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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Reporters Sans Frontières : "Il n’y a pas d’occupation"

Par

Passant, en l’espace de seulement trois ans, de "prédateur de la liberté de la presse" à "ce qu’on fait de mieux, au Moyen-Orient", Reporters Sans Frontières (RSF) a complètement retourné sa veste en matière de l’appréciation qu’il porte sur le respect de la liberté de la presse par Israël, qui remonte brutalement de la 92ème à la 47ème place, dans le Palmarès de la liberté de la presse établi par RSF : c’est sans aucun précédent, c’est historique !

Concomitamment, la position de l’Autorité palestinienne chutait considérablement.

Ce qui pourrait, au premier regard, sembler refléter une amélioration dans le traitement réservé aux journalistes par Israël, s’avère, après examen de plus près, comme la conséquence d’une décision de RSF, qui ne tient plus Israël responsable des violations de la liberté de la presse dans les territoires occupés, ce qui signifie que RSF a décidé d’exonérer Israël de ses obligations légales résultant de son statut de puissance occupante.


Dans son rapport annuel sur la liberté de la presse, qui couvre environ 170 pays, dans le monde entier, RSF situe les violations de la liberté de la presse et le traitement des journalistes par Israël à un niveau comparable à la situation prévalant aux Etats-Unis.

L’Autorité palestinienne reçoit un carton rouge, en revanche, même si RSF reconnaît qu’elle "semble impuissante à empêcher la poursuite de la détérioration de la situation".


"L’index mesure le degré de liberté de la presse dans le monde. Il reflète le degré de liberté dont les journalistes et les organisations d’information jouissent dans chaque pays, ainsi que les efforts déployés par l’Etat afin de respecter et de garantir le respect de cette liberté", déclare RSF sur la page d’accueil de son site ouèbe.

Plus un pays impose de restrictions et commet de violations et intente de procès contre des journalistes, plus l’index est élevé, et plus le pays est classé bas dans le palmarès des pays respectant la liberté de la presse.

Par exemple, sept pays européens ont eu un comportement honorable, cette année, et ils se sont vu noter d’un indice RSF très bas : 0,5.

Le pire pays au monde, de ce point de vue, est la Corée du Nord (167ème), avec un indice (de violation de la liberté de la presse) de 109. Il convient de préciser que le rapport 2005 de RSF "se base uniquement sur les événements intervenus entre le 1er septembre 2004 et le 1er septembre 2005".


Le premier palmarès a été établi en 2002, plaçant la Finlande, l’Islande, la Norvège et les Pays-Bas en tête, la Corée du Nord étant bonne dernière (elle le resta les trois années suivantes).

Etonnamment, l’Autorité palestinienne était considérée comme plus "amicale" pour la liberté de la presse qu’Israël : elle se classait en 82ème position. Tout en permettant aux journalistes de faire leur travail avec une relative liberté à l’intérieur de ses frontières, Israël se retrouva en 92ème position (derrière l’Autorité palestinienne, donc, ndt), en raison de ses atteintes à la liberté de la presse dans les territoires occupés.

D’après RSF, ceci était dû au fait que :

"Depuis le début des incursions de l’armée israélienne dans les villes et les bourgades palestiniennes, en mars 2002, beaucoup de journalistes ont été brutalisés, menacés, arrêtés, interdits de séjour, visés par des armes à feu, blessés ou passés à tabac, se sont vu confisquer leur carte de presse, ou ont été expulsés."

L’année suivante (2003), RSF a décidé de partager « Israël » en deux catégories distinctes : Israël (le territoire israélien) et Israël (les territoires occupés).

Le premier mentionné (Israël « proper ») partagea la 44ème place, avec le Japon, tandis que le gouvernement israélien d’occupation, à la 146ème place, se retrouvait à seize place derrière l’Autorité palestinienne (130ème).


En 2004, Israël (territoire "israélien") montait un peu dans le palmarès, accédant à la 36ème place mondiale, à égalité avec la Bulgarie. Toutefois, dans les territoires palestiniens occupés, Israël continuait à imposer des restrictions aux journalistes, bien qu’il continuât à être perçu comme moins restrictif que l’Autorité palestinienne (indice 127).

Bien que le score du gouvernement israélien d’occupation se soit retrouvé à douze points au-dessus de celui de l’Autorité palestinienne, l’index combiné d’Israël proper (8,00) et Israël – territoires occupés (37,5) le faisait passer légèrement derrière sa contrepartie palestinienne (45,5 contre 13,17).


On reprochait à l’Autorité palestinienne de "ne pas donner d’information sur une enquête supposée sur l’assassinat d’un journaliste dans la bande de Gaza", tandis que "des médias avaient été saccagés et quelque dix journalistes palestiniens physiquement agressés par des personnes non-identifiées, ou par des groupes armés telles les Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa."


Mais voici qu’en 2005, tout a changé. RSF a décidé de ne plus diviser Israël entre deux catégories distinctes, au motif que ses violations de la liberté de la presse, dans les territoires occupés, auraient été négligeables, depuis le début de l’année.

Sur Israël RSF fait le commentaire suivant : "Israël (47ème) a le meilleur résultat du Moyen-Orient, mais il a perdu plusieurs places, cette année, en raison des mauvais traitements infligés à des journalistes dans les territoires occupés. Ce genre de violence a considérablement diminué au fil de l’année, et il ne fait plus l’objet d’un traitement spécial, dans une section séparée de notre palmarès, comme les années précédentes. L’expulsion d’un journaliste français, en juillet dernier, a également contribué à la rétrogradation d’Israël.

"Les médias israéliens, protégés par les lois et la jurisprudence, sont très audacieux et énergiques, quoi qu’il en soit."

"Dans les territoires palestiniens, la désorganisation sécuritaire s’est accompagnée de violences accrues contre les médias, aggravant les obstructions causées par l’armée israélienne."


L’indice d’Israël [qui mesure les violations de la liberté de la presse, je le rappelle, ndt] a chuté brusquement, passant de 45,5 en 2004, à seulement 10,0 cette année.

Tant en 2003 qu’en 2004, l’indice, pour Israël (territoire israélien proper) était de 8,00. Il en résulte qu’à l’évidence, les restrictions imposée par les Israéliens aux territoires occupés n’ont pour ainsi dire pas affecté l’indice d’Israël, cette année.


Dans le même temps, RSF n’est pas aussi satisfait de l’Autorité palestinienne qu’elle l’était auparavant. Son 132ème rang signifie qu’elle a perdu six places en un an, et son indice est exactement le même que l’an dernier (42,5).


Il est intéressant de noter que, dans son rapport, RSF impute à l’Autorité palestinienne des violations qu’elle n’a pas commises, ou qu’elle n’a pas été en mesure de prévenir : "Toutefois, le non-droit persiste à Gaza, et des journalistes ont été pris pour cibles. Quatre d’entre eux ont été kidnappés, au cours de l’année, et l’Autorité palestinienne (132ème rang) a semblé incapable d’empêcher la situation d’empirer."

Le bon score d’Israël a provoqué la surprise de Johannes Wahlström, un chercher israélo-suédois en matière de médias, et cofondateur de l’IMEMC [International Middle East Media Center].

Il a effectué des reportages tant en Israël même que dans les territoires occupés, et il trouve bien difficile de croire que les atrocités et les restrictions israéliennes auraient quasiment cessé d’exister…


"Il semble que RSF ait décidé que ce soit l’Autorité palestinienne, et non plus Israël, qui doive être tenue responsable des violations de la liberté de la presse et des agressions contre des journalistes dans les territoires occupés. On dirait que RSF ne reconnaît plus la réalité de l’occupation", commente M. Wahlström.

Il compare le score actuel aux trois palmarès annuels précédents, qui donnaient tous à Israël un indice supérieur [c’est-à-dire : pire, ndt] qu’à l’Autorité palestinienne.

Ce changement soudain, pense M. Wahlström, est dû à des pressions pro-israéliennes [sur RSF, qui y aurait cédé, ndt].

"Israël n’est plus [tenu pour] responsable de ce qui se passe dans les territoires occupés", dit-il. "Bien sûr, la liberté de la presse existe, en Israël. Ce que RSF dit, c’est qu’Israël permet la liberté de la presse dans une partie du territoire, tout en prétendant qu’il n’est en rien responsable dans l’autre partie."

"C’est bizarre, parce que l’index continue à distinguer entre les Etats-Unis, sur le territoire américain (44ème place) et les Etats-Unis (puissance d’occupation) en Irak (137ème place). Si la liberté de la presse s’améliorait en Irak, l’occupation américaine aurait-elle pour autant cessé ?" demande M. Wahlström, dans une figure de rhétorique.


Travailler comme journaliste en Israël / Palestine, cela pose fondamentalement deux sortes de problèmes.

Si quelque chose se passe dans les territoires occupés, l’armée israélienne isole totalement la ville concernée, en déniant aux journalistes le droit d’y accéder.

Par exemple, le 1er novembre, The Guardian a fait savoir que "le ministère israélien de la « Défense » (sic, ndt) a interdit aux journalistes étranger de se rendre dans la bande de Gaza, afin apparemment de tenter de limiter les reportages sur l’assassinat de civils palestiniens, les tirs d’obus d’artillerie et l’utilisation de "bombes incapacitantes" afin de terrifier la population de ce territoire."


Il s’agit là d’une tactique fréquemment utilisée par les Israéliens pour empêcher les journalistes d’écrire sur les souffrances des Palestiniens. Mais si un attentat suicide se produit, ou si des colons juifs sont assassinés par des Palestiniens armés, alors là : les journalistes ont toute liberté d’accès. Comme le fait observer M. Wahlström, c’est là "un problème évident".


Par ailleurs, si un(e) journaliste produit des articles qu’Israël considère "anti-israéliens", il/elle risque, à plus ou moins longue échéance, de voir sa carte de presse non-renouvelée.

Pire : on peut, dans certain cas, lui interdire carrément l’entrée en territoire israélien.


"Ma carte de presse ne m’a pas été renouvelée. Et si, désormais, je voulais entrer illégalement dans certaines villes, je risquerais de me faire expulser. Beaucoup de journalistes ne veulent pas prendre un tel risque, ce qui signifie qu’ils ne sont pas en mesure de partager réellement la vie quotidienne du peuple palestinien. C’est la raison même pour laquelle nous avons fondé l’IMEMC", explique M. Wahlström.


L’IMEMC a contacté la représentation de "Reporters Sans Frontières" en Suède afin d’obtenir des éclaircissements. Mais, jusqu’ici, RSF s’est refusé à tout commentaire.

Source : IMEMC

Traduction : Marcel Charbonnier

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