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ISM France - Archives 2001-2021

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Naplouse -

Les deux côtés ne veulent pas que Khader parle

Par

Le politicien Populiste dit que l’Autorité Palestinienne l’a trompé en le laissant aux mains israéliennes qui a arrêté le dissident et dont le procès obtient une attention limitée

Les yeux du monde étaient posés ailleurs il y a un an, lorsqu’une compagnie de 50 soldats israéliens sont venus appeler le politicien Palestinien Hussam Khader.
Les grands titres, naturellement, parlaient de Bagdad, où l'heure critique des bombardements s'approchait. Et Tel-Aviv, où la 11ème-heure de cohue pour se procurer du gros scotch, des couvertures de protection en plastique et des masques à gaz a dénoté les craintes israéliennes exagérées d'un arsenal que nous savons maintenant que Saddam Hussein n'a pas possédé.

Les deux côtés ne veulent pas que Khader parle

Même parmi les Palestiniens, les nouvelles ce jour venaient de la Bande de Gaza, où une étudiante américaine Rachel Corrie venait de devenir le premier pacifiste étranger à mourir durant 29 mois d'intifada, tombant sous un bulldozer blindé israélien en essayant d’empêcher des troupes de démolir une maison d'une famille de réfugiés.


Peu étonnant alors que l'arrestation de Khader la nuit du 16 mars 2003, n’ait à peine fait une lueur journalistique. Juste un autre leader palestinien tiré de son lit; un autre détenu qui rejoint plus de 6,000 prisonniers palestiniens passant déjà du temps dans des prisons tout autour d'Israël.

À part une chose : En arrêtant Khader, les troupes israéliennes ont aussi enlevé la seule épine la plus douloureuse dérangeant le régime du leader palestinien Yasser Arafat.

Khader, 42 ans, ayant étudié à l’université, était depuis longtemps le dissident le plus loquace et le plus embarrassant du Conseil Législatif Palestinien.

Elu en 1996 afin de représenter le sordide camp de réfugiés de Balata au Sud-Est de la ville de Naplouse en Cisjordanie , le dissident a fait de sa mission de montrer d’un geste accusateur ce qu’il voyait comme une alliance impie de corruption et de copinage bouchant le cercle intérieur d'Arafat.

Ce que les autres murmuraient, Khader le criait. Et inversement à la plupart, il ne voyait aucun mal à nommer l’homme qu’il voyait comme le principal contrevenant : Yasser Arafat.

Aujourd’hui, de sa prison israélienne, Khader fait sa plus grosse accusation de toutes : que les copains d’Arafat ont conspiré pour obtenir son silence, en fournissant à Israël des fausses preuves selon lesquelles Khader apportait son aide à des militants. En fait, il accuse Arafat d’utiliser son ennemi extérieur pour en éliminer un trop près de lui

Que les accusations de Khader soient vraies ou non, ça ne pourrait pas être prouvé même après les procédures juridiques israéliennes, qui reprennent cette semaine.


À la différence du procès publique de son ami de longue date et co-détenu très en vue, Marwan Barghouti - le seul autre politicien palestinien à avoir été arrêté par Israël - le cas de Khader est tombé sous la main du système de cour militaire israélienne considérablement plus secrète.

Le processus est celui dans lequel les accusateurs retiennent par habitude les preuves citant des soucis de sécurité, cependant gèrent toujours un taux de conviction à 97 %.

Selon des documents de la cour obtenus par the Star, Khader est accusé de cinq délits, dont l'aide à une organisation illégale et l’échec à stopper un acte délibéré de terrorisme, faisant référence aux activités d'une cellule de militants des Brigades des Martyrs Al-Aqsa de Balata en 2002 et 2003.

Un résumé en hébreu du procès-verbal rapporte les confessions d'un Amir Sawalmay, qui a dit aux investigateurs israéliens que Khader en entrer en contact avec lui pour armer et activer la cellule au début de 2002. Parmi d'autres actes, Sawalmay a dit dans une déclaration, que Khader a financé l'achat d'un AK-47, un pistolet et des munitions et a fourni 30,000 $ en devises diverses pour compenser le coût des attaques.

Dans sa déclaration de défense, copie qui a été obtenue par the Star, Khader a nié l'intégralité des charges, les qualifiant de mensonge de conspirateur

Répondant à ses accusateurs, il a demandé comment il était possible que l'information fournie par Sawalmay ait mené à son arrestation, alors que Sawalmay lui-même n'ait pas été arrêté par les forces israéliennes jusqu'à six semaines après les faits.

"Ces allégations sont des mensonges," a écrit Khader dans sa déclaration. "Je suis un prisonnier politique. Je suis l'opposant le plus grand à la politique d'Arafat. À cause de mes critiques, des traîtres à l'intérieur de l'Autorité palestinienne ont embauché des hommes pour m'impliquer contre une certaine somme d'argent."

Khader a nommé le patron des Services secrets Généraux palestiniens Tawfik Tirawi et Hani Al-Hassan, un membre en vue du comité central du mouvement Fatah dans sa déclaration, étiquetant les deux hommes, connus pour être des loyalistes d’Arafat, comme "des traîtres" à la cause palestinienne en disant qu’ils ont joué un rôle direct dans l'ingénierie de son arrestation.

Tirawi et Hassan ont décliné des demandes répétées pour un entretien pour cet article.


L’avocat israélien de Khader, Reyad al-Anees, dit que son client présente un cas unique.

"Je suis avocat depuis 25 ans. C’est le premier Palestinien à s’avancer et à accuser le leadership palestinien de le tromper. C’est choquant, vraiment."

Anees dit qu'il a été aussi frappé par "la fragilité" du procès-verbal. Dans le cas de Barghouti, des investigateurs israéliens ont rassemblé des confessions multiples et des documents de soutien alléguant le rôle du leader populiste de Cisjordanie comme le cerveau d'une série d’attaques qui ont tué 26 Israéliens.

Khader, en contraste, est accusé de faciliter une seule attaque qui semble ne pas avoir abouti à des blessures fatales, selon le témoignage d'un seul informateur, dit Anees.


Lui et d'autres soulignent que les intérêts d'Israël sont aussi servis par l'emprisonnement de Khader, ne fut-ce parce qu'il s’est prouvé être un avocat formidable et dur en faveur des droits des réfugiés palestiniens.

Bien qu’il soit le plus connu pour ses critiques sur Arafat, Khader n'est en aucun cas un modéré. Il voit comme inviolable le concept que tous les réfugiés palestiniens doivent gagner le droit de retourner dans leurs villages natals à l'intérieur d'Israël lors de n'importe quel éventuel règlement de paix.

Avec une diaspora de plus de 4 millions de réfugiés palestiniens enregistrés qui s'étendent à travers des camps en Jordanie, au Liban, en Syrie, en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, un tel retour est largement perçu par Israël comme étant une recette pour la destruction de l'Etat Juif. Et, ainsi, une raison pour ne pas conclure l’affaire.

Les références de Khader en tant que leader populiste ont été scellées lors de la première intifada, lorsqu’il a été emprisonné 23 fois. Entre les incarcérations, il a obtenu un double diplôme en gestion et sciences politiques à l’université An-Najah..

En 1988, il est devenu le premier activiste palestinien expulsé des territoires par Israël. En exil, il a trouvé sa voie à Tunis et, pour un temps, il est devenu un des jeunes leaders les plus favorisés d'Arafat.

La mésentente éventuelle entre les deux hommes pourrait ne pas avoir été exclusivement à propos des accusations de corruption de Khader, selon une source diplomatique Occidentale haut placée à Ramallah.

"On n'a pas donné à Khader une position particulièrement haut placée quand Arafat et l'Autorité palestinienne sont arrivés dans les territoires à la suite du traité de paix d'Oslo (1993), " a indiqué le diplomate.

"Une fois qu'il est devenu clair qu'il était hors jeu, c'est alors que les critiques ont commencé. Et elles ne se sont jamais arrêtées. Elles sont juste devenues plus fortes".

"Il a mis en colère tellement de personnes depuis des années, cela pourrait bien être la raison pour laquelle tout le monde se tait maintenant. Il avait une si grande gueule. Peut être qu’il n’a plus d’amis qui veulent parler en sa faveur."

Dans sa maison du camp de Balata, cependant, les partisans de Khader disent que le silence palestinien depuis son arrestation se résume à de la censure. Quoique la presse palestinienne contrôlée par l’Autorité Palestinienne continue à classer Barghouti comme prisonnier héroïque, on interdit aux journalistes d'écrire un mot à propos de Khader.

"Ils écrasent Hussam comme un insecte pour le faire taire," dit le frère de Khader, Ghassan.

"Tous les journalistes Palestiniens disent que c’est un poison pour eux. Ils n’ont aucune liberté. Hussam est tabou."

Les partisans de Khader disent que le froid autour de son nom est cohérent avec les menaces similaires qu’il a reçues ces dernières années.

Ils désignent un prospectus prétendu être des Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa, crée en Aout 2001, qui a accusé Khader d’être un collaborateur des services de renseignements israéliens.

Le jour après que le faux prospectus ait apparu partout dans Balata, un deuxième prospectus, cette fois marquée du logo de la vraie Brigade Al-Aqsa, a fait le tour du camp, dénonçant le prospectus précédent comme étant un faux.

Et l’été précédent son arrestation, quelqu’un a été témoin d’une tentative manifeste du Star de museler Khader au milieu d’un entretien dans sa maison de Naplouse.

Khader était entrain de comparer l’Autorité Palestinienne à la Ferme des Animaux de George Orwell. Arafat, a t-il dit, était Napoléon, « le cochon ».

Mais Khader a été interrompu au milieu de sa tirade par un émissaire d’Arafat et d’autres murmures en Arabes ont suivis. Lorsque le messager est parti, Khader a annoncé qu’il venait d’être prévenu de ne pas parler à des journalistes étrangers.

"Et je m’en fiche," il rit, avant de reprendre son histoire.

Mais avec l'invasion imminente de l'Irak éclipsant son arrestation et le linceul de la cour militaire israélienne masquant son destin légale, les partisans de Khader savent que la bataille est dure pour être simplement entendus.

"Hussam a été enterré par la guerre," dit Ghassan Khader. "Nous n’avons pas été capables de faire assez de bruit pour lui".

"La famille Barghouti, ils sont nombreux, avec 15 villages à leurs noms. Ils ont fait le bruit nécessaire pour Marwan."

En fait, Nadwa, la femme de Khader est née Barghouti. Mais l’année dernière, ses efforts se sont concentrés sur l’éducation de ses trois enfants : Amani, 12 ans, Amira, 9 ans, et Ahmed, 6 ans.


La plus grande des trois semble plus vieille que son âge. Quand on lui demande ce qu’elle pense de l’arrestation de son père, Amani répond avec une détermination pleine de fierté.
"Il dit toujours ce qu’il pense," dit elle. "Il dit toujours la vérité. Il n’y a pas beaucoup de personnes qui ont cette forme de courage. Je suis fière de lui."


Lire notre article : Hussam Khadr, une voie courageuse que la prison n'a pu faire taire

Source : www.thestar.com

Traduction : BM pour ISM-France

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