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Bethléem - 10 février 2008
Par Samer Jaber
Une mère a demandé à son fils d'aller au marché pour acheter quelque chose, et elle lui dit: "S'il reste un peu d'argent, tu pourras le garder." Il est allé au marché pour rapporter à sa mère ce qu'elle avait demandé, et a gardé le peu d’argent qu’il restait. Donc, il est allé s’acheter des bonbons.
Il a demandé au vendeur: "Combien ça coûte?"
Et le vendeur a indique un prix représentant le double de ce qu’avait le gosse. Le gamin a suggéré qu'il verserait aujourd’hui la moitié du prix et le reste demain, et le vendeur a accepté.
Le garçon a pris les bonbons et est sorti du magasin, puis il s’est éloigné.
Mais presque aussitôt il revint et a dit au vendeur: "Ecoutez – je ne pourrai peut-être pas vous verser le reste demain, alors reprenez les bonbons."
Le vendeur lui a dit: "Je n'ai pas besoin du reste, je viens de te donner les bonbons"
Le garçon a secoué la tête et dit : "mais peut-être que je ne serai pas en mesure de faire quelque chose pour vous dans l'avenir, alors, merci, mais non." Et il est parti.
Plus tard, une nouvelle s’est répandue dans la région de Bethléem, les gens l’ont transmise de bouche à oreille: «Un enfant a été tué à côté de l'église de la Nativité." Chacun avait des détails différents, mais ils étaient tous d’accord sur un point : l'enfant avait été tué.
Est-ce important de savoir comment la famille a appris la nouvelle? Comment la mère a reçu le choc?
Est-ce important de savoir s'il a des frères et sœurs ou s’il appartenait à une grande famille? S'il vit dans un village, dans un camp de réfugiés ou dans la ville?
On peut dire les choses en une seule phrase : les yeux de cet enfant ne verront plus la lumière du jour.
La ville de Bethléem a perdu cet enfant: est-ce que le lieu signifie implicitement que cet enfant devait mourir? Un autre innocent massacré ?
Si le lieu portait un autre nom ou s’il avait une autre histoire, est-ce que cela changerait les faits et raconterait une autre histoire?
Certaines personnes disent qu’il a été tué par balles. Certaines personnes ont donné plus de détails sur le type de balles qui l’ont tué, et disent : "Il s’agissait d’une balle dumdum - une balle dont l’usage est interdit au niveau international»
Mais de toute façon, les soldats ont tiré cette balle pour certaines raisons.
Le soldat et le jeune garçon se trouvaient au même endroit, leurs destins se sont croisés brutalement. Nous savons que ces soldats portent des armes qui tuent, et nous savons que les enfants ne portent aucune arme. C’était un enfant, est-ce que le soldat l’a considéré comme un enfant? A-t’il imaginé que l'un des autres enfants qui se trouvaient à côté de sa cible pouvait être son propre fils? Et s'il ratait son objectif, blesserait-il son enfant?
Le soldat est entouré par d'autres soldats qui sont protégés et armés, il est en mission, et les officiers de l’armée tiennent compte des différents risques que leurs soldats peuvent affronter au cours d'une mission. Alors peut-être que certains enfants qui vont jeter quelques pierres sur les jeeps de l’armée, sont destinés à protéger les soldats dans des conditions hostiles. Ou peut-être attendent-ils que les enfants jettent des roses sur les jeeps !
Peut-être que le soldat a pensé que sa vie était menacée, alors qu'il regardait les gamins dans cette jeep blindée. Peut-être que ce n’est pas un soldat sadique qui aime tuer. Peut-être qu'ils n'ont pas enfoncé en lui la règle d’or de l’armée : «Tirer pour tuer et survivre pour tuer".
Le soldat ne connaissait pas le garçon - ce n'était pas une question personnelle. Alors, pourquoi est-il mort? Est-ce seulement parce que des erreurs peuvent se produire?
Nous ne savons pas exactement combien de fois ce genre d’erreur a eu lieu. Est-ce un millier de fois, deux mille fois ?
Ce chiffre est-il lié à la deuxième Intifada? Qu'en est-il des autres années d'occupation? Combien de fois en 40 ans?
Alors quand peut-on dire qu’un enfant a été tué par un soldat colonial - est-ce seulement lorsque l'enfant est tué par une balle?
Les organisations des droits de l'homme devraient-elles demander aux responsables et aux commandants de l’armée de contrôler une nouvelle fois les ordres les procédures militaires ?
Est-ce une question politique qui doit être négociée avec les parties opposées pour trouver une solution : afin d’arrêter les meurtres d'enfants?
Est-ce important de mettre dans la balance le fait d’arrêter de tuer les enfants des uns et des autres ?
N'est-ce pas suffisant de les protéger tout simplement parce que ce sont des enfants?
Est-il important de rafraîchir la mémoire des gens que les enfants sont des enfants quelle que soit leur nationalité. Malgré l’amertume. Nous savons que cet enfant n'était pas le premier à être tué et qu'il ne sera pas le dernier sur cette terre endeuillée, si la conscience de l'humanité ne se réveille pas.
Est-ce important d'expliquer les détails lorsque nous perdons une âme? Est-ce que tout devrait être cristallisé dans une raison incontournable avant d’être en mesure de prendre position, ou la solution ne pourrait-elle pas être résumée en une seule phrase : la fin de l'occupation israélienne.
Source : http://www.imemc.org/
Traduction : MG pour ISM
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