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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Ce double langage qui tue

Par

Hasan Abu Nimah est ancien ambassadeur et représentant jordanien permanent aux Nations Unies

Israël tue régulièrement 10 à 12 Palestiniens par jour, l’équivalent quotidien d’un ou deux attentats suicides palestiniens. Israël s’est engagé dans une destruction de masse à Gaza, infligeant à des populations qui souffrent depuis des dizaines d’années, ce que dans d’autres circonstances, les leaders du monde entier dénoncent comme nettoyage ethnique, si ce n’est un génocide pur et simple.
A part une critique de pure forme, il y a une grande tolérance à l’égard de ce massacre continuel.

Comme d’habitude, il y a réaction disproportionnée et sans nuance à la violence récente et ininterrompue dans notre région. Depuis septembre dernier, Israël massacre les civils des territoires occupés de Gaza. Comme je l’ai écrit, le nombre de morts a dépassé les 115 dont plus de trente enfants.


Israël tue régulièrement 10 à 12 palestiniens par jour, l’équivalent quotidien d’un ou deux attentats suicides palestiniens. Israël s’est engagé dans une destruction de masse à Gaza, infligeant à des populations qui souffrent depuis des dizaines d’années, ce que dans d’autres circonstances, les leaders du monde entier dénoncent comme nettoyage ethnique, si ce n’est un génocide pur et simple.

A part une critique de pure forme, il y a une grande tolérance à l’égard de ce massacre continuel.


Et surtout, certaines organisations s’empressent même d’apporter leur aide à Israël. Au début de ce mois, Israël a accusé l’UNRWA, l’organisation des Nations Unies qui offrent des services essentiels aux réfugiés Palestiniens depuis qu’ils ont été expulsés de leur patrie, d’avoir utilisé une ambulance pour que des Palestiniens transportent des rockets en vue d’attaquer Israël.



L’ambassadeur d’Israël aux Nations Unies a aussitôt réclamé le licenciement de Peter Hansen délégué général de l’UNRWA. Au lieu de rejeter les accusations israéliennes qui d’évidence n’étaient qu’invention et propagande, le Secrétaire Général des Nations Unies, Kofi Annan a immédiatement constitué une équipe d’enquêteurs qu’il a aussitôt envoyé enquêter en Israël.


Cela donne une crédibilité parfaitement imméritée aux accusations israéliennes qui finalement, de façon assez embarrassante, ont été retirées, et éclaire l’UNRWA d’une lumière largement défavorable.

Alors qu’Israël était plongé dans l’embarras, le mal était fait puisque les media américains reprennent souvent les accusations initiales mais ne suivent que rarement l’histoire jusqu’au bout.

Si Kofi Annan s’était occupé de tous les problèmes de la région avec autant de sérieux, son action n’aurait rien eu de très remarquable.
Mais au moment où il diligentait une enquête sur de prétendues actions contre Israël, il n’a pas levé le petit doigt pour enquêter ou arrêter l’agression israélienne contre Gaza au cours de laquelle, entre autres choses, Israël a détruit le jardin d’enfants de l’UNRWA à Beit Lahia.

Le soutien choquant d’Annan à Israël contraste avec la manière dont il a désamorcé l’avis du Conseil de Sécurité pour une enquête sur la destruction par Israël du camp de réfugiés de Jénine en avril 2002.

Avant de disperser l’équipe d’enquêteurs, Annan avait cédé à la pression israélienne en relevant Hansen de l’équipe, jetant ainsi le doute sur son intégrité et sa neutralité.

Le fait est que l’UNRWA, et bien sûr toute agence qui ont pour but d’aider les Palestiniens et d’atténuer le mal délibéré et sadique qu’Israël et ses alliés sont en train de leur infliger, sont dans la ligne de mire d’Israël et ses alliés pour être liquidées.


Dans la région, Israël s’attaque à l’agence et à son personnel, entravant leur travail et tuant au besoin le personnel, comme il a tué Ian Hook à Jénine en novembre 2002.


Simultanément, les alliés d’Israël aux Etats-Unis mènent campagne dans les medias contre l’UNRWA et au Congrès, accusant l’agence, tout à fait mensongèrement, de soutenir les « terroristes » palestiniens et d’inciter à la violence dans les écoles qu’elle dirige.

Le secrétaire général des Nations Unies connaît bien ce contexte mais en renonçant a affronter Israël pour la défense de son propre peuple et en tant qu’organisation des Nations Unies, il ne fait qu’encourager cette campagne de haine et d’incitation, comme il encourage Israël à mépriser la loi internationale et les résolutions des Nations Unies.


Les accusations portées contre l’UNRWA n’étaient même pas les plus répugnants des mensonges d’Israël. Le 5 octobre, les troupes israéliennes ont tiré et tué une écolière de 13 ans, Iman Al Hams, à Rafah au sud de Gaza. Comme d’habitude, Israël a affirmé que cette enfant voulait lancer une bombe et que ça constituait une menace mortelle contre ses soldats d’occupation lourdement armés.

Cependant, le 11 octobre, l’avocat de l’armée israélienne a annoncé une enquête sur les accusations portées par d’autres soldats selon lesquels, après que la petite fille ait été tuée, leur commandant lui avait tiré deux balles à bout portant dans la tête et qu’alors il avait recommencé une troisième fois et vidé tout son chargeur sur elle.


Depuis les débuts de l’Intifada, Israël a tué plus de 500 enfants.

Pratiquement, aucune enquête n’a été diligentée sur ces affaires malgré les preuves plus qu’abondantes que ces enfants ont été visés à la tête ou à la poitrine selon une pratique délibéré de ciblage.
Peut-être que, grâce à la dénonciation de cette affaire par d’autres soldats, elle fera partie des rares cas instruits par la justice.
Quand les palestiniens décrivent les atrocités quotidiennes qu’ils subissent non seulement on réfute leurs témoignages mais les criminels ne sont pas punis.

En plus des atrocités de Gaza, la région s’est retrouvée chancelante à cause des attaques à la bombe Taba qui ont visé à Taba les touristes israéliens et ont tué des douzaines de personnes, parmi lesquelles de nombreux égyptiens et d’étrangers.


Ca a suscité de violentes dénonciations de la part des leaders du monde entier qui les ont évidemment considérées comme des crimes terroristes atroces. Dans l’hystérie anti-terroriste actuelle pourquoi sommes-nous supposés considérer que le meurtre de civils par un kamikaze dans un camion plein d’explosif est plus affreux que le meurtre de civils par un homme en uniforme dans un char, ou dans un hélicoptère ou un bulldozer ?



L’assaut d’Israël contre Gaza a tué plus d’enfants en quelques jours que toutes les victimes de Taba. Et c’est tout simplement immoral de continuer d’affirmer qu’il y a une différence quelconque entre les deux types de terrorisme.

L’important ici ce n’est pas de dire que l’attaque de Taba est d’une certaine façon excusable et justifiable mais de souligner que les attaques sur Gaza devraient être traitées comme les attaques sur Taba, comme des crimes terroristes, sauvagement destinbés et calculés pour tuer des gens innocents.

Si les leaders occidentaux et les commentateurs reculent devant cette équivalence ils pourraient au moins comprendre que les gens ici, dans cette région, font déjà le parallèle.

Ce qu’ils voient c’est des nations puissantes qui considèrent la vie des juifs israéliens et des autres occidentaux comme plus précieuses par essence que celle des Arabes, des Musulmans et autres peuples de couleur.
C’est le cas de la Palestine et de l’Irak..

Les Européens et les Américains kidnappés par les Irakiens et parfois monstrueusement assassinés reçoivent bien plus d’attention que les enfants irakiens et les invités des mariages que les spectateurs des télé. arabes peuvent voir quand ils sont retirés des décombres de bâtiments bombardés par les Etats-Unis à Falouya et Samara.

Quiconque de sensé doit condamner sans réserve les décapitations qu’on a vues en Irak, mais ce n’est pas un crime que de demander pourquoi ils ont lieu maintenant et pourquoi ils n’avaient jamais eu lieu avant dans l’histoire de l ‘Irak et de la région.

De plus en plus nous voyons un monde où ceux qui ont les armes les plus technologiquement perfectionnées et les uniformes ont le droit de tuer des gens loin de leurs propres rivages en toute impunité tout en parlant « d’auto défense ». alors que ceux qui les affrontent dans les rues de leurs village avec ce qu’ils peuvent sont étiquetés « terroristes ».

L’indignation du monde face à Taba et le relatif silence sur Gaza et les actions américaines en Irak ne passent pas inaperçus dans la région. Et même, le double discours ne fait qu’alimenter les feux de la colère et de l’extrémisme et conduit à des réactions toujours plus désespérées et épouvantables.
`
Etrangement Israël, qui condamne si facilement les palestiniens pour tout et n’importe quoi, fait pour beaucoup s’exonérer de toute responsabilité dans les attaques de Taba et s’est empressé d’accuser Al Qaeda malgré l’absence de toute preuve tant d’un côté que de l’autre..

Ce n’est évidemment pas un acte de générosité de sa part. Israël a désespérément besoin que le monde n’en tire pas la conclusion la plus évidente : à savoir que, aussi longtemps qu’Israël occupe et terrorise toute une nation, les Israéliens ne trouveront ni sécurité ni paix et ne construiront jamais de mur assez haut pour les protéger des conséquences des horreurs qu’ils propagent.

Source : www.jordantimes.com/

Traduction : CS pour ISM-France

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