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Israël - 18 mars 2005
Par Shamaï Leibowitz
Shamai Leibovitz est un avocat de Tel Aviv, spécialiste des Droits de l’Homme ; il a représenté devant la justice israélienne des demandeurs d’asiles, des travailleurs migrants, des Palestiniens et des militants des droits de l’homme.. Il est artilleur de chars réserviste avec le grade de sergent chef dans l’armée israélienne et fait partie d’un groupe de plus de 1400 soldats qui ont refusé de servir dans les territoires palestiniens occupés par Israël
Puisque le gouvernement israélien refuse de façon flagrante de respecter la décision de la Cour Internationale de Justice, la loi internationale autorise l’usage de sanctions pour forcer Israël à se conformer aux résolutions des Nations Unies et des traités sur les droits de l’homme.
Des sanctions sont des moyens puissants et non violents pour faire en sorte que le gouvernement israélien respecte la loi internationale et en finisse avec ses épouvantables violations des droits de l’homme dans les territoires occupés.
L’assassinat de l’ancien premier ministre libanais Rafik Hariri a provoqué une explosion du «pouvoir populaire» dans les rues de Beyrouth, au cours de laquelle des centaines de milliers de citoyens libanais ont appelé à la fin de l’occupation de leur territoire par la Syrie.
Ces appels ont été célébrés et applaudis dans différentes capitales mais nulle part plus qu’à Washington.
Pourtant il y a une autre région, au Proche Orient, où le combat pour mettre fin à l’occupation n’a rapporté aux autochtones que mort et destruction.
Depuis des décennies, Israël écrase les 3,5 millions de Palestiniens qui vivent sous occupation militaire, une domination qui les force à se soumettre tandis qu’on les dépouille de leur droits civils et de leur terre.
En tant que Juif engagé dans le combat pour la paix en Israël et chez nos voisins, j’ai été choqué et écoeuré par la récente attaque terroriste à Tel Aviv qui a enlevé la vie à des Juifs innocents.
De pareilles actions terroristes ont fait la une des journaux et ont été condamnés à juste titre par la communauté internationale.
Mais les attaques mortelles des Israéliens contre les civils palestiniens n’ont pas reçu l’attention particulière de la presse occidentale ni conduit à une action internationale pertinente et décisive.
Pendant des décennies l’armée israélienne, équipée des armes et de la technologie américaines, a tué, mutilé, battu et torturé des dizaines de milliers de civils Palestiniens. Evidemment, aux yeux de l’occident, le pouvoir populaire des Palestiniens ne compte pas.
De 1986 à 1991, j’ai été soldat de l’armée israélienne dans les territoires occupés. Au cours de cette période, j’ai été choqué et écoeuré des ordres que mes camarades et moi recevions en permanence contre les civils Palestiniens.
Pour écraser leur soulèvement pour leur indépendance et pour le droit à un Etat, on nous ordonnait de les brutaliser.
Dans une de nos bases militaires en Cisjordanie , il y avait une pièce mystérieuse.
Tous les jours nous voyions qu’on y conduisait des Palestiniens. Deux jours plus tard, nos commandants faisaient sortir les Palestiniens, noirs et bleus d’ecchymoses et le visage enflé.
Ils ressemblaient à des sacs de pommes de terre plus qu’à des êtres humains.
Plus tard, nous avons compris que cette pièce était une chambre de torture.
Certains jours, nous pouvions entendre des cris provenant de cette pièce. Ce fut une expérience insupportable.
Pourtant, nous avons continué à participer à l’occupation parce que les politiciens israéliens nous avaient persuadés que nous étions en plein «processus de paix».
Ils étaient tellement convaincants dans leurs cours sur «comment Israël est le seul à vouloir la paix» que nous étions aveugles à cette réalité qui était que l’Etat oppresse sauvagement, soumet et déshumanise le peuple Palestinien.
Comme beaucoup d’Israéliens le comprennent aujourd’hui, quand les gouvernements israéliens parlaient de processus de paix pendant la période d’Oslo, ils dupaient le monde.
Israël a continué à coloniser la Cisjordanie et Gaza avec ses colonies pour Juifs seulement tout en consolidant son impitoyable pouvoir militaire sur les Palestiniens.
C’est tout aussi vrai aujourd’hui avec le plan de «Retrait» de Sharon que la propagande israélienne vend comme "des concessions difficiles" pour la paix.
Beaucoup d’entre nous qui vivons en Israël et allons ou servons dans les territoires occupés comprennent la vérité : Israël continue d’intensifier sa loi militaire en Cisjordanie pendant qu’il vole encore plus de terre palestinienne et construit encore plus de colonies illégales pour juifs seulement.
Pendant des années, l’argent des contribuables américains a financé l’occupation, les chambres de torture, l’appareil militaire, les bulldozers utilisés pour la démolition des maisons, la construction de colonies et maintenant la construction du mur en Cisjordanie , reconnu illégal par la Cour Internationale de Justice (CIJ)
Les Américains devraient être tenus pour responsables de ce qui est fait de leur argent.
Après des années de vains efforts politiques de la part de la communauté des droits de l’homme israélienne et internationale pour mettre fin à l’occupation, il est clair que de nouvelles approches doivent être mises en œuvre.
Il est temps pour les institutions civiques américaines de soutenir une campagne stratégique à plusieurs niveaux de sanctions sélectives contre Israël.
Puisque le gouvernement israélien refuse de façon flagrante de respecter la décision de la Cour Internationale de Justice, la loi internationale autorise l’usage de sanctions pour forcer Israël à se conformer aux résolutions des Nations Unies et des traités sur les droits de l’homme.
La première étape, pour les institutions américaines, c’est de s’engager dans un désinvestissement sélectif – retraits de leurs investissements dans les entreprises qui directement ou indirectement, financent l’occupation.
Avant tout, les états, villes, universités, églises, associations, banques et fonds de pension doivent se désengager des contrats israéliens qui financent l’occupation et de toute entreprise qui vend des armes, des munitions ou autres équipements militaires à Israël.
Ce qui devrait inclure les entreprises comme Caterpillar, qui fabrique et vend les bulldozers qui ont écrasé des milliers de maisons palestiniennes, General Dynamics, General Electric, Lockheed Martin, Northrop-Grumman, Raytheon et autres entreprises, parce que ces compagnies jouent un rôle actif en permettant aux forces israéliennes d’engager des pratiques qui violent la loi humanitaire internationale.
Deuxièmement, l’Occident devrait tenir le personnel militaire israélien et les leaders politiques pour personnellement responsables des violations des droits de l‘homme, et les traîner en procès devant le Tribunal International et leur interdire de se déplacer dans les autres pays.
On a utilisé cette stratégie dans d’autres conflits (Rwanda, Bosnie, Kosovo, et Afrique du Sud, par exemple, faisant preuve sa valeur dissuasive et son efficacité.
Interdire la vente d’armes et d’équipements militaires à Israël, est, dans les faits, réclamé par l’actuelle loi américaine. Selon le Foreign Assistance Act (loi d’assistance à l’Etranger) de 1961 (22 USC§2304) "aucune assistance sécuritaire ne peut être accordée à un pays dont le gouvernement se comporte régulièrement en violation des droits de l’homme reconnus internationalement"
L’hypocrite Administration Américaine actuelle n’applique pas cette loi à l’égard d’Israël. Et c’est, dès lors, à la société civile américaine de faire respecter la loi et d’empêcher la vente d’équipement militaire à Israël en faisant pression sur le gouvernement, en portant plainte contre les entreprises qui violent cette loi et en retirant tout investissement de ce type d’entreprise.
L’Eglise Presbytérienne a fait un pas positif dans cette direction en juillet 2004 quand son Assemblée Générale a fait circuler une directive de désinvestissement appelant à se désinvestir sélectivement des entreprises qui profitent de l’occupation.
En février dernier, le Conseil Mondial des Eglises qui rassemble plus de 340 églises dans le monde a publié une résolution identique.
En critiquant les graves violations des droits de l‘homme inhérentes à l’occupation et à la construction du mur illégal de Cisjordanie , ces résolutions affirment aussi le droit de l’Etat d’Israël à exister dans la sécurité et dans la paix et elles rejettent le cycle tragique de violence indiscriminée perpétrée par les deux parties contre des populations civiles innocentes.
Des sanctions sont des moyens puissants et non violents pour faire en sorte que le gouvernement israélien respecte la loi internationale et en finisse avec ses épouvantables violations des droits de l’homme dans les territoires occupés.
Les résolutions pour le désinvestissement auraient dû être prises depuis longtemps.
Nous avons vu le pouvoir de la pression économique mondiale sur la chute du régime d’Apartheid en Afrique du Sud.
Si les institutions civiques américaines suivaient la même stratégie, nous pourrions voir la fin de l’occupation israélienne de notre vivant.
Les Américains doivent soutenir les droits de l’homme et la justice, respecter leur propre loi et prendre l’initiative la plus efficace pour la paix et la sécurité au Proche Orient.
Note :
Liste des produits fabriqués dans les colonies et sur les Hauteurs du Golan
Source : www.thenation.com/
Traduction : CS pour ISM
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Shamaï Leibowitz
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