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ISM France - Archives 2001-2021

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Israël -

"Nous agissions sans penser, comme des zombies."

Par

Témoignage recueilli par Chen Kost-Bar et diffusé sur le site israélien Ma'ariv on line le 11 janvier 2005. Traduit de l’hébreu vers l'anglais par Diana Rubaneko

Quand mon officier questionnait une personne, il la secouait comme un prunier et l’obligeait à s’allonger sur le sol.
Il la poussait et il la tabassait. Pour la faire parler.
Même si aucun d’entre nous ne parlait l’arabe.
De toute façon, aucun d’entre nous n’était capable de lui poser des questions, de comprendre ses réponses, de comprendre ce qu’il disait et pourquoi il pleurait.
Mais nous faisions du cinéma en prétendant que nous comprenions, pour nous donner l’impression de faire quelque chose.

Briser le Silence :
Des soldats israéliens décrivent leur période militaire dans les Territoires Occupés. Cette fois, ce sont des soldats qui ont tabasssé des Palestiniens et tiré des séries de rafales de mitrailleuse sur des maisons civiles : "Simplement parce qu’ils le peuvent"


"J’ai mis du temps à comprendre que depuis trois ans nous n’étions pas des gens normaux" dit K., sergent chef qui a fait son service dans le Corps de Génie de l’unité de reconnaissance de Yael.

"Nous étions comme des zombies. Nous ne prenions aucune décision nous-mêmes. Nous faisions les choses sans y réfléchir.
Et si on m’avait dit – et on me l’a dit – de balancer mon fusil dans l’estomac d’une vieille femme pour la faire taire, je l’aurais fait sans rien penser. Sans problème."



- Qu’est-ce que ça signifie : "et on me l’a dit ?"

"Par exemple, quand nous sommes entrés dans des maisons, on m’a dit : "file lui une claque pour qu’il ferme sa gueule."

Quand mon officier questionnait une personne, il la secouait comme un prunier et l’obligeait à s’allonger sur le sol.
Il la poussait et il la tabassait. Pour la faire parler.
Même si aucun d’entre nous ne parlait l’arabe.
De toute façon, aucun d’entre nous n’était capable de lui poser des questions, de comprendre ses réponses, de comprendre ce qu’il disait et pourquoi il pleurait.
Mais nous faisions du cinéma en prétendant que nous comprenions, pour nous donner l’impression de faire quelque chose.
Parce que nous étions une unité d’élite. Nous sommes une unité d’élite, c’est pourquoi évidemment nous pouvons tout nous permettre.


"Une fois, quelqu’un de mon équipe est allé trop loin. Il a amené quelqu’un, l’a poussé, l’a fait tomber par terre sous les coups, lui a lancé des coups de pieds, l’a réellement roué de coups.
Je n’ai pas supporté d’en voir d’avantage, alors je l’ai fait cesser et je suis allé voir un autre type pour qu’il me montre ses papiers.

C’était une situation totalement étrange, parce qu’il s’agissait d’un homme de soixante ans, je ne comprenais pas un mot de ce qu’il disait, et nous ne savions même pas ce que nous cherchions, on faisait juste passer le temps parce que nous devions être là, nous devions montrer notre pouvoir."

Le sergent chef K. est un autre témoin décidé à rompre le silence.

Après la démobilisation. de l’IDF, le témoignage de K. a été recueilli par l’organisation Breaking the Silence (Briser le Silence).


La plupart des témoignages de Breaking the Silence ont été donnés par des soldats démobilisés depuis plus de deux ans et qui sont sortis du service obligatoire.


Le fait que la plupart des témoins soient actuellement des civils tient à deux choses :

- D’abord les appelés ont l’interdiction de parler sans autorisation officielle,
- ensuite - au cours de leur période militaire - les soldats ont du mal à assimiler l’ampleur et la complexité des évènements.


"Ca prenait vraiment beaucoup de temps" dit K "de réaliser l’énormité de ce que nous faisions, ces maisons que nous faisions exploser, cette manière dont nous traitions les gens"



"Nous tirions à tout bout de champ." dit un Sergent, chef d’une Unité Blindée.

"J’appartenais à la compagnie opérationnelle S.
Une compagnie où il n’y a aucune loi et aucun ordre.
Tout le monde faisait ce qu’il voulait et moi, en particulier, je faisais pareil. Et faire ce que vous voulez, à Ramallah par exemple, ça signifie que vous prenez une route sur les côtés de laquelle sont garés des véhicules, et vous utilisez votre char pour écraser intentionnellement les véhicules.
Et je ne parle pas d’un ou deux chars qui font ça. Je parle d’un tas. Ou à Rafiah, quand j’y étais, je me réveillais le matin et tirais des salves de 2000."

C’est quoi ?

"Des salves de 2000 ça signifie 2000 balles de mitrailleuses. A Rafiah, nous étions constamment en attaque, chaque jour que dieu fait, avec des grenades à main, des missiles tout ce qu’on avait sous la main.

Aussi il y avait une instruction en vigueur pour que, de temps en temps, toutes les armes tirent par dessus le mur de défense pour éviter d’endommager les maisons ou autre.
Mais en raison de l’absence de limitation qui régnait… nous tirions à n’en plus finir.


Et 2000 tirs signifient 2000 balles d’affilée, que vous tirez contre toute une ville, droit sur les maison, droit sur les portes, je ne suis pas le seul à l’avoir fait. Des dizaines d’autres l’ont fait ».


- Que pensez-vous de cette période ?

"Je ne sais pas. J’étais complètement avec ma mitrailleuse, je ne pensais pas. Dans l’armée vous ne pensez jamais. Jamais.
Et je suis revenu chez moi, et j’ai raconté à mes amis ce que j’avais fait à l’armée, Je pense que ce n’est pas quelque chose dont j’avais honte ni rien. En aucun cas.
J’ai fait ce qu’on m’a dit, et - comme on me l'a dit - j’ai fait ce que tous les autres ont fait. Parce que tout le monde savait.
Je n’ai jamais pensé : qu’arrivera-t-il si je tire ?
J’ai tiré d’abord.
Si j’y ai pensé, ça n’a été que plus tard.
Mais je ne pensais jamais quand que je tirais, quand j’étais vraiment dans l’action"

Source : Ma’ariv

Traduction : CS pour ISM-France

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