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ISM France - Archives 2001-2021

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Cisjordanie -

Vous imaginez ça ?

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Pendant le week-end, j’ai vu 3000 soldats israéliens fortement armés converger vers les rues étroites de la vieille ville de Jérusalem, contourner les murs qui la limitent, stationner dans les rues voisines et paralyser la circulation avec des dizaines de checkpoints.
Le chef de la police n’a pas fait dans la dentelle quand il a expliqué aux media la présence de cette force policière et de ce contingent de l’armée.
Il a indiqué que les troupes étaient là pour protéger les Juifs contre une réaction palestinienne à l’attaque.
Eh oui. Il l’a dit comme ça.

Pendant le week-end, j’ai vu 3000 soldats israéliens fortement armés converger vers les rues étroites de la vieille ville de Jérusalem, contourner les murs qui la limitent, stationner dans les rues voisines et paralyser la circulation avec des dizaines de checkpoints.

Cette lourde présence répondait aux menaces proférées par un mouvement juif de droite promettant d’attaquer le Mont du Temple, l’endroit où, aucoeur de la vieille ville, se trouve la mosquée d’Al Alqsa que vénèrent tous les Musulmans du monde.

La dernière fois qu’un juif de droite a imaginé une provocation comme celle-là, (et c’était Ariel Sharon) il a déclenché la deuxième Intifada (soulèvement qui a eu pour résultat, ces quatre dernières années, plus 3500 morts palestiniens et plus de 940 morts israéliens.

Aussi, c’est compréhensible, que l’atmosphère autour de Jérusalem, ces jours derniers, était particulièrement tendue.

Maintenant, vous pouvez imaginer combien les Palestiniens sont contents d’avoir 3000 soldats et policiers pour les protéger, eux et leur saint site, ce week-end.

Bon, dans un pays démocratique normal on dirait que la police et l’armée sont là pour protéger ceux qui font l’objet de menaces de la part des extrémistes.

Mais c’est l’état d’Israël et rien n’est normal et quand vous vous appelez Abdul, il n’est certainement pas démocratique.

Le chef de la police n’a pas fait dans la dentelle quand il a expliqué aux media la présence de cette force policière et de ce contingent de l’armée.

Il a indiqué que les troupes étaient là pour protéger les Juifs contre une réaction palestinienne à l’attaque.
Eh oui. Il l’a dit comme ça.
J’étais stupéfaite qu’il n’ait même cherché à donner le change, à cacher le racisme de l’état, et à faire comme s’il s’intéressait à la protection de ceux qui faisaient l’objets des menaces.

De nouveau, et comme toujours, on faisait peser sur les Palestiniens, s’il arrivait quelque chose, la responsabilité, pas sur les extrémistes de droite juifs qui avaient menacé d’une provocation.

Il s’est avéré que la manifestation de droite a été un flop, mais tout ce fiasco illustre, un peu, à quoi ressemble la vie des Palestiniens ici.

Pendant tout le week-end, ce sont les Palestiniens qu’on a arrêtés aux checkpoints installés autour de la vieille ville.

Tous les hommes de moins de 40 ans avaient été interdits d’entrer dans la vieille ville.
Ce qui veut dire que les hommes n’ont pas pu aller en cours, au travail, ouvrir leurs boutiques, jusqu’aux prières du vendredi, empêchés de vaquer normalement à leurs affaires.

Bien des portes de bureaux sont restées closes parce que les équipes n’ont pu s’y rendre, ce qui est à l’origine de pertes économiques considérables.

En même temps, les juifs religieux paradaient en grand nombre dans la vieille ville.
Vous imaginez ça ?

Ainsi, ceux qui doivent subir la punitions collective que sont les menaces de violence et les provocations et qui n’étaient pas ceux qui avaient émis les menaces, mais ceux contre lesquels ces menaces étaient proférées, les Palestiniens – vous imaginez ça ?

Ca arrive souvent à Hébron, une ville de Cisjordanie où une communauté de colons juifs extrémistes est installée en plein milieu de la ville.

Ils sont tous délicieux : ils ont pour habitude de jeter par les fenêtres des ordures et de l’eau brûlante sur les enfants palestiniens quand les enfants vont à l’école, d’abattre des oliviers centenaires, de détruire les propriétés, de battre les gens, de répandre des graffitis racistes, de cracher, de maudire, et de généraliser le terrorisme et le meurtre.

Chaque fois que les colons d’Hébron deviennent particulièrement violents, on peut prévoir ce qui va arriver.

Les Palestiniens en subissent les conséquences. Je ne veux pas seulement dire qu’ils souffriront des violences, mais que, comme toujours et bizarrement, ils écoperont de punitions.

Par exemple, chaque fois que les colons se déchaînent dans la ville, ce sont aux Palestiniens qu’on impose le couvre-feu, en opposition à la violence des casseurs.
Vous pouvez l’imaginer?

La semaine dernière deux de mes amis, de jeunes américains, ont été battus par des colons dans la campagne alors qu’ils protégeaient un petit village du terrorisme constant des colons. Quand les Palestiniens ont téléphoné à la police pour signaler l’incident, la police a simplement raccroché.
Quand les deux blessés américains ont éposé plainte auprès de la police, ils ont été arrêtés pour avoir été battus (Je ne plaisante pas).
Vous pouvez l ‘imaginez ?

Quand les colons du sud d’Hébron ont répandu du poison dans la colline près d’un village palestinien pour détruire les troupeaux, la police n’a arrêté personne bien qu’il y ait eu plusieurs témoins de ce crime.

Au contraire ils nommé un homme de colonie même qui avait répandu le poison, pour "enquêter" sur l’incident.
Bien que de nombreuses bêtes, précieuses, aient été tuées et que le sol ait été contaminé depuis des années, nous ne nous attendons pas à des arrestations, et évidemment, de la part d’un pays qui se dit démocratique, c’est pour nous invraisemblable.


Et alors que les media parlent d’un cessez-le-feu paisible, ici nous savons que des dizaines de Palestiniens ont été tués depuis les conversations de Sharm-el-Sheik.

Vous n’avez pas entendu parler de ces vies ?

Les media n’en ont pas fait état ?

Réfléchissez, et demandez-vous pourquoi.


Ces checkpoints déshumanisants qui font de la Palestine en prison à ciel ouvert sont toujours là, ces milliers de Palestiniens qui sont détenus en prison sans chef d’accusation ni procès, cette terre palestinienne volée pour qu’Israël construise son mur d’apartheid, ces arrêtés qui sont constamment publiés pour la démolition de maisons, ces bergers qui sont terrorisés, ces trois adolescents qui ont été tués cette semaine, ces colons qui empoisonnent l’herbe et les troupeaux, ainsi va la vie.

C’est la vie des Palestiniens avec le cessez-le-feu. C’est cela « la paix» , pour eux.

Vous n’avez pas entendu ce point de vue ? Avant que je n’arrive en Palestine, je n’avais jamais entendu le point de vue des Palestiniens, sur rien.
Si je n’étais pas venue, si je n’avais pas été moi même témoin, je ne pourrais sans doute pas croire que ça puisse arriver.

La semaine dernière, j’ai passée du temps en Israël « proprement dit » et j’ai parlé à de nombreux Israéliens. Ils ont adoré me raconter ce qu’ils appellent le côté «israélien» de l’histoire. Et il m’a semblé que j’avais déjà entendu cette version de l’histoire.

En fait je l’ai entendue presque tous les jours de ma vie, et c’est toujours vrai. Je l’ai apprise à l’école du dimanche, dans mon cours d’histoire, dans les médias, à la télévision, dans les livres et les films. Enfant, je ne me rappelle pas avoir entendu autre chose que le récit israélien. Alors je l’avais accepté.

Mais maintenant je n’ai pas seulement entendu le récit palestinien, je l’ai vu, et j’en suis profondément troublée et je n’arrive pas à m’y faire.

Et je suis troublée par le fait que vous risquez de ne pas l’avoir entendu.

Cela vous troublerait aussi et nous devrions nous demander pourquoi l’autre version de cette histoire tragique nous a été si délibérément subtilisée.


J’avais d’abord décidé de venir en Palestine pour seulement quelques semaines.

Je pars demain, au bout de trois mois et demi, le cœur brisé, triste, déroutée et en colère.

Au moment où je rentre à la maison, je vous demande instamment, s’il vous plait de faire votre possible pour venir ici et vous faire votre opinion sur ce qui est arrivé dans le passé et pour écouter des récits que vous n’avez jamais entendus, voir ce qui arrive en ce moment, être témoin d’histoires que vous ne verrez jamais dans les journaux télé.

Décidez-vous.

Vous constaterez les violations des droits de l‘homme, le vol des terres par l’état, un sale grand mur de béton, le racisme et l’apartheid institutionnalisés, les checkpoints déshumanisants, la violence en toute impunité, les violations des résolution des Nations Unies, narguant la loi internationale…

Tout cela dans le plus pur style d’une «démocratie» occidentale… et le monde entier laisse faire.

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : CS pour ISM

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