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Palestine - 19 mai 2011
Par Fadwa Nassar
Onze martyrs parmi les réfugiés palestiniens, sont tombés à Maroun El-Ras, village libanais frontalier avec la Palestine occupée. Quatre martyrs réfugiés palestiniens sont tombés à Majdel Shams, village occupé du Golan syrien. Un martyr est tombé à Gaza, réfugié à Jabalya. Des centaines de Palestiniens ont été blessés, parfois gravement, dans les affrontements qui ont dressé les Palestiniens dans al-Qods, dans les territoires de la Cisjordanie, dans la bande de Gaza, dans la Palestine occupée en 48, ainsi que parmi les réfugiés, à Maroun El-Ras et Majdel Shams, aux forces de l’occupation sioniste. Celles-ci ont tiré froidement, sur la tête et les poitrines, dans Maroun El-Ras, pour tuer.
Les réfugiés palestiniens avaient décidé de commémorer la Nakba, cette année, en encerclant l’Etat sioniste, à partir des pays frontaliers. Au Liban et en Syrie, les manifestants ont réussi à affronter directement l’occupant sioniste (1700 bus ont transporté 45.000 réfugiés palestiniens des camps au Liban). En Jordanie, les forces sécuritaires ont interdit aux réfugiés palestiniens de s’approcher de la bande frontalière, et notamment du village al-Karama, et des affrontements ont eu lieu, entre les manifestants et les forces sécuritaires jordaniennes. Le pouvoir égyptien a, pour sa part, empêché les foules égyptiennes de se rendre au Sinaï, pour se diriger vers la frontière. Malgré le changement de pouvoir, l’armée et le gouvernement égyptien ne tiennent pas à entrer en conflit direct avec les sionistes qui occupent la Palestine. A Gaza, les réfugiés ont déferlé vers la ligne qui sépare la bande de Gaza du reste de la Palestine. Et en Cisjordanie , les affrontements ont eu lieu dans plusieurs endroits, mais surtout à Qalandia, au poste sioniste qui interdit l’accès vers al-Qods.
Qalandia, 15 mai 2011 (photo Anne Paq)
C’est donc sous le signe du retour que la commémoration de la Nakba a eu lieu ce 15 mai. Et c’est pour barrer la route au retour, vers al-Qods et la Palestine, que les sionistes ont tué. Ils ont commis un massacre à Maroun El-Ras, à la frontière du Liban. Ils ont froidement assassiné des jeunes qui ne voulaient que rentrer au pays, qui voulaient appliquer leur droit, que les Nations-Unies ont d’ailleurs voté dans la résolution 194. Mais l’ONU et sa direction actuelle sont non seulement lâches mais impliqués dans la poursuite de l’occupation de la Palestine et des autres terres arabes. C’est aux côtés de l’agresseur que l’ONU se tient, et non aux côtés des peuples luttant pour leur libération.
La 63ème commémoration de la Nakba, ce 15 mai, a un goût différent des précédentes. Abdel Sattar Qassem, professeur d’études politiques à l’université Najah de Nablus, soulignait que les réfugiés et le peuple palestinien, dans son ensemble, ont tourné la page des « discours creux qui accompagnent d’habitude ces commémorations » pour entrer directement dans l’affrontement. Le peuple palestinien et les réfugiés ont dépassé le stade de la préservation de la mémoire, utile mais souvent attentiste, pour se lancer dans la bataille de la libération et du retour.
Il fallait voir ces jeunes à l’assaut des barbelés, aux frontières syrienne et libanaise, avec le Golan et la Palestine occupés, pour comprendre que plus rien ne peut arrêter leur détermination à rentrer au pays et qu’ils sont prêts à tous les sacrifices pour remporter la victoire. Il fallait entendre ces jeunes filles discuter avec les soldats de l’armée libanaise, leur expliquant pourquoi ces derniers doivent les laisser s’avancer vers les barbelés, et que tout en comprenant les motivations de l’armée libanaise, elles veulent retourner au pays, que leur exil a trop duré, et qu’elles ne craignent ni les sionistes, ni de mourir. Elles étaient prêtes à ouvrir la voie, par leur martyre, au retour des millions de réfugiés.
La 63ème commémoration de la Nakba entame une nouvelle phase, celle de la libération. Car si le peuple palestinien n’a jamais cessé de résister, de se battre et de se sacrifier pour que vivent la Palestine et la justice, depuis plus d’un siècle déjà, depuis l’occupation britannique, c’est la situation dans la région qui a changé et qui donne cet espoir immense de libérer la Palestine.
Après la révolution en Tunisie, la révolution en Égypte bouleverse totalement le soi-disant équilibre que les États-Unis voulaient imposer dans la région, pour maintenir la domination sioniste. Avec la nouvelle nomination de Nabil Arabi à la tête de la Ligue arabe, un nouveau pas a été franchi pour que l’Égypte entraîne derrière elle d’autres pays arabes vers la question palestinienne. Les paroles ne suffisent plus, ni les communiqués. Il s’agit de prendre, dès à présent, des mesures concrètes pour stopper l’arrogance sioniste, dont empêcher la suppression du droit au retour dans les instances internationales, tel que le prévoit l’Union européenne en contrepartie de sa reconnaissance d’un État palestinien en septembre prochain.
Le peuple égyptien réclame la fin des relations diplomatiques avec l’État sioniste, et par conséquent, la rupture des accords de Camp David. Cette revendication, en sourdine au cours de la révolution égyptienne, a le mérite au moins de faire taire les voix de tous ceux qui ont remis en cause le bienfondé de la révolution égyptienne, l’accusant ou la saluant comme étant manipulée par les Européens.
Bien que la réconciliation interpalestinienne n’ait pas mis fin aux arrestations des résistants palestiniens en Cisjordanie , comme le montrent les différents communiqués du mouvement du Jihad islamique, dont les militants sont arrêtés ou menacés, depuis cette réconciliation, par les services sécuritaires de Salam Fayyad et de Mahmoud Abbas, elle a cependant instauré un climat où les actes des résistants ne sont pas désapprouvés par les uns quand ils sont revendiqués par les autres. Par cette réconciliation, le mouvement Fateh entend affirmer qu’il est favorable à la résistance et ses fidèles l’ont effectivement montré dans les marches du retour et en Palestine occupée.
Une nouvelle phase a été entamée par les martyrs du retour. Les réfugiés entendent signifier au peuple palestinien qui vit dans la patrie occupée, et au monde entier, qu’eux aussi sont prêts à lutter pour la Palestine, et non seulement pour améliorer leurs conditions de vie misérables dans les camps au Liban ou être les porte-voix de leur peuple qui affronte l’ennemi. En tant que réfugiés, leurs martyrs sont tombés pour assurer et confirmer le retour. Ils ont pavé la voie de la lutte et de l’affrontement direct, avec les sionistes et tous ceux qui les soutiennent.
Désormais, comme l’a affirmé le représentant du mouvement du Jihad islamique au Liban, hajj Abou Imad Rifa’î, « nous entamons une nouvelle phase de conflit avec « Israël » où le droit au retour des réfugiés tient la première place de la bataille » même si l’ONU ne le conçoit pas comme une priorité. Il a ajouté que les sionistes craignent et sont épouvantés par cette insistance des Palestiniens à retourner dans leur pays et auprès de leur peuple, alors qu’ils espéraient que les jeunes oublient la terre de Palestine.
De son côté, le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrullah, a affirmé son entière solidarité avec les réfugiés palestiniens qui ont marché vers la Palestine, à partir de Maroun El-Ras, et ceux qui ont marché à partir du Golan, comme il a promis de se tenir à leurs côtés : « Nous sommes avec vous et à vos côtés, nous partageons vos joies et vos tristesses, nous portons les mêmes espoirs et les mêmes douleurs, et nous marcherons ensemble dans la voie de la résistance pour poursuivre les victoires et libérer notre terre et nos lieux sacrés. »
Il a salué les marcheurs du retour, affirmant : « Vous êtes les dignes qui avez transformé la commémoration de la journée de la Nakba d’hier en un jour différent, en changeant sa signification et en lui en donnant de nouvelles. Vous avez prouvé à l’ennemi et à l’ami votre attachement à votre droit, sans concessions, ni oubli ni égarement. Vous avez affirmé que votre droit à votre terre, à vos champs, à vos maisons, à vos lieux sacrés, est un droit, un but, un objectif, un espoir et une certitude, pour lesquels vous offrez votre sang et d’importants sacrifices.
« Votre puissant message à l’ami est que vous n’acceptez aucune alternative à la Palestine comme patrie. Personne ne craint l’installation car votre décision ferme est le retour. Votre puissant message à l’ennemi est que vous êtes déterminés à libérer la terre, aussi importants que soient les sacrifices. Le sort de cette entité est sa disparition. Ni les initiatives, ni les traités, ni les frontières ne la protègeront. Votre retour en Palestine est un droit inaliénable, et il est proche de sa réalisation, beaucoup plus proche que toute période passée. »
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Fadwa Nassar
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