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Jénine - 25 janvier 2006
Par Ali Samoudi
Ali Samoudi est journaliste et coordinateur local de l'ISM à Jénine
"Je veux que les soldats me voient en train de cueillir les olives, toute seule, après qu'ils aient interdit aux membres de ma famille de participer, sous prétexte que notre terre, que nous possédons depuis des dizaines d'années, se trouve dans une zone militaire, près du mur de la séparation, dont des centaines de dunums ont été annexées pour sa construction."
Hajja Bahya al-Ali, du village de 'Anin, Ã l'ouest de la ville de Jénine, est en révolte contre toutes les mesures oppressives de l'occupation.
Elle est déterminée à affronter tous les jours les dangers pour arriver à ses terres ou plutêt ce qui en reste.
"Je veux que les soldats me voient en train de cueillir les olives, toute seule, après qu'ils aient interdit aux membres de ma famille de participer, sous prétexte que notre terre, que nous possédons depuis des dizaines d'années, se trouve dans une zone militaire, près du mur de la séparation, dont des centaines de dunums ont été annexées pour sa construction."
Umm Ahmad, la soixantaine, se lève têt les samedis, pour "faire la prière de l'aube. Je profite de la cessation de travail des Juifs pour aller cueillir le maximum que je peux.
Je commence ma journée en invoquant Dieu qu'il nous débarrasse des Israéliens criminels qui ont fait de notre vie un enfer, par leur oppression et leur injustice qui a dépassé toutes les lignes.
Bien que nous n'ayions pas rendu les armes, malgré la poursuite de notre résistance, et notre attachement à notre terre, nous ne possédons, dans ce monde où tous complotent et approuvent le crime sioniste, que la voie de la lutte et de l'invocation de Dieu, lui demandant de nous donner plus de force, de foi et de patience."
Après sa prière et ses invocations, Umm Ahmad se dirige vers sa terre, se préparant à une nouvelle bataille avec les soldats de l'occupation.
Umm Ahmad se fraye un passage le long du chemin, jusqu'Ã sa terre.
Elle se trouve devant les soldats de l'occupation qui se tiennent là tous les jours. Mais malgré leur présence, elle n'a pas peur et ne recule pas.
Elle va d'un pied ferme, pendant qu'ils crient : arrête-toi, interdit de s'approcher de la zone.
Elle regarde le soldat et lui dit : "Ta loi n'a pas cours pour nous, c'est notre terre, et aucune force ne peut m'interdire d'y aller, même si vous m'arrêtez".
Hajja Umm Ahmad est debout devant une dizaine de soldats, armés de haut en bas. Elle les affronte, avec un air moqueur : "Ni votre force, ni vos armes ne nous font peur".
Elle ajoute, s'adressant à moi : "Dès le début de la saison de la cueillette des olives, j'affronte les mêmes mesures, des soldats qui essaient de me faire peur, mais j'ai réussi à surmonter cette force et cette peur, j'ai réussi à entrer dans mes terres."
Cette fois-ci, l'officier sort des papiers et dit : "Il y a une décision interdisant d'entrer dans cette zone, car elle est militaire, et tu dois exécuter la décision".
Elle se met alors à crier : "Sur ma dépouille, vous finirez par me l'interdire, car c'est ma terre, ne vous suffit-il pas que vous avez volé une centaine de dunums, arraché des dizaines d'arbres, que voulez-vous de nous ? Vous imposez la fermeture, l'encerclement, vous interdisez à nos enfants de travailler, vous confisquez notre terre, la seule source de notre vie, et vous contrêlez ce que nous reste d'espoir pour vivre sur cette terre. Cette terre est à nous, les oliviers nous appartiennent et je ne vous permets pas de m'interdire d'aller les cueillir, quoi que vous fassiez".
A ce moment, Umm Ahmad est au comble de la colère et de la haine contre ces Israéliens meurtriers.
Elle se remémore les instants douloureux lorsqu'ils ont encerclé la terre "et nous ont chassés, bien que ayions en main tous les documents qui prouvent la légalité et la légitimité de notre propritété, mais comme à leur habitude, ils volent, pillent, falsifient, ils s'emparent du droit palestinien, ils ont clêturé des centaines de dunums, dont des terres de 'Anin, qui se trouvent près de la ligne verte, qui sépare la Cisjordanie et notre terre occupée en 1948.
Malgré le refus de la population et leur résistance, l'occupation a mis des mesures qui ont abouti à la confiscation des terres sur lesquelles il y a le mur aujourd'hui, et ce qui nous reste a été considéré comme zone militaire fermée parce qu'il se trouve près du mur.
Tous les jours, nous sommes poursuivis, ils tirent sur nous.
Sur tout le corps, j'ai des traces de blessures dues aux affrontements avec les occupants, ou parce qu'ils nous poursuivent, et lorsque nous nous sommes opposés aux arrachages des arbres."
"Que veulent-ils de nous? " crie Hajja Umm Ahmad, alors qu'elle se trouve encore près des soldats.
"Ne suffit-il pas les arbres qu'ils ont arrachés, les massacres qu'ils ont commis sur les centaines d'oliviers, témoins de la palestinité et de l'histoire de cette terre ? Ils ont profité du déploiement massif de l'armée, plusieurs jours de suite, pour arracher les oliviers, et j'étais une des premières à les affronter."
Les villageois de 'Anin racontent que Umm Ahmad a continué à les affronter quotidiennement, en disant : "je ne ferai aucune concession sur ma terre, jusqu'à mon dernier souffle, et je me battrai pour que mes enfants et petits-enfants puissent continuer à vivre".
Au milieu de l'étonnement et de la colère des soldats, Umm Ahmad s'est dirigée vers sa terre, ne tenant pas compte des cris des soldats qui ont empêché notre photographe de prendre des photos de ces instants importants. Umm Ahmad a commencé la cueillette.
Chaque fois que des soldats s'approchent d'elle pour l'arrêter et détruire les fruits cueillis, elle se déplace vers un autre arbre, et cela dure des heures, entre les cris des soldats, la détermination de Umm Ahmad.
A la fin, elle réussit à rassembler ce qu'elle a cueilli dans un sac qu'elle avait caché sous ses vêtements.
Lorsque les soldats ont essayé de le confisquer, elle a pris le sac d'une main et un long bâton de l'autre, et s'est mise à crier : "Ce sac est à moi, et je ne reviendrai pas chez moi sans ce sac, je frapperai quiconque s'approche de moi".
Des mots qui excitaient les soldats, qui criaient encore plus fort : cela est interdit.
Mais Hajja Umm Ahmad balançait son bâton, à gauche et à droite, tout en marchant, jusqu'à quitter la zone.
Elle sourit de joie et se retourna pour leur dire : "la bataille n'est pas finie, je reviendrai, avec deux et trois sacs. Vos armes, votre force, vos soldats peuvent confisquer la terre, mais ils ne peuvent vaincre mon bâton, ma volonté, et ma foi. C'est le bâton de la vérité, pour faire face à l'oppresseur, à son arrogance et ses crimes. Et là , dans mon sac, ce sont des fruits auxquels ma famille a droit, pour qu'elle jouisse des biens que Dieu lui a donnés, et ce ne sont pas les criminels qui vont nous les interdire".
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