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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

27 ans après l'arrestation de Fakhri et Na'il Barghouty

Par

Le 23 juin, le grand combattant Abu Shadi (Fakhri Barghouty) aura accompli 27 ans de prison et de cellules de l'oppression.
Nous devons nous imaginer quel est son état, et quels sont les souvenirs qui hantent son esprit en ce jour : au cours de son arrestation, il a perdu son père et sa mère, mais aussi son grand frère, alors qu'un de ses frères était tombé martyr avant son arrestation.

Son fils, Shadi qui n'avait pas atteint un an et demi lors de l'arrestation de son père, et Hadi, dont la mère était enceinte, n'ont pas vu leur père depuis plus d'un quart de siècle. Pendant plus d'un quart de siècle, Fakhri a rêvé de pouvoir embrasser ses enfants.

Son épouse, Samira, est toujours, avec sa patience et son sacrifice, un exemple de la mère et de l'épouse sincère et fidèle, elle qui a consacré sa vie à élever ses enfants.

A peine devenus adolescents, puis adultes, ils sont entrés dans la vie active pour aider leur mère et la résistance, comme leur père. Shadi a été blessé plus d'une fois, puis a été arrêté et emprisonné plusieurs fois.

Avec le déclenchement de l'Intifada al-Aqsa, Shadi et Hadi n'ont manqué aucune manifestation, aucune protestation ou aucun mouvement. Ils ont été arrêtés, et l'ironie du sort fut que leur première rencontre avec leur père fut, non pas dans leur maison, mais dans la prison qu'il a rêvé de quitter pendant plus d'un quart de siècle pour pouvoir les embrasser...

Dans une scène où la joie s'est mêlée à la douleur et la tritesse, Abu Shadi a embrassé son fils aîné pour la première fois depuis 27 ans, et son fils Hadi pour la première fois de sa vie...

Les larmes du père, des enfants et des camarades de cellule, en plein milieu de la grève de la faim des prisonniers en septembre 2004 : la première grève dans la vie de Shadi et de Hadi, mais peut-être la vingtième dans la vie du père.

Ce fut un jour difficile dans l'histoire de la prison de Ascalan, et dans l'histoire du mouvement des prisonniers dans son ensemble. Abu Shadi ne savait pas comment faire ni comment se comporter, c'est la première fois qu'il vit sous un même toit avec ses enfants, de jeunes, tout plein de vie, d'énergie, de vigueur..

Il resta longtemps à ne pas répondre ni à faire attention lorsqu'il était appelé "papa". Et eux non plus n'avaient pas l'habitude de dire ce mot, ils gardèrent longtemps l'appelation "Abu Shadi".


A présent, jusqu'à quand va-t-il attendre, Abu Shadi ?
Lui demanderons-nous de résister encore, après 27 ans ?
Qui est responsable de cette tragédie ?

L'occupation, bien sûr, mais certains qui ont laissé passer les occasions politiques, l'une après l'autre.

Abu Shadi n'est qu'une de ces histoires poignantes, il y a des centaines de familles prisonnières où se retrouvent les pères et les fils, les frères, la mère et sa fille, la soeur et le frère, derrière les barreaux.. Il y a des cas où plus de sept membres d'une même famille se retrouvent derrière les barreaux.

En ce jour, nous ne pouvons que nous souvenir avec amour, reconnaissance et fierté du grand militant Na'il Barghouty, Abu Nur, qui a été arrêté en avril 1978, et qui a passé en prison 28 ans.

L'histoire de la famille de Na'il est une histoire qui mérite à elle seule d'être racontée comme une des histoire les plus héroïques, c'est l'histoire du père militant qui est décédé il y a un an sans avoir vu Na'il.

C'est l'histoire de Hajja Farha, qui a été et qui reste le symbole des mères des prisonniers, dans l'histoire de la Palestine, cette mère qui ne s'est absentée dans aucune marche, manifestation ou rassemblement pendant trente ans jusqu'à ce que la maladie et la douleur ne l'arrêtent.

Pour la première fois, Hajja Farha (Umar, son fils aîné, a été condamné à la prison à vie à la fin des années 70, il a été libéré suite à l'échange mené en 1985, et depuis ce moment, jusqu'à l'Intifada al-Aqsa, il a été souvent arrêté et a passé la plus grande partie de cette période d'une prison à l'autre. A présent, il attend sa condamnation).

Pour la première fois, donc, Hajja Farha, Umm Umar, peut embrasser Na'il. Elle l'a embrassé il y a quelques semaines dans la prison de Ascalan lorsqu'elle fut autorisée à le visiter.

Elle est arrivée en prison, conduite par une ambulance, et c'est ainsi qu'elle a quitté son fils. Na'il, réputé pour être l'un des plus solides du mouvement des prisonniers, et l'un des plus difficiles dans le mouvement national, a été vu pour la première fois, en 28 ans, en train de pleurer.

Il a pleuré, celui que le mouvement des prisonniers reconnaît comme étant le plus solide, lorsque sa mère l'a embrassé, ont pleuré avec lui ses compagnons, il a pleuré et ont également pleuré ses geêliers.

Aujourd'hui, nous nous adressons au président de l'Autorité Palestinienne, Abu Mazen, et au gouvernement palestinien, et à son premier ministre Abu Alaa, au comité des prisonniers et à tous ceux qui sont concernés et aux organisations, jusqu'à quand Fakhri et Na'il vont-ils rester derrière les barreaux ?

jusqu'à quand leurs compagnons Sa'id Atabeh, qui est en prison depuis 29 ans, Abu Ali Yata, Sami Mansour, Akram Younes, Haza' Saadi et d'autres de nos militants vont-ils rester en prison ?

La libération de ces militants doit se faire, maintenant, maintenant, maintenant.

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