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ISM France - Archives 2001-2021

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Bethléem -

Ibdaa est l’Intifada

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Je lui demande ce que font les jeunes du camp pour s'opposer à l’occupation, en m'attendant à une réponse comme le jet de pierres ou prendre les armes. Non. Au lieu de cela, il me dit :
"Il y a deux façons de s’opposer à l’occupation ici :
L’une est d’étudier et d’essayer de continuer à apprendre.
L'autre est via Ibdaa et les activités que j’y pratique comme la troupe de danse.
Je ne peux pas laisser l’occupation ruiner ma vie."

Si une arme était pressée contre ma tête, est-ce que je tremblerais, et est-ce que je prierais pour ma vie, que ferais-je ?
Où pourrais-je trouver l'espoir?
Est-ce que j’aurais assez de force?

Je pense que je ferais cela. Et je pense que faire cela est sans doute la seule réaction humaine.
Mais aujourd'hui à Bethlehem, on m’a prouvé le contraire.
Aujourd'hui à Bethlehem, j'ai été inspiré par quelqu'un qui m'a menacé de son arme.

Notre conducteur de taxi nous a laissés au centre culturel Ibdaa, qui se situe à l’entrée du camp de réfugiés de Dheisheh. Mais on ne remarque pas tout de suite que c'est un camp.
Comme beaucoup de choses sous l'occupation, les indices sont quelque peu subtils.


Je veux vous parler d'Ibdaa parce que je le dois. J'estime que tout le monde doit connaître l'existence de cet endroit.
Les habitants du camp ont certainement besoin que cet endroit soit connu.

Les gosses qui nous ont servi de guides pour l'après-midi nous ont expliqué qu'il y a quelques années, les enfants et les habitants du camp étaient sceptiques et froids à l’idée que des occidentaux viennent dans le camp avec des appareils-photo et des magnétophones, mais après des années d'Intifada et de désespoir, ils voient leur présence comme salutaire et nécessaire aux yeux du monde.


Mais revenons à Ibdaa.

Nous entrons dans le bâtiment, et mon ami Izzy et moi sommes immédiatement interloqués par les puissantes peintures murales dans la cage d’escalier qui dépeignent la culture palestinienne et la résistance à l’occupation.
Comme c’est la coutume ici, nous sommes chaleureusement reçus dans le salon par Ziad Abbas, le co-directeur du centre.

Bien qu'il soit clairement un homme occupé, il a pris du temps pour nous, et nous n’avions même pas pris rendez-vous.


Nous nous sommes assis pour boire le thé avec Ziad, et il a commencé à expliquer le centre, et a énuméré toutes les activités d'Ibdaa.
Une clinique, une station de radio, une station de TV, une troupe de danse, des équipes de basket-ball, des groupes de direction, des ateliers d'arts - il continue pendant un moment, s'arrêtant à peine pour respirer.

Cet endroit est incroyable !

Les gens des camps de réfugiés sous occupation ne sont-ils pas censés vivre dans la misère et la tristesse? Cet endroit est vraiment une bouée de sauvetage.


Ziad appelle deux adolescents à notre table.
Ils sont tous les deux impliqués dans le programme de direction à Ibdaa.

L’un des garçons sera notre guide dans le camp.

Il nous dit qu'il a toujours vécu ici et que son père a été tué par l'armée israélienne à un checkpoint à l’extérieur de la ville. Nous lui demandons si la visite coûtera de l'argent, et il nous regarde comme si nous étions fous.
Ce garçon a vécu tellement de choses, pourtant son humilité est accablante.


En errant dans le camp avec eux, j’ai presque l’impression d’être dans le Vieux Jérusalem avec ses ruelles étroites et sinueuses, et d’étranges extubérances de plantes émergeant du béton.

Mais cet endroit n'est pas Jérusalem, et il est bien loin des yeux des touristes.


Tout à coup, j’ai vraiment réalisé que nous étions dans un camp de réfugiés.

Les gravats et les bouts d’acier tordus sont présents partout. Les enfants qui n’ont pas plus de 4 ans y jouent.

Vous pouvez sentir ici la densité, et ce n'est pas surprise si 12.000 personnes vivent dans 1km/carré.
Puisque les réfugiés ne peuvent plus construire de maisons, les appartements se superposent.
Chacun vit au-dessus de l'autre.


Vous pouvez également voir partout ici des signes de l'Intifada - du graffiti qui couvre chaque simple mur, aux portraits photocopiés des martyrs (et Dheisheh en a eu beaucoup pendant l’Intifada Al-Aqsa), aux bâtiments bombardés par les Forces de Défense Israéliennes (IDF).

Nous avons appris qu'un batiment qui a été détruit aux explosifs par l'armée israélienne le 4 décembre dernier était le batiment du programme de jardin d'enfants d’Ibdaa.


C’est ici qu’Ahmed, un autre Palestinien de 17 ans qui nous accompagne dans la visite, me dit quelque chose dont je me souviendrai toujours.

Je lui demande ce que font les jeunes du camp pour s'opposer à l’occupation, en m'attendant à une réponse comme le jet de pierres ou prendre les armes.
Non. Au lieu de cela, il me dit :
"Il y a deux façons de s’opposer à l’occupation ici :
L’une est d’étudier et d’essayer de continuer à apprendre.
L'autre est via Ibdaa et les activités que j’y pratique comme la troupe de danse.
Je ne peux pas laisser l’occupation ruiner ma vie
."

J’étais stupéfait. Ibdaa est l’Intifada.

Plus tard au cours de la visite, Nor m’a parlé de certains des membres de sa famille qui ont émigré à New York City.

Il m’a dit qu’il aimerait visiter NYC dans un proche avenir, voir des spectables et être avec sa famille. Cela semble être le sentiment de la jeunesse palestinienne ici.
Au lieu de regarder vers le bas, ils relèvent la tête et pensent à l'avenir.
Je ne comprends pas comment.


Lorsque nous avons quitté Bethlehem, en passant par le checkpoint dans l'obscurité, quelque chose d’effrayant se produit.

Je traverse un détecteur de métaux et il se déclenche.

Le soldat en service sursaute et pointe son fusil automatique sur mon visage.

Izzy est tellement effrayée qu'elle est au bord des larmes, et nous sortons tous les deux rapidement nos passeports.
Le soldat abaisse son arme, regarde les passeports, voit qu'ils sont britanniques et canadiens, et fait des rapides excuses.

Mais Izzy craque réellement.
Elle reprend son passeport et, en sanglotant, elle dit : "Shukran….je j’ai voulu dire -toda! " en changeant rapidement son arabe en hébreu de sorte que le soldat ne soit pas offensé.

Seulement en Palestine.


Voir le site internet du Centre Culturel Ibdaa

Voir mes photos prises à Dheisheh


Source : www.palsolidarity.org

Traduction : MG pour ISM-France

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