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Palestine -

La dé-participation comme stratégie palestinienne ?

Par

Cette analyse de Haidar Eid a été publiée sur Al-Shabaka Commentary le 10 décembre 2013.

Nombre de solutions ont été énoncées pour résoudre la crise de leadership qui accable le peuple palestinien depuis plusieurs décennies, comme la réforme de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) de l'intérieur par des élections au Conseil national palestinien, ou la nomination du Hamas et d'autres groupes islamistes au Comité exécutif de l'OLP. Cependant, la crise de gouvernance, et bien sûr de tous les partis politiques de droite comme de gauche, est maintenant si profondément enracinée que la seule issue est peut-être de "dé-participer" au système politique palestinien actuel.

La dé-participation comme stratégie palestinienne ?

De jeunes Palestiniens bloquent la route principale à l'extérieur de la ville de Hura, dans le Nakab, où a eu lieu une grande manifestation contre le Plan Prawer le 30 novembre 2013, nommé "Jour de Rage" (Photo: Activestills.org)
Qu'est-ce que la "dé-participation" ? Selon la définition de Mesud Zavarsadeh et Donald Morton dans un contexte différent dans leur "Theory as Resistance", "les options reviennent à soit être 'persuadé' qu'il est légitime de travailler au sein du système et donc accepter les structures existantes, soit à estimer qu'il n'y a pas d'espace pour un changement radical." [1] Le problème du travail à l'intérieur d'un système existant qui a perdu sa légitimité, c'est que ça occulte "les possibles que le pragmatisme étouffe", comme le soulignent Zavarsadeh et Morton.

Afin de mettre en lumière la puissance de ce qui est possible pour le peuple palestinien, nous devons d'abord dé-participer aux structures politiques illégitimes et inefficaces. Sinon, nous continuons à avoir un nombre très limité d'options, chacune pire que l'autre, et aucune ne réalisant l'autodétermination et les droits palestiniens. Permettez-moi de dire tout de suite que ceci n'est pas un appel à mettre fin à l'activisme palestinien pour l'auto-détermination, la liberté, la justice et l'égalité - loin de là, comme nous le verrons ci-dessous après un bref examen de la crise de la droite et de la gauche.

La crise de la droite

Appliquer le terme "illégitime" à l'ensemble du système politique palestinien, y compris les partis politiques de gauche comme de droite, peut paraître trop sévère ou radical - jusqu'à ce que l'on examine les faits. J'ai beaucoup écrit récemment sur la crise de la droite tant dans ses manifestations laïques que religieuses dans Rai Alyoum et sur la crise de la gauche dans Alternative News. Les points principaux sont présentés ci-dessous.

La crise des partis de droite, tant "laïques" (Fatah et ses alliés) que "religieux" (Hamas et ses alliés) est maintenant plus évidente que jamais [2]. Il est faux de faire remonter cette crise à la confrontation de 2007 entre le Fatah et le Hamas, en grande partie orchestrée par les Etats-Unis, qui a conduit à la scission entre Gaza et la Cisjordanie .

Au contraire, la crise de la droite remonte à la guerre d'octobre 1973 et à l'adoption du Programme intérimaire en 10 points de l'OLP en 1974 et au principe de l'établissement d'une autorité nationale sur toute partie libérée de la Palestine. Ceci a conduit en retour aux concessions faites dans les Accords d'Oslo de 1993. Ainsi, même si le fossé entre le Fatah et le Hamas était comblé, ce que plusieurs initiatives du gouvernement et de la société civile ont tenté de faire comme première étape de redressement du corps politique palestinien, la droite palestinienne n'en serait pas revitalisée pour autant en tant que force efficace pour l'auto-détermination et les droits palestiniens.

A ce stade, la droite religieuse et la droite laïque sont engagées dans le projet de deux Etats, qui nie fondamentalement le droit palestinien au retour et transforme le lien entre les Palestiniens de la Cisjordanie et de Gaza, d'un côté, et les réfugiés palestiniens, les exilés et les citoyens d'Israël d'autre part en une relation de "solidarité". Quant à l'espoir d'un Etat, s'il devait advenir, il ne serait rien de mieux qu'un bantoustan fondé sur la discrimination ethno-religieuse. Pire encore, la Cisjordanie et Gaza sont elles-mêmes maintenant devenues deux entités distinctes.

La droite palestinienne laïque et maintenant la droite religieuse sont en gros tombées dans le piège tendu il y a des décennies par la gauche sioniste, qui était prête à accepter un Etat palestinien avec une "solution juste" sur la question des réfugiés. C'est cette approche que l'OLP a accepté dans son Programme intérimaire, en dépit des contradictions entre l'établissement d'un Etat indépendant dans les frontières de 1967 et le droit au retour, ainsi que le droit à l'auto-détermination du peuple palestinien dans son ensemble. Et c'est l'approche inscrite dans les Accords d'Oslo de 1993.

La droite laïque et la droite religieuse ont fait une priorité de l'établissement de relations avec les Etats-Unis. La droite laïque a réussi alors que la droite religieuse envoie constamment des messages sur sa volonté d'accepter la solution de deux Etats et de respecter une trêve de 20 ans, mais sans reconnaître officiellement Israël. Les deux bords ont été disposés à accepter "l'indépendance" en échange de la liberté. Aucun n'a fait preuve de sa capacité de mettre sur pied une résistance créative, efficace. Leur priorité est de maintenir leur existence politique sous la forme de deux autorités sans épine dorsale, dans deux bantoustans séparés. Leur faillite est aggravée par le fait qu'Israël a fait clairement comprendre que son projet de colonisation inexorable continuera.

La gauche osloïsée

Les échecs de la droite ne doivent pas trop surprendre. Ce sont les échecs de la gauche qui attristent et déçoivent. La détérioration de la gauche a suivi son acceptation implicite des Accords d'Oslo, malgré sa prétendue opposition. Le Parti du Peuple (l'ancien parti communiste) les a légitimés en acceptant des portefeuilles ministériels dans presque tous les gouvernements formés depuis l'établissement de l'Autorité palestinienne (AP) en 1994. Quand au Front populaire de Libération de la Palestine (FPLP) et au Front démocratique de Libération de la Palestine (FDLP), ils ont participé aux élections au Conseil législatif de 2006, donnant ainsi une légitimité à l'une des institutions les plus importantes des Accords d'Oslo. Ils ont aussi tacitement accepté les deux réunions illégitimes du Conseil National Palestinien (CNP) qui se sont tenues après la signature d'Oslo.

Je dois avouer que, comme beaucoup d'habitants de Cisjordanie et de Gaza, j'ai naïvement pensé que la gauche palestinienne et les autres forces libérales utiliseraient cette ouverture pour renforcer et démocratiser le mouvement national palestinien et pour affaiblir la mainmise autoritaire du Fatah sur l'OLP. Toutefois, la revendication de la gauche de représenter les aspirations nationales du peuple s'est avérée creuse. Aucun partisan honnête de la gauche ne contesterait que l'Accord d'Oslo fut un désastre pour la Palestine. Pour le regretté Edward Said, Oslo fut une "seconde Nakba". Oslo a amené avec lui un niveau sans précédent de corruption, ainsi que de coopération sécuritaire avec Israël, une colonisation encore plus agressive et rapide de la Cisjordanie et de Jérusalem Est, et enfin un siège brutal et impitoyable sur Gaza.

La plupart des membres du bureau politique des principaux partis de gauche sont soit directement employés par l'AP/OLP, soit touchent leurs salaires mensuels sans y être directement employés. Peuvent-ils ensuite appeler honnêtement et efficacement à la dissolution de l'AP, comme les y incitent certains activistes et intellectuels palestiniens respectés ? Pendant ce temps, beaucoup de ceux qui ne sont pas employés par l'AP sont devenus directeurs de ces ONG qui prolifèrent, financées par l'Occident, avec toutes les obligations et ordres du jour qui vont avec. En bref, au lieu d'être à l'avant-garde de la lutte contre les conséquences des Accords d'Oslo, la majorité de la gauche a hélas été phagocytée par ces dits Accords. C'est une évolution que j'ai déjà appelée "osloïsation". Il faut néanmoins noter que toute la gauche n'a pas suivi cette voie et qu'il existe un segment, certes petit et marginalisé, qui cherche des alternatives.

La détérioration inexorable de la gauche est encore mieux illustrée par la position opportuniste et peu scrupuleuse qu'elle a adoptée au sujet du bras de fer entre le Hamas et le Fatah. Au lieu de respecter les résultats des élections de 2006, et de soutenir la formation d'un front uni avec le parti qui avait remporté les élections avec une majorité claire sur un programme de résistance et de réformes, la gauche palestinienne a largement soutenu le gouvernement de Ramallah inconstitutionnel et a combattu le gouvernement intérimaire du Hamas.

Aucune des actions de l'AP n'a incité la gauche à prendre une position efficace ou reposant sur des principes qui persuadent la "direction officielle" de l'OLP de reconsidérer ses actions. La liste est longue et elle comprend : la fermeture des organisations caritatives en Cisjordanie ; l'interdiction de deux journaux affiliés au Hamas en Cisjordanie ; la fermeture des bureaux de la chaîne satellitaire Al-Aqsa ; l'emprisonnement par l'AP de prisonniers politiques sans inculpation, ni procès ; la décision de revenir à la table des négociations ; l'obstruction faite au rapport Goldstone au Conseil de Sécurité des Nations Unies, et la force brutale avec laquelle les forces palestiniennes de sécurité attaquent les manifestations anti-Oslo, y compris celles organisées par les organisations de gauche.

Même le FPLP, en théorie le parti de gauche le plus radical, a fermé les yeux lorsqu'a largement circulé le plan du général Keith Dayton pour orchestrer un coup d'Etat en se servant des forces de sécurité de l'AP contre le gouvernement du Hamas. Enfin, le FPLP, le FDLP et le Parti du Peuple n'ont pas vraiment protesté contre le projet pro-américain de l'OL et ses efforts répétés de normalisation, ou ceux de son parti Fatah au contrôle.

Aujourd'hui, il faut se demander ce qui reste encore de l'OLP et en définitive, ce qui reste de la question palestinienne. Quelle justification les partis de la gauche palestinienne peuvent-ils éventuellement trouver à leur engagement continu envers une OLP dont ils disent qu'elle a été "détournée" ? Le lourd héritage du stalinisme étouffe encore la gauche arabe en général, et la gauche palestinienne en particulier. C'est une des différences principales entre la gauche arabe et palestinienne et celle d'Amérique latine.

Je suis toutefois conscient qu'il y a une grande différence entre les "anciens" dirigeants de la gauche et les cadres qui travaillent sur le terrain, en particulier les jeunes de gauche, et ce, bien que le Fatah et le Hamas continuent d'avoir de nombreux partisans, comme le montrent les élections aux conseils des étudiants d'université. Plusieurs mouvements de jeunes ont récemment été créés, dont Herak Shababi qui a participé à la coordination des manifestations importantes et déterminées de "Stop Prawer" contre la dernière tentative israélienne de nettoyage ethnique des Bédouins du Naqab ; des mouvements qui se sont appuyés sur les réseaux sociaux, suivant ainsi l'exemple des mouvements des jeunesses arabes de Tunisie, d’Egypte et d’autres pays arabes.

Dé-participation : décoloniser l'esprit palestinien

La question est : comment opérer un changement dans un environnement politique tellement sombre ? Cette question requiert une réponse d'urgence, pas seulement pour la jeunesse mais pour tous ceux qui continuent de porter dans leurs cœurs les droits nationaux palestiniens, et nous sommes nombreux. C'est là que le concept de "dé-participation" peut aider.

Dé-participer, c'est remettre en cause la légitimité de l'ordre existant, et en même temps, travailler sur d'autres alternatives et possibles. Cela signifie rejeter le système actuel et ses a priori politiques et idéologiques, dénoncer et s'opposer à ses caractéristiques d'exploitation, de distorsion et d'autoritarisme. Mettre le concept de "dé-participation" en pratique équivaudrait à se réapproprier la maison palestinienne d'une manière qui réalise vraiment les droits nationaux palestiniens.

De nombreux partis et individus, dans tous les territoires occupés, demandent des élections au Conseil législatif palestinien (CLP) comme si elles représentaient la solution à tous les problèmes palestiniens. Vraiment ? L'OLP a exigé que toutes les factions acceptent l'AP et participent aux élections, obligeant certaines organisations de gauche à prétendre faussement que les élections au CLP sont une manifestation de la pluralité (bien sûr, les réfugiés et les exilés ont été exclus de ces élections). Le résultat est une situation dans laquelle la légitimité politique n'est accordée qu'à ceux qui acceptent de travailler à l'intérieur du système. Ce n'est pas ça, la pluralité.

Des exemples existent déjà sur la manière de dé-participer et de travailler quand même pour la réalisation des droits palestiniens. Le mouvement mené par la société civile pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions (BDS) jusqu'à ce qu'Israël reconnaisse et respecte le droit international, travaille en dehors du système et lui demande des comptes. Le mouvement des jeunes est une autre façon de dé-participer tout en travaillant pour les droits. Un autre développement important, ces dernières années, est l'activisme collectif des Palestiniens dans toute la Palestine historique. Les manifestations contre le Plan Prawer furent un exemple de cet activisme "trans-frontières".

Il convient de noter que les représentants de tout le système politique palestinien - de la gauche à la droite - sont représentés au Comité national BDS, où les décisions sont prises par consensus. En d'autres termes, même si les leaders des partis politiques travaillent maintenant dans un système profondément compromis, l'engagement pour la réalisation des droits palestiniens est toujours profondément ancré parmi les cadres des partis.

Bien sûr, sans un mouvement national représentatif sous une forme ou l'autre, les mouvement sociaux ne peuvent pas eux-mêmes obtenir les droits palestiniens ; mais ils peuvent aider à faire en sorte que ces droits ne soient pas bradés.

L'espoir pour un tel mouvement national ne peut venir que d'une alliance entre les cadres des partis politiques toujours engagés dans les droits palestiniens et le mouvement naissant de la jeunesse palestinienne à travers un processus de dé-participation qui implique le rejet du système actuel et son remplacement.

Il est peu probable que le changement vienne de la droite, mais peut-on imaginer une "nouvelle" gauche qui soit complètement libre de l'héritage d'Oslo et qui puisse fournir une alternative démocratique à l'industrie de la solution de deux Etats ? Une gauche qui puisse réellement défier le statu quo et le tenir pour responsable des droits palestiniens ? Une telle gauche devrait dé-participer à l'establishment actuel et :

- Présenter son analyse de la situation palestinienne actuelle et un programme alternatif. Par exemple, si la solution de deux Etats est morte, comme l'ont récemment conclu la plupart des idéologues de gauche, quelle est alors leur alternative ? Continuer à faire semblant d'accepter une solution de deux Etats comme une étape favorable à l'objectif stratégique d'un Etat revient à accepter le système bantoustan d'Afrique du Sud de l'apartheid comme une étape vers la libération.

- Participer, avec d'autres forces populaires de résistance, à la mise en place d'une stratégie pour les campagnes de solidarité internationale et de boycott, dans un front uni contre l'offensive sioniste et pour la défense de tous les droits palestiniens, dont la justice pour les réfugiés palestiniens, l'égalité pour les citoyens palestiniens d'Israël et leurs droits en tant que minorité nationale indigène, et la libération, y compris la libération de l'occupation, du colonialisme de peuplement et du siège.

- Elaborer une vision économique alternative à la vision néolibérale pratiquée et légitimée par la droite palestinienne.

- Utiliser tactiquement les outils à disposition. Par exemple, il n'y a jamais eu d'élection pour élire les membres du Conseil national palestinien. Cela permet la démarche tactique qui consiste à démissionner des sièges du parti au Comité exécutif (qui légitime les concessions faites par le parti au pouvoir), et à garder les sièges à un CNP élu. Il y a bien sûr des limites institutionnelles au pouvoir du CNP - même élu - qui seront exacerbées si la gauche sort du Comité exécutif.

- Etudier l'expérience de la gauche en Amérique latine pour trouver des cas comparables sur la manière de redynamiser la gauche.

Sans ces étapes et d'autres tout aussi radicales, il n'y a aucun espoir pour la gauche palestinienne, comme le dit Osamah Khalil dans un contexte différent : "Au lieu de cela, tout comme elle en a fait l'expérience dans l'OLP après 1988, la recherche désespérée de la gauche palestinienne pour la pertinence sera utilisée pour faire avancer les programmes de partis plus forts dont les positions et les plateformes vont à l'encontre des siennes propres."

Ce qui précède est un aperçu de quelques-uns des défis auxquels le peuple palestinien est confronté et un appel à les affronter par la dé-participation aux structures illégitimes. Ces idées préliminaires visent à susciter le débat et à faire avancer la réflexion sur les alternatives pour dépasser le système actuel. Il ne fait aucun doute que la créativité et la détermination que les Palestiniens ont montrées depuis près d'un siècle identifiera et réalisera ces alternatives.


(1) Zavarzadeh, Mesud and Donald, Morton. 1994. Theory as Resistance: Politics and Culture after (Post)structuralism. New York: The Guilford Press.
(2) Le terme "droite religieuse" est utilisé comme raccourci, bien que de nombreuses parties de la "droite laïque" se considèrent comme religieuses.

Source : Al Shabaka

Traduction : MR pour ISM

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