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Gaza - 28 février 2004
Par Mitch Potter
"Le garcon était à 5 mètres de nous, il nous disait au revoir après notre visite, dos au poste d’observation israélien". explique l’un des membres de l’équipe des Nations-Unies.
"Tout était absolument calme. Et un seul coup de feu a été tiré. Le garçon est tombé sur les genoux, puis il s’est écroulé sur le sol. C’était comme une vidéo au ralenti.
"Il n’y a aucun doute dans mon esprit que la balle venait du poste d’observation israélien. Ils étaient à environ 20 mètres. Il n’y avait rien d’autre. Il n’y a pas d’autre explication."
Un officier de l'armée israélienne a été suspendu après qu'un jeune palestinien non-armé ait reçu une balle dans le dos à bout portant alors qu’il disait au revoir à une délégation d’employés des Nations Unies, a appris The Star
Yousef Bashir, 15 ans, est toujours dans un état sérieux dans un hôpital de Tel Aviv, où il a été emmené après l'incident du 18 février qui s’est produit devant la maison de la famille près de la colonie Juive de Kfar Darom au sud de la Bande de Gaza.
"Il est partiellement paralysé sous l’omoplate, avec un éclat logé dans la colone vertébrale", a dit le père du garçon.
Un porte-parole des Forces de la Défense Israélienne a confirmé hier que l’officier, dont le nom n’a pas été révélé, avait été suspendu suite au tir, en attendant le résultat de l’enquête.
Dans un conflit marqué par une surabondance de victimes civiles des deux côtés, les Palestiniens revendiquent rarement des condamnations contre des soldats de l’IDF en raison des rapports contradictoires des témoins oculaires.
Le tir sur Bashir est rare parce qu’il s’est produit sous les yeux de 3 membres du personnel des Nations-Unies qui étaient venus rendre visite à la maison de la famille.
Encore plus rare, le père de la victime, Khalil Bashir, a dit la nuit dernière, qu’il ne voulait pas de punition pour le tireur.
Au lieu de cela, il demande que la situation critique de Yousef devienne un moment décisif pour une réconciliation historique avec Israël.
"Nous faisons une erreur si nous laissons notre mémoire meurtrie guider notre futur. La punition ne paye pas. Ce qui payera, c’est un changement de mentalité, " a dit Bashir, ému, au Star.
"Il est temps d’être tolérant et de pardonner. Je veux que les Israéliens sachent que nous, des deux côtés, n'avons aucune autre option. Consacrons-nous à faire fondre la glace et trouvons une solution pour donner à nos enfants une chance de vivre."
Les employés des Nations-Unies ne sont habituellement pas autorisés à parler directement aux journalistes sur des incidents de sécurité, mais l'organisation a fait une exception dans ce cas.
Les témoins ont été autorisés à parler au Star avec l'approbation de leurs supérieurs à condition que leurs noms ne soient pas cités.
"Le garcon était à 5 mètres de nous, il nous disait au revoir après notre visite, dos au poste d’observation israélien". explique l’un des membres de l’équipe des Nations-Unies.
"Tout était absolument calme. Et un seul coup de feu a été tiré. Le garçon est tombé sur les genoux, puis il s’est écroulé sur le sol. C’était comme une vidéo au ralenti."
"Il n’y a aucun doute dans mon esprit que la balle venait du poste d’observation israélien. Ils étaient à environ 20 mètres. Il n’y avait rien d’autre. Il n’y a pas d’autre explication."
Le tir est l’incident le plus grave dans la longue lutte de la famille de Bashir avec l’IDF.
Il y a près de 3 ans, l'armée a confisqué une large bande de la propriété de la famille pour agrandir la zone-tampon pour les colons juifs de Kfar Darom.
Lors de l’opération, la famille a indiqué que leurs serres avaient été démolies, presque 120 palmiers-dattiers ont été déracinées et l’IDF est réellement entré dans la maison, établissant des positions militaires au deuxième et au troisième étage, remplies de caméras de télévision à circuit fermé et de filets de camouflage.
Khalil Bashir, un directeur d’école de la ville voisine de Deir Al-Ballah, a refusé d'évacuer la maison et a déplacé sa famille : sa vieille mère, son épouse et ses cinq enfants, dans une chambre pour une personne au rez-de-chaussée.
Lors de ces dernière semaines, l’IDF a intensifié ses restrictions à la famille, interdisant les visiteurs sans accord préalable et leur donnant seulement un accès extérieur par leur jardin au nord.
Le 3 février, juste quand le Premier Ministre Ariel Sharon dévoilait son plan de retrait unilatéral des colonies israéliennes de Gaza, y compris Kfar Darom, la famille de Bashir et les autres propriétaires du voisinage ont reçu des ordres écrits par l’IDF pour des confiscations de terres supplémentaires.
Selon les ordres signés par le Général de Brigade de l’IDF, Dan Harel, les Bashir et 17 autres familles palestiniennes étaient informées de la perte de 43 dunums (1 dunum = 1 000 m2) pour une nouvelle barrière de sécurité afin de mieux protéger la colonie.
L’équipe des Nations-Unies, basée dans la ville de Gaza, rendait visite à la famille dans le but d’enquêter au sujet de ces nouveaux ordres quand le tir a eu lieu.
"Nous sommes arrivés dans une véhicule blindée clairement marquée Nations Unies, une voiture blanche avec des lettres noires" a indiqué au Star un second membre de l’équipe des Nations Unies dans une autre interview.
Après une brève visite, un soldat a crié que les visiteurs des Nations-Unies devaient partir.
"Khalil Bashir et son fils Yousef nous ont raccompagné à notre voiture. Nous sommes montés à l’intérieur et nous avons commencé à reculer. Ils nous ont fait au revoir de la main et c’est à ce moment que le tir a retentit et que le garçon s’est effondré". a expliqué le second membre des Nations-Unies.
"J'étais terrifié. On aurait pu aussi être pris pour cible. M. Bashir nous a crié de venir l’aider. Nous nous sommes avancés, avons ouvert la porte du véhicule blindé et avons mis le garçon à l'intérieur. Ses jambes étaient molles. Mais il était conscient, parlait un mélange d'arabe et d'anglais. Nous l'avons emmené d’urgence à l'hôpital de Deir al-Ballah."
Bashir a été transféré cette nuit-là vers l’hopital Shifa dans la ville de Gaza. Deux jours plus tard, il a été évacué en Israël pour un meilleur équipement et où les docteurs de Tel Aviv font leur possible pour qu’il puisse remarcher un jour.
Les témoins des Nations-Unies ont fait chacun leur rapport. Pour l’instant, ils n’ont toujours pas été interrogés par des enquêteurs de l’armée israélienne mais espèrent que leurs témoignages seront fournis aux autorités israéliennes par les réseaux diplomatiques des Nations-Unies.
"Malheureusement, en vivant à Gaza, nous sommes exposés à des choses moches". dit l’un des employés.
Khalil Bashir a dit, la nuit dernière, qu’il n’avait pas été contacté par les enquêteurs de l’armée pour son témoignage au sujet du coup de feu sur son fils.
"Ils (les officiers de l’IDF) sont venus chez moi et ont fait des excuses à mon épouse à deux reprises, en disant que le tir était une erreur. Mais, qu'ils aient fait une erreur ou pas, la réalité est qu’ils ont tiré sur mon fils," dit-il.
"Malgré mon amertume, malgré mon malheur et ma tragédie, je remercie Dieu que mon fils soit encore vivant"»
"Dans mes remerciements à Dieu, je suis plus déterminé que jamais pour trouver un chemin vers la paix. Je demande à nos amis partout dans le monde de m'aider à exploiter cette chance pour changer la mentalité. Je peux pardonner. Pardonnons tous."
Source : www.thestar.com
Traduction : MG
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