humanitaires" sont vides de sens.
Le refus, bien que prévisible, ouvre la voie à davantage de violations puisqu'Israël continue à agir avec l'impunité dont il jouit depuis que les élections parlementaires démocratiques ont porté le Hamas au pouvoir en janvier 2006 et que les USA et l'Union Européenne ont imposé des sanctions contre la Bande de Gaza.
Dans un rapport diffusé en janvier de cette année, John Dugard, rapporteur spécial auprès des Nations Unies pour les territoires palestiniens occupés, note que c'est "la première fois qu'un peuple occupé" subit des sanctions économiques.
En octobre 2007, Dugard a une fois encore souligné la responsabilité collective – et en particulier celle des Nations Unies dans le cadre de leur rôle dans le Quartet – au sujet des Palestiniens, indiquant que si les Nations Unies ne pouvaient pas jouer un rôle impartial ou être guidées par les lois sur les Droits de l'Homme, l'ONU devait se retirer du Quartet.
Même si la morale est du côté des Palestiniens, c'est une bien piètre consolation pour ceux de Gaza qui sentent abandonnés à un destin inconnu et effrayant. La circulation d'entrée et sortie de Gaza étant impossible, beaucoup de Gazans ne rêvent aujourd'hui de rien d'autre.
La pauvreté a augmenté de façon vertigineuse, 80% de la population vit en dessous du niveau de pauvreté, selon les normes des Nations Unies. Et alors que les menaces de poursuite du blocus sont énormes, bien plus inquiétant est le niveau de désespoir dans lequel Israël, avec la complicité du Président Mahmoud Abbas, a laissé s'enfoncer ceux de l'intérieur du territoire.
"C'est incroyable", dit Al-Ghalban, "que les Gazans aient réussi à résister à cette crise aussi longtemps. Ceux qui sont coincés en Egypte sont sans argent, et leur existence est presque totalement ignorée. Ils se sont lourdement endettés, une dette qu'ils ne peuvent honorer étant donné leur situation chez eux. Ils sont désespérés de ne pas pouvoir revenir chez eux et dans leurs familles. C'est criminel de voir que lorsque les Gazans ont le plus besoin de l'aide arabe, on les oublie."
Source : Al-Ahram
Traduction : MR pour ISM
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