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ISM France - Archives 2001-2021

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Tulkarem -

Trois jours de couvre-feu à Saida

Par

> ism-alerts@palsolidarity.org

Une fouille complète de chaque maison du village a débuté et apparemment, le pire des traitements a été imposé aux maisons appartenant aux hommes "recherchés" par les autorités israéliennes.
Dans ces maisons la vaisselle et la verrerie ont été brisées, des meubles ont été cassés, les murs des caves et des dépendances ont été fracassés avec des marteaux, et pire encore - des puits à proximité du village ont été détruits à l'aide d'explosifs

Saida est entré dans son troisième jour de couvre-feu, sans aucun signe de fin en vue. Ce fut à sept heures mardi matin que le couvre-feu a été annoncé. Les camions militaires et les jeeps de police sont arrivés dans un vacarme sur les routes de gravier du petit village de Saida.

De plus de plus de véhicules militaires se sont rassemblés autour de la maison où nous étions.
Cinq d'entre nous, ISMers, sont sortis sous le porche pour être bien visibles des troupes qui se rassemblaient à l'extérieur.
Rapidement, quelques véhicules se sont garés près de la maison, et puis plus rien.

Une belle maison située un peu plus haut sur la colline a été occupée peu de temps après, et deux des volontaires de l'ISM sont allés montrer leur soutien à la famille emprisonnée à l'intérieur et y sont restés pendant environ 30 heures.

Le couvre-feu est une arrestation massive à l'intérieur des maisons. On interdit aux gens d'entrer ou de sortir de leurs maisons pendant toute la durée du couvre-feu. Il est annoncé via des puissants haut-parleurs placés sur le toit des jeeps et des camions qui sillonnent la ville et aucune information sur la durée n'est donnée. A Saida, ces mégaphones ont remplacé les muezzins : il n'y a eu aucun prière depuis le début du couvre-feu. Les portes des maisons étaient décorées de palmes pour accueillir ceux qui revenaient du Haj à La Mecque - Elles attendront plus longtemps que prévu.

Alors que la maison sur la colline était occupée par près de 50 soldats soldant qui squattaient le rez-de-chaussée, l'opération militaire a commencé dans le village.

Une fouille complète de chaque maison du village a débuté et apparemment, le pire des traitements a été imposé aux maisons appartenant aux hommes "recherchés" par les autorités israéliennes.
Dans ces maisons la vaisselle et la verrerie ont été brisées, des meubles ont été cassés, les murs des caves et des dépendances ont été fracassés avec des marteaux, et pire encore - des puits à proximité du village ont été détruits à l'aide d'explosifs.

Récupérer l'eau par l’installation de citernes sur les toits et par le forage de puits sont une pratique courante - quand un puits est détruit, il ne peut plus être utilisé. Creuser un puits peut coûter jusqu'à 5000 shekels et peut prendre jusqu’à trois mois pour son remplacement. En attendant, les voisins aident. Quand nous avons demandé à un homme dont les deux puits ont été dynamités s'il demanderait une compensation auprès des autorités israéliennes, il a ri. "La question est s'ils dynamiteront les nouveaux," a-t'il dit.

Plus tard dans la matinée, le générateur s'est arrêté, laissant le village sans électricité. Nous étions effondrés. Plus tard dans l'après-midi, le générateur local a été remis en marche. Le maire a dit que les troupes l'avaient contacté aujourd'hui à ce sujet, parce qu'elles avaient aussi besoin d'électricité, elles ont donc permis à l'un des hommes du village de le réparer en dépit du couvre-feu.
Mercredi, trois d'entre nous ont rompu le couvre-feu. Les gens regardaient de leurs toits ou à travers les grilles des fenêtres : Avaient-ils besoin qu'on leur ramène quelque chose des boutiques ? leur avons-nous demandé.
Aucune aide de quelque nature que ce soit nous a été demandée : ils voulaient plutôt que nous fassions lever le couvre-feu.
Aussi, dans l'après-midi, nous avons gravi la colline jusqu'à la maison occupée pour faire la demande au commandant.

L'officier supérieur que nous tentions d'approcher nous a traité tel un grand oiseau, nous renvoyant d'un revers de la main.


"Pouvez-vous nous consacrer une minute ? » avons-nous demandé.

"Je ne vous donnerai pas une minute. Je vous donnerai seulement une seconde."

Et il a donné l’ordre que nous soyons escortés jusqu’à la maison où nous étions hébergés.
Peu après, il nous a désigné à deux de ses hommes et s’est adressé nà nous en colère : "Vôtre maison est la seule qui soit ouverte," et il a imité à nouveau le vol d’un oiseau.
Il nous a dit : "Je veux que cette porte reste fermée et ne voir aucun visage ou je mettrai un garde sur votre porche."

Beaucoup trop pour notre souci des souhaits des villageois.
Beaucoup trop pour l'éthique de l'armée, qui, selon leur site internet, sont toujours décents et polis dans leurs fonctions.

L'après-midi ensoleillé a été ponctué par d'énormes retentissements d'explosion. On nous a dit que c'étaient des puits et des grottes qui étaient dynamitées.

De la ville, les fouilles s’étaient étendues vers l’extérieur, dans les champs et les collines entourant le plus haut village de la région de Tulkarem. On nous a dit que cela faisait partie d’une vaste opérantion lancée dans toute la Cisjordanie , pour se saisir des hommes recherchés.

Dans la soirée, nous nous sommes dissumulés pour aller jusqu’à la maison du maire. Il revenait juste d'un déplacement facilité généreusement par l'armée : pour acheter le pain dans le village voisin et le distribuer dans Saida.

Le maire était hospitalier, de même que tous les Palestiniens que nous rencontrons. Il nous a servi le thé, et a affirmé que les actions de l'armée israélienne sont conçues pour effrayer les locaux.
L'armée n’a pas eu la courtoisie de l’informer de leurs plans, de leurs intentions, ou de la durée de leur séjour.
"Les gens ne peuvent pas aller travailler, ils perdront donc leurs salaires. Beaucoup de gens sont des fermiers et les gens ne peuvent pas atteindre leur terre" a-t’il déclaré.

À un moment, l’un des hommes dans la pièce a indiqué : "Quand vous serez prêts à partir, j'ai de la nourriture que je dois apporter à mes chèvres, accepteriez-vous de m’accompagnez?"

A l’extérieur, il a chargé un gros sac sur son épaule, et l’un de nous a pris l'autre et nous avons descendu la nourriture jusqu’à l’abri des chèvres près du logement de l'homme. Sa gratitude était palpable, mais nous étions désolés de ne pas pouvoir rester boire du thé et le laisser nous remercier.
Il faisait noir maintenant et les soldats pourraient être nerveux.

L’objectif de cette opération pourrait être remise en question par un facteur : Le Mur massif de Séparation d'Israël.

Le gouvernement Israélien déclare que le mur est construit pour raisons de sécurité.
Ce mur, illégal selon la Cour Internationale de Justice, est achevé dans toute la partie nord de la Cisjordanie , y compris la région entourant Saida.

Les intérêts de sécurité d'Israël dans ce secteur devraient, donc, être terminés.
Une opération telle que nous la voyons à Saida est non seulement inhumaine, mais complètement inutile.

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : MG pour ISM-France

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