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Moyen Orient - 5 août 2006
Par Serene Assir
C'est seulement une question de temps avant qu'Israel, comme d'autres Etats coloniaux avant lui, implose.
À travers l'histoire, des puissances étrangères ou des vagues de colons ont tenté d'exproprier des terres et de les nettoyer de leur identité inhérente à la population autochtone.
De cela, Israel est un exemple, pas une exception.
Depuis qu'Israël s'est approprié la terre, il l'a également renommée, tandis que ses colonisateurs ont cherché à apprendre à leurs enfants que la Palestine était "une terre sans peuple pour un peuple sans terre".
L'impudence avec laquelle le projet Sioniste a redessiné les cartes géopolitiques selon son propre intérêt stratégique -- tout en abusant simultanément de la bonne volonté internationale et en déformant la vérité en présentant Israël à l'opinion publique occidentale comme étant une victime perpétuelle -- est étonnante.
Mais bien que nous aimerions que le monde soit différent, la politique est encore décidée par le pouvoir et non par le droit. Peu d'Etats, que leur population soit éclairée ou non, donnent volontairement du crédit aux faibles.
Pour les états moyens ou plus petits, les nations puissantes, avancées industriellement et riches, -- voir, par exemple, les incomparables membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies -- sont de meilleurs alliés que les faibles.
Peu de nations, spécialement dans notre monde globalisé, s'engageront à soutenir ceux qui sont incapables ou, pire, peu disposés à investir dans des entreprises à capital risque, des ventes d'armes massives ou dans des transactions de plusieurs milliards de dollars.
Seulement si, par la résistance, les faibles triomphent des forts, les rôles du héros et du méchant des manuels d'école sont renversés. Pourtant, ce que les manuels tendent à oublier, c'est le décalage global des paramètres politiques contre les intérêts des colons et d'une idée coloniale donnée qui a lieu en même temps.
Une autre vérité historique, selon un analyste du Centre d'Etudes Politiques et Stratégiques d' Al-Ahram : plus une puissance se comporte violemment, plus les mouvements de résistance deviennent violents, divers et efficaces. C'est particulièrement vrai dans le cas d'une occupation.
"L'exemple historique de base qu'Israël, les Etats-Unis, l'Europe et même la plupart des Etats arabes n'ont pas compris", a déclaré Diaa Rashwan à Al-Ahram Weekly, "c'est que l'occupation crée la résistance. Et plus l'occupation est violente, plus la résistance est catalysée. Avec des exemples allant de la guerre d'indépendance américaine à l'Algérie et au Vietnam, l'histoire montre qu'aucune occupation ne dure jamais."
C'est vrai, la perfidité de la politique d'occupation israélienne semble surpasser celle employée par les empires précédents. Le lexique énoncé par ses dirigeants, passés et présents, et par ceux des Etats auxquels il est allié semble suggérer une sorte de droit permanent, ou plutôt divin, sur les territoires qu'il revendique.
Mais selon Rashwan, l'autre anomalie critique dans la crise Israëlo-Palestino-Libanaise à laquelle les USA et Israël ont cherché à donner du crédit, est la propagation de l'idée que les mouvements de la résistance pouvaient être battus.
Les "mouvements de résistance font partie du phénomène de l'occupation." Dit-il. "La façon dont les USA et Israël parlent du Hizbullah et des mouvements palestiniens dans les médias est bêtement fausse quand ils disent penser qu'ils peuvent réellement les battre."
Il n'est pas difficile de comprendre pourquoi une puissance occupante voudrait créer un tel simulacre, parce que la sympathie envers Israël est aujourd'hui la clé pour réduire au minimum la valeur historique d'une défaite potentielle, d'où une couverture médiatique convenablement disproportionnée des manifestations de soutien dans le monde et de la condamnation des attaques israéliennes contre le Liban et Gaza.
Cependant, il est important de rétablir l'équilibre et de dire qu'alors qu'Israël, un Etat fortement militarisé, aurait besoin d'une victoire comme solution de sortie honorable au Liban, tout ce que doit faire le Hizbullah, en tant que mouvement de la résistance, c'est de survivre. Jusqu'ici, en dépit du grand nombre de victimes civiles, le Hizbullah semble le faire.
"Israël est disposé à débarrasser le Liban de toute capacité à résister", a déclaré Hassan Nafaa, professeur de Sciences Politiques à l'université du Caire, à Weekly. "Pourtant, après trois semaines d'agression, le Hizbullah continue à résister".
Mais pendant que le bombardement aveugle du Liban se poursuit, il apparaît de plus en plus clairement qu'Israël travaille très dur pour mettre à genoux les Libanais -- et pas seulement le Hizbullah -- par conséquent il œuvre pour le désarmement du Hizbullah.
Une clef pour comprendre la politique et les actions israéliennes est d'inverser la rhétorique qu'il expose sur les prétendues cibles de ses attaques.
Par exemple, quand Israël indique qu'il va bombarder des cibles terroristes, soyez sûrs que ce qu'il veut réellement faire, c'est terroriser les civils. Le massacre de Qana en est un exemple bien sombre.
Au Liban, quand Israël dit qu'il va attaquer le Hizbullah, il cherche en fait à infliger le plus possible de destruction, de chaos et de mort, par conséquent il tente d'affaiblir le soutien au Hizbullah de l'intérieur.
Le concept, bien usé quand l'empire britannique était à son zénith, s'appelle "Diviser pour régner."
Et parce que la guerre coloniale est précisément de terroriser les populations civiles, et les dissidents potentiels pour les soumettre, Israël sait que sa guerre au Liban ne concerne pas tellement le Hizbullah parce qu'il veut s'assurer qu'aucun Arabe -- Libanais, Palestinien ou autre – n'aura plus jamais envie de lever le petit doigt sur lui.
Sa puissance militaire inégalée au niveau régional, sa capacité nucléaire, la liberté d'action à son effet destructeur autorisée par les Etats-Unis -- la seule superpuissance au monde -- et sa cruauté, sont suffisantes, pensent les responsables israéliens pour enfoncer les doses de peur requises dans le fond de la gorge des dissidents potentiels et des combattants de la liberté. Ils se trompent encore.
A juger par l'humeur dominante dans le monde Arabe, la stratégie israélienne a un effet diamétralement opposé.
Au Caire, les protestations de rue contre les crimes israéliens au Liban sont fréquentes et passionnées, bien que non massives. Mais même beaucoup de ceux qui sont peu disposés à participer à la politique de rue sont très clairs sur leurs position quand il s'agit d'Israël.
"D'une part, c'est choquant de voir ce qui se passe au Liban", dit Amr, qui travaille dans le café-restaurant Baladi au Caire.
"Cependant, c'est comme cela que se comporte Israël, et il est temps que nous le reconnaissions. Si nos régimes arabes ne travaillaient pas collatéralement avec Israël, la réponse du monde Arabe à l'agression israélienne aurait été très différente."
Quant au potentiel de survie politique du Hizbullah, de nombreuses opinions sont exposées alors que la crise actuelle continue à peser dans la balance.
Pour Amr Elchobaki, aussi un analyste du Centre d'Etudes Politiques et Stratégiques d' Al-Ahram : "Le Hizbullah devra s'adapter à un nouvel ensemble de réalités avant que le bombardement se calme. La politique libanaise ne peut pas soutenir l'existence d'une force militaire qui est inexpliquée par le gouvernement."
Elchobaki ajoute que plus certainement, la fin de l'agression israélienne prédira une nouvelle ère pour le Hizbullah, par lequel il sera totalement intégré dans le système du gouvernement libanais traditionnel.
"La résistance contre Israël ne s'arrêtera pas, mais aucun doute que les dangers d'un chaos au Liban du genre de ce qui se passe en Irak aidera à retenir le Hizbullah dans le système politique."
Cependant, pour Nafaa : "Tous les facteurs semblent indiquer que le Hizbullah continuera. Israël a commis une gaffe importante quand il a parié que le Liban se retournerait immédiatement contre Hizbullah. Plus les bombardements vont durer longtemps, moins il y a des chances que cela se produise. En fait, les actions israéliennes ont accordé une plus grande crédibilité aux arguments du Hizbullah pour la défense du maintien d'une force de résistance au Liban."
Alors qu'Israël invite les résidants des zones situées au Sud du fleuve Litani à évacuer leurs villes, cela augmente les signes qu'il a l'intention d'imposer une zone de sécurité au Sud Liban -- encore une fois.
Le plan fait écho à la stratégie israélienne établie depuis longtemps, comme celle utilisée en Palestine en 1947-48.
Si le projet de créer une zone-tampon dans le sud se matérialise, par définition, il rencontrera de la résistance, et dans ce cas, peu importe si c'est le Hizbullah qui continue à mener cette résistance.
Par exemple, la fin de la direction de l'OLP en Palestine a été augurée par leur promptitude à s'intégrer, suite à quoi ils ont été forcés d'entrer dans des négociations truquées contre les Palestiniens qu'ils avaient cherché à représenter. Pas de doute que le Hizbullah a bien compris cette leçon.
Source : http://weekly.ahram.org.eg/
Traduction : MG pour ISM
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