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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Rejeter l'initiative, rejeter la paix

Par

La visite de la Secrétaire d'Etat US Condoleezza Rice est une fois de plus un échec dans une quelconque avancée significative pour la réalisation de la paix entre Israël et les Palestiniens. Rice a tenu plusieurs rencontres avec des chefs israéliens et arabes dans le but d'obtenir des "deux côtés" qu'ils acceptent des horizons politiques spécifiques.

Toutefois, après trois jours de réunions à Assouan, Amman, Ramallah et Jérusalem Ouest, Rice s'est retrouvée à la case départ puisqu'Israël a refusé, une fois encore, de payer le prix de la paix avec les Palestiniens, c'est-à-dire abandonner les gâchis de la guerre de 1967 et accepter un règlement juste et équitable de la question des réfugiés palestiniens selon les résolutions des Nations Unies.

Rice avait espéré amener Israël à accepter les composantes centrales de l'initiative de paix arabe qui doit être relancée à la conférence au sommet arabe, à Riyad cette semaine. L'initiative de paix arabe promet la paix et la normalisation entre le monde arabe et Israël en échange du retrait total israélien des territoires occupés et d'un règlement juste du problème des réfugiés palestiniens.

Cependant, le Premier Ministre israélien Ehud Olmert a dit à Rice qu'Israël désirait discuter de l'initiative arabe et "traiter positivement" certains de ses aspects, en particulier la question de la normalisation entre Israël et le monde arabe, mais n'accepterait jamais un retrait total des territoires palestiniens occupés.

Bien sûr, les dirigeants israéliens, Olmert et la Ministre des Affaires étrangères Tszipi Livni compris, et même la prétendue colombe Shimon Peres, ont répété leur rejet de "l'abandon" de Jérusalem Est arabe, de l'autorisation du retour des réfugiés déracinés de leurs maisons et du démantèlement des colonies pour juifs seulement en Cisjordanie . Au lieu de cela, les dirigeants israéliens ont pressé Rice de demander au monde arabe et à l'Autorité Palestinienne qu'ils laissent tomber les clauses de l'initiative afférentes au droit au retour et au retrait des frontières de 1967.

Olmert a également dit à Rice qu'Israël collait à la feuille de route moribonde comme point de référence principal du processus de paix. Pourtant Israël n'a jamais accepté la totalité de la feuille de route non plus, le gouvernement israélien émettant 14 réserves au plan, le vidant de toute substance.

Avant ses rencontres en Israël, la Secrétaire d'Etat US a ostensiblement cherché à amener les dirigeants arabes et palestiniens à "modérer" l'initiative arabe pour la rendre "acceptable" par Israël. Rice a aussi suggéré que les Etats du Golfe déclarent qu'ils initieraient des contacts avec Israël sans attendre de progrès sur le front palestino-israélien. Ceci, aurait-elle argumenté, assurerait le gouvernement israélien que les Arabes étaient sincères au sujet de la paix, comme si le problème réel empêchant la paix était l'insincérité arabe, et non les rejets israéliens.

Plus spécifiquement, Rice a demandé aux ministres des affaires étrangères arabes d'abandonner, dans l'initiative arabe, le "droit au retour" et de gommer la phrase "retrait total". Il semble que Rice ait essuyé une rebuffade polie des ministres des affaires étrangères d'Egypte, de Jordanie, d'Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis, qu'elle a rencontrés à Assouan, en Haute Egypte.

Les officiels arabes auraient argumenté que tout amendement significatif à l'initiative arabe serait rejeté par les Palestiniens et créerait des divisions sérieuses parmi les Etats arabes, divisions qui pourraient être utilisés par l'Iran pour renforcer et approfondir son implication dans la zone arabe.

Rice cherchait à compenser son échec de n'avoir pu obtenir un engagement d'Olmert qu'il maintiendrait le contact avec le Président palestinien Mahmoud Abbas. Abbas et Olmert se sont rencontrés trois fois au cours des dernières semaines, mais n'ont pas réussi à faire un quelconque progrès sur les questions centrales. La vision de Rice est centrée sur des "mesures pour bâtir la confiance", comme assouplir les restrictions israéliennes sur la mobilité palestinienne et la libération des prisonniers, plutôt que de discuter sur la fin de l'occupation israélienne qui a commencé il y a 40 ans.

Les futures rencontres Olmert-Abbas seront plus fréquentes, à cause des visites périodiques de Rice dans la région. A la suite de ses délibérations à Jérusalem Ouest, au cours desquelles Olmert a cherché à détourner la conversation de l'occupation de la Palestine sur le "danger iranien", Rice a évité de faire des "déclarations dramatiques", et à la place, a eu recours aux platitudes et aux généralités, disant qu'elle continuerait à explorer les perspectives d'un Etat palestinien.

La presse israélienne a rapporté qu'Olmert a demandé à Rice de ne pas se priver de faire allusion aux questions du statut final dans ses déclarations publiques, ce qui l'a poussée à annuler une conférence de presse qu'elle devait tenir avec Olmert. Réticente à contester l'intransigeance israélienne, Rice a dit à Olmert qu'elle essayait juste de donner de la substance au concept d'"horizon politique".

Il y a trois raisons principales pour lesquelles Olmert et ses alliés de droite ne semblent pas avoir pris Rice au sérieux.

D'abord, Olmert est politiquement affaibli ; sa popularité en Israël est en baisse. Pour compenser, il essaie de projeter l'image d'un dirigeant fort capable de résister à la pression américaine.

En deux, le gouvernement israélien, de concert avec le puissant lobby juif américain, semble maintenant considérer l'administration Bush comme "devenant progressivement une administration de canards boiteux", et pense qu'Israël devrait recourir à des tactiques de temporisation jusqu'à ce qu'une administration US arrive qui poserait les conditions d'une résolution pacifique du conflit palestino-israélien plus favorable à Israël.

En trois, ce n'est pas un secret qu'Israël n'a simplement aucune espèce d'intention de faire la paix avec les Palestiniens basée sur la Résolution 242 des Nations Unies et la formule "la terre contre la paix" puisque cela obligerait Israël à se retirer des territoires occupés. Pour masquer cette intransigeance, Israël aura – comme il l'a toujours fait – recours aux faux-fuyants, à la prévarication, à la tromperie manifeste et aux tactiques de diversion, comme agiter la question du nucléaire iranien.

Cette semaine, Tzahi Hanegbi, dirigeant du parti Kadima et allié-clé d'Olmert, a dit qu'Israël pourrait "accepter" publiquement l'initiative arabe pour donner l'impression que le gouvernement israélien n'est pas un "gouvernement du rejet". "Mais nous dirons non au droit au retour et au retour aux frontières de 1967, et au retrait de Jérusalem", a ajouté Hanegbi.

En l'absence de la moindre miette de bonne volonté de la part d'Israël, et avec les US qui ne veulent ou ne peuvent exercer une pression significative sur Israël pour rendre aux Palestiniens leur patrie usurpée, on peut conclure qu'aucun réel progrès dans les efforts de paix ne doit être attendu pour les deux prochaines années, du moins jusqu'à ce qu'une nouvelle administration américaine remplace l'actuelle.

Etant donné les supputations d'Israël – que cette nouvelle administration sera dans une position plus forte pour défendre les demandes israéliennes – rien de miraculeux n'est en vue.

Source : Al-Ahram

Traduction : MR pour ISM

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