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ISM France - Archives 2001-2021

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Cisjordanie occupée -

Sous la pluie aussi ! Un vendredi à Ras Karkar

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Depuis trois mois, les villages de Kufr Nima, Ras KarKar et Kharbatha luttent pour garder leurs terres. Chaque vendredi, les habitants rejoignent une colline sur laquelle l’armée israélienne a pris position. La législation israélienne permet à l’État sioniste de s’accaparer légalement le haut de la colline, celui-ci n’abritant pas d’oliviers ayant plus de dix ans d'âge et aucune terre n’étant cultivée depuis trois ans. Cette stratégie est à l’origine du vol de la majorité des terres palestiniennes.

Sous la pluie aussi ! Un vendredi à Ras Karkar

Des colons ont commencé à planter des oliviers il y a un mois afin de s’approprier ces terres. La méthode des sionistes n’est pas nouvelle. En prenant le haut des collines, ils choisissent une position stratégique pour dominer les villages palestiniens et s’étendre progressivement. Si les habitant-e-s ne résistent pas pour garder ces terres, ils savent pertinemment que de nouvelles colonies se dessineront, et viendront s’ajouter aux 175 colonies illégales en Cisjordanie et aux 116 avant-postes (1).

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Par ailleurs, l’État sioniste s’apprête à construire une route pour relier les colonies voisines au territoire de la Palestine 1948, qui passera entre les villages de Kufr Nima et de Kharbata. La réglementation israélienne veut que la construction d’une route entraîne de facto une confiscation des terres sur 100m de largeur.

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Ce jour-là, la pluie tombe en trombe mais il en faut plus pour que les manifestant-e-s battent en retraite. Nous arrivons dans le village de Kharbatha puis nous nous dirigeons vers la colline d’où commence chaque manifestation. Les habitant-e-s vont prier sur leur terre comme acte symbolique de résistance. L’armée israélienne ne les laisse pas rejoindre le sommet, et c’est chaque semaine sous une pluie de gaz lacrymogènes et de rubber coated bullets (2) qu’ils sont repoussés par les soldats. Nous reconnaissons des visages, saluons des personnes. Des militant-e-s palestinien-n-e-s venu-e-s de différents endroits, que l’on croise souvent, des habitants du village rencontrés les semaines précédentes, des activistes internationaux-ales et israélien-ne-s.

Si lors des manifestations précédentes, la fin de la prière marquait le départ des hostilités, ce jour-là, les gaz lacrymogènes sont lancés avant même le début de celle-ci. Certains décident alors de rester malgré tout sur la colline, alors que d’autres se mettent plus en retrait. Quelques minutes de calme s’écoulent puis les attaques des soldats reprennent.

La pluie ne s’arrête pas, les gaz poussent les manifestant-e-s à reculer. Puis les soldats se mettent à tirer et courir vers nous. On court, on glisse dans la boue, on essaie de se protéger. Un palestinien est touché par une rubber coated bullet (2) à la tête, il est évacué.

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Depuis le haut de la colline, on aperçoit d’autres soldats arrêter les voitures des manifestant-e-s qui souhaitent rentrer chez eux. Deux personnes sont arrêtées et les soldats bloquent la route. De loin, on entend les bombes assourdissantes, les gaz lacrymogènes lancées sur les voitures. Un groupe de personnes rejoint la route, nous les suivons. Les shebab lancent des pierres sur la route adjacente réservée aux colons. Des jeeps de l’armée viennent vers nous, forçant les personnes à reculer. Chacun-e cherche une voiture pour s’enfuir rapidement. La pluie continue de tomber, nous sommes complètement mouillé-e-s. A 14h, ce n’est pas l’armée mais bien la pluie qui a raison des manifestant-e-s. Les habitant-e-s ne renonceront pas à leurs terres, qu’on lâche des chiens sur eux comme il y a deux semaines ou qu’on leur tire dessus.

Ici la Palestine.


(1) On appelle avant-postes les colonies installées sur le territoire de la Palestine 1967 et n’ayant pas obtenues d’autorisation légales par les autorités israéliennes. Elles reçoivent cependant le soutien, la protection et le financement de certains organes étatiques.
(2) Balles en fer, recouvertes de caoutchouc.

Ras Karkar est situé à 11km au nord-ouest de Ramallah.



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