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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

La Nakba, c'est maintenant

Par

Jamila Moussa avait 19 ans quand elle et son mari ont fui Kfur Yassine, son village dans Akka, au nord de Palestine. Ils venaient d'avoir leur premier enfant, Nicolas, qui a maintenant ses propres enfants.
Craignant pour sa sécurité, ils ont fui, en espérant qu'ils seraient de retour quelques semaines plus tard. Depuis ce jour, Moussa a connu plusieurs guerres -- mais aucun d'entre elles en Palestine.

Lors d'une interview avec Al-Ahram Weekly réalisée chez elle ce printemps dans le camp de réfugiés de Dbayye, au Liban, elle s'est souvenue que la force de leur expulsion avait été d'"une violence comme je n'ai jamais connu depuis, ou été témoin auparavant. Les Britanniques avaient l'habitude de brûler les maisons, oui, mais les Juifs, ils rasaient nos maisons, ainsi elles n'existaient plus."

Bien que Moussa aura bientôt 80 ans, elle raconte son histoire d'une façon remarquablement détaillée, ressentant peut-être la forclusion du temps.

Elle a transmis d'innombrables fois ses souvenirs à ses enfants et petits-enfants, et à tous ceux qui sont nés réfugiés, pour leur rappeler qui ils sont. Maintenant, à la veille du 60e anniversaire de la Nakba, (la catastrophe) de la création de l'Etat d'Israël en 1948, son récit prend une nouvelle importance.

Sur les 6,5 millions de réfugiés palestiniens dispersés dans le monde aujourd'hui, il y en a très peu qui ont des véritables souvenirs de leur maison.

Souvent, le débat sur la Nakba porte sur l'épuration ethnique des Palestiniens – les plus de 60 massacres, le dépeuplement de plus de 420 villages et la dépossession d'au moins 700000 Palestiniens qui ont culminé en 1948 – comme une chose du passé commémorée chaque année le 15 mai tandis que la pression pour oublier, ou même aller de l'avant est toujours croissante.

Pourtant, alors que nous nous approchons de la 60e année après la création d'Israël, littéralement sur la Palestine, il est important de noter que plusieurs écrivains au cours des dernières années ont souligné la continuité de la Nakba.

En effet, les crimes qui ont culminé en 1948 (mais qui n'ont pas du tout commencé à ce moment-là, comme le prouve l'auteur palestinien Salman Abou Sitta) n'ont pas cessé. Le massacre de Jénine en date du 11 avril 2002 n'est pas, en termes politiques, historiques ou juridiques, distinct du massacre de Deir Yassin le 9 avril 1948.

Non seulement les deux massacres impliquent la perpétration de crimes de masse, y compris l'assassinat d'enfants, mais ils sont aussi des manifestations du refus historique d'Israël du droit à l'autodétermination des Palestiniens -- un droit qui, dans le droit international a un caractère impérieux.
En dépit de l'effusion de sang, du vol des terres et de l'agonie de la dépossession, la justice -- et crucialement le temps – sont irrévocablement toujours du côté de la Palestine.

"Dans tout examen approfondi des crimes internationaux, nous avons besoin de rechercher l'intention qui est à la base du crime", a déclaré l'avocat des droits de l'homme, Amr El Bayoumi, basé au Royaume-Uni à Weekly.

Comme le prouvent des dizaines de déclarations émanant de dirigeants israéliens et sionistes, depuis la création d'Israël jusqu'à nos jours, l'esprit de la politique de l'État israélien n'est rien de moins que la destruction des Palestiniens.

En 1937, David Ben Gourion - le "père fondateur" et le premier Premier ministre d'Israël - a prononcé une phrase à l'évidence criminelle, "nous devons expulser les Arabes et prendre leur place et si nous devons employer la force [alors] nous avons la force à notre disposition. "

Plus brutalement, le Premier Ministre israélien Golda Meir a nié en 1969 l'existence des Palestiniens, en disant : "il n'existe rien de tel qu'un peuple palestinien."

Plus récemment, en 1989, l'ancien premier ministre Benyamin Nétanyahou a commenté, "Israël aurait dû exploiter la répression des manifestations en Chine, quand l'attention du monde entier était portée sur ce pays, pour procéder à des expulsions massives des Arabes des territoires."

Et en 2001, l'ancien ministre du tourisme et partisan de la politique israélienne d'assassinats extrajudiciaires, Rehavam Zeevi, a déclaré que "Tout homme éliminé est un terroriste de moins que nous aurons à combattre."

Ce type de déclarations politiques sont en corrélation directe avec les crimes d'Israël contre les Palestiniens au cours des 60 dernières années, menant au siège actuel –qui constitue une punition collective et est illégal au regard du droit international -- contre Gaza.

En vertu du droit international, une telle destruction délibérée constitue un acte de génocide.

Selon la Convention sur la Prévention et l'Interdiction du crime de génocide, adoptée en 1948, le génocide est défini comme la perpétration d'un ou de plusieurs actes "ayant l'intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux", et suppose, entre autres actes, le meurtre de membres d'un groupe déterminé et aussi la soumission intentionnelle du groupe "à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle".

Fait important, si l'intention est essentielle à la compréhension des crimes de transfert et de nettoyage ethnique d'Israël contre les Palestiniens, il serait historiquement et juridiquement erroné de voir ces crimes en dehors du même cadre que les crimes d'aujourd'hui d'assassinats extrajudiciaires, de punition collective et de privation des droits fondamentaux de l'homme , y compris le droit à la vie, à l'éducation, à l'eau et au travail, et non le moins, le droit inaliénable de revenir dans son pays.

À ce titre, il a été prouvé par des experts juridiques, y compris par Monique Chemillier-Gendreau, que les crimes d'Israël pendant la Nakba sont la persistance des violations; mais pas les violations commises pendant et appartenant au passé. Que l'exécution de la politique de l'État israélien ait été progressive ne l'exonère en aucun cas de sa responsabilité, car il n'existe pas de limites prévues à la réparation des crimes de masse.


En droit international public, "un crime reste un crime tant qu'il n'a pas eu réparation," a déclaré le coordinateur de la Coalition Internationale Habitat et avocat des droits de l'homme, Joseph Shechla, à Weekly.

Les réparations pour les crimes internationaux – comme exposé explicitement dans la Résolution 60/147 de l'Assemblée Générale des Nations-Unies – incluent un rétablissement des victimes dans la "situation originale qui existait avant que les violations ne se soient produites, une indemnisation, une réadaptation, une satisfaction et des garanties de non-répétition des violations.

Si une indemnisation a été proposée par Israël comme réparation pour les expulsions de masse perpétrées pendant des décénnies depuis sa création, elle a été proposée de façon inappropriée, car l'indemnisation est accordée "dans le cadre d'un ensemble. Ce n'est pas un ensemble", selon Shechla.

En outre, l'indemnisation doit être offerte en raison des dommages subis au fil du temps, y compris les loyers accumulés et les profits de l'agriculture dont les Palestiniens auraient bénéficié s'ils n'avaient pas subi la Nakba. "Une manière de calculer serait de regarder l'économie israélienne," dit Shechla.

En tout cas, l'indemnisation n'absout pas Israël de la responsabilité de fournir des indemnisations supplémentaires, y compris la restitution, qui comprend le droit inaliénable au retour. Même parmi les jeunes qui n'ont jamais vu la Palestine, la perspective du retour demeure un objectif sacré.
"Si j'étais en mesure de revenir en Palestine, j'irai immédiatement", a déclaré Arwa Saleh, 25 ans, un journaliste palestinien vivant au Caire. "Pourquoi devrais-je renoncer à mon droit? Je ne peux imaginer que quiconque le ferait."

Ce que révèle une analyse juridique, c'est que la création et la poursuite de l'existence d'Israël – comme le savent parfaitement les dirigeants sionistes israéliens et leurs partisans et leurs donateurs américains et européens -- sont en elles-mêmes des crimes de guerre parce que la fourniture d'une réparation appropriée reviendrait à annuler la Nakba et l'Etat qui a émergé sur son dos.

À cet égard, il serait en aucune manière abusif d'invoquer la responsabilité de la communauté internationale pour sa reconnaissance de l'Etat d'Israël et l'aide -- idéologique aussi bien que matérielle -- qui lui a été fournie depuis des décennies.

Selon Elna Sondergaard, professeur de droit international public à l'Université Américaine du Caire, il incombe aux avocats internationaux, en l'absence d'initiatives pour appliquer une responsabilité d'État, de se charger eux-mêmes de "présenter des affaires devant des tribunaux et des institutions des droits de l'homme", en rapport avec plus de six décennies de crimes perpétuels israéliens contre des Palestiniens.

Un manquement à cette obligation porte atteinte à la foi dans toutes les solutions juridiques, et donc laisse recours à la rébellion -- affirmée comme un droit bien sûr dans la Déclaration universelle des droits de l'homme -- comme seule option possible.

En effet, jusqu'à ce que des mesures juridiques efficaces soient prises, il est inévitable que la résistance directe sera adoptée par un nombre croissant de Palestiniens et d'Arabes dépossédés. En cela, le droit international est de leur côté, à la place de ses propres échecs

Source : http://weekly.ahram.org.eg/

Traduction : MG pour ISM

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