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ISM France - Archives 2001-2021

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Tulkarem -

Journal sous couvre-feu : Jeudi

Par

J'écris à la lumière d’une bougie dans la salle de séjour d’une famille de la ville palestinienne de Cisjordanie, Saida, où je suis actuellement sous arrestation dans une maison par l’imposition du couvre-feu par l’armée, tout comme 3.500 autres personnes.
La salle de séjour de ma maison d’adoption est remplie de gens. La grand-mère à l'écharpe blanche et au visage grave et plusieurs de ses 13 enfants : quatre soeurs adorables avec leurs diverses tribus d’enfants, trois plus jeunes frères et plusieurs cousins.

Ils n'ont pas d’autres choix que de rester à l'intérieur. S'ils ouvrent leur porte de devant ,ils seront confrontés à la mitrailleuse de l'un des centaines de soldats israéliens fortement armés qui ont envahi et occupent cette ville paisible de fermiers, il y a trois jours.

Il fait noir et froid mais pour cela il y a la lueur du chauffage au kérosène et les deux bougies posées sur la table du café. C'est parce que l'armée a coupé l'électricité.
Les femmes nous offrent le café et un repas malgré le fait qu’elles n'ont pas pu faire leurs achats à l’épicerie. On a averti les commerçants que s'ils ouvraient leurs boutiques, leurs magasins seront bombardés.

Cette famille a demandé que nous restions parmi eux dans leur maison après qu’elle ait été terrorisée pendant plusieurs nuits par les militaires. Ils imaginent que si les internationaux sont présents, alors Insha'allah (si Dieu le veut), les soldats ne casseront pas leurs objets de valeur, ne les frapperont pas ou ne tueront personne.
Mais leur plus grande crainte est que leur maison soit démolie, tout comme tant d'autres maisons palestiniennes.

Demain nous entrerons dans le quatrième jour de l'opération militaire dans cette ville. Elle a transformée en chaos la vie des milliers d'êtres humains, et je suis presque sûre que cette information n’est pas arrivée jusque chez moi parce qu’il n’y a pas de personnes blanches impliquées.

Je suis ici avec trois autres internationaux : deux Anglaises et un Canadien. Nous sommes ici pour témoigner de cette invasion et de cette occupation, observer et témoigner des abus de droits de l'homme (qui sont là nombreux), parler au nom des gens, livrer de la nourriture, fournir de l'aide et intervenir dans les situations difficiles.

En dépit des menaces régulières des mitrailleuses portées par ces jeunes soldats, nous avons décidé de défier le couvre-feu de 24 h qui a emprisonné ces gens dans leurs maisons. Ils ne peuvent pas aller sur leur balcon, vont encore moins à leur travail, dans les magasins de la ville voisine ou travailler leur terre.

L'invasion de cette ville est un acte de punition collective, ce qui est considéré comme crime de guerre en vertu du droit international. Les militaires disent qu'ils recherchent des « personnes recherchées » dont huit sont de Saida.

Après trois jours de fortes explosions, de tirs et de fouilles de maisons, ils n’ont pas réussi à trouver les hommes recherchés mais ils ont réussi à terroriser Rihab, 6 ans, qui se cache sous la table quand elle entend les soldats arriver, une femme de 75 ans qui prie pour que nous ayons du pain aujourd’hui et Nasser, un étudiant de 21 ans qui ne peut pas sortir de la ville pour aller à l’université.


Aussi nous défions le couvre-feu, non seulement parce que c’est illégal, mais parce que les êtres humains qui sont enfermés derrière leurs portes ont besoin de nourriture, de médicaments et de beaucoup d'autres choses pour survivre.

Nous marchons dans les rues abandonnées où les gens nous appellent de leurs fenêtres et du dessus de leurs toits. Nous pouvons voir pas leurs visages soulagés de nous voir. Ils nous disent ce dont ils ont besoin et nous essayons de le trouver quelque part et de leur apporter.
Un homme nous a demandé de l’accompagner pour porter de la nourriture à ses chèvres.
Nous entrons également dans les maisons pour écouter leurs histoires et leurs inquiétudes.

Je ne sais pas combien de jours il faudra avant que quelqu’un remarque que cette petite ville est sérieusement harcelée par le terrorisme-santion du Gouvernement Israëlien.

Je ne sais pas combien d'invasions, d’humiliations et de morts faudra-t’il avant que les leaders mondiaux réalisent que pour obtenir la paix au Moyen-Orient, il faudra de la bonne volonté des deux côtés.

Après toute la rhétorique des politiciens au sujet de la paix suite à l'élection palestinienne, la population de Saida pourrait être pardonnée d’être un peu désabusée.

Ils n'ont vu aucune bonne volonté de la part de leurs partenaires potentiels, mais plutôt le baril d'une arme qui leur a enlevé leur liberté depuis trois jours maintenant, et pour combien de jours encore , nous ne le savons pas.

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : MG pour ISM-France

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