Israël - 18 mars 2005

Comment blanchir les avant-postes

Par Ze ev Schiff

Une lecture du rapport de l’avocat Talia Sasson concernant les avant-postes non autorisés fait soupçonner que le gouvernement israélien projette de "blanchir" un grand pourcentage des avant-postes et de les transformer en colonies légales.

Sasson a répertorié 105 avant-postes illégaux, mais elle souligne qu'elle n'est pas certaine que ce nombre soit définitif, parce que l'administration civile l'a trompée, et ne lui a pas fourni toute l'information qu'elle a demandée.

Le rapport indique également que 24 des avant-postes illégaux ont été établis après mars 2001, date de la formation du gouvernement Sharon.

Une lettre d'engagement d'Israël au Conseiller à la Sécurité Nationale américain, Condoleezza Rice en date du 14 avril 2004, parle d’enlever tous les avant-postes non autorisés.

Mais Israël se base sur le fait que, selon la Feuille de Route, il doit immédiatement démanteler, au cours de la première étape de l'exécution de la Feuille de Route, seulement les avant-postes construits après la formation du gouvernement de Sharon, et de geler toute l'activité de constuction dans le reste des colonies, comme mentionné dans le rapport de Mitchell.

Aujourd'hui le gouvernement parle seulement de démanteler les colonies établies pendant le gouvernement actuel de Sharon, et non tous les avant-postes. La question est : est-ce que les 81 autres avant-postes recevront - via la porte arrière, et contrairement aux promesses d'Israël au Président américain George W. Bush - le statut de colonies légaux à tout point de vue ?

Le comité interministériel mis en place cette semaine n’a pas l’intention apparemment d’aborder la question des colonies illégales, et on a l'impression que le comité a été créé seulement pour gagner du temps, et afin de ne pas résoudre le problème des avant-postes.

Sasson, dans son rapport, a soulevé un certain nombre de propositions destinées à rendre difficile l'existence persistante des avant-postes illégaux.

D'abord, elle suggère de débrancher l'électricité qui leur est fournie par Israël Electric Corporation.
Elle dit que les raccorder à l'électricité mine le principe de la loi, encourage la construction illégale, et envoie un message négatif au public.
À cela, nous devrions ajouter les instructions du procureur général, que l'état et ses employés ne sont pas autorisés à participer aux actions illégales.

Il en est de même pour l'eau.
La Mekorot Water Company doit débrancher l'approvisionnement en eau des avant-postes illégaux existants, et ne doit pas relier de nouveaux avant-postes illégaux à ses réservoirs d'eau.

Il y aura certainement un débat sur la troisième étape.

Sasson pense que la protection automatiquement fournie par les Forces de Défense Israéliennes aux habitants des avant-postes illégaux envoient un message négatif au public.

Son principe concernant la déconnexion à l'électricité et à l'eau s'applique également ici, aussi bien. Le concept de l’IDF, d'autre part, est que l'armée a l’obligation d'assurer la protection à chaque Israélien, quelque soit l’endroit où il choisit de vivre.


Sasson dit que ce concept "a mené à des résultats particulièrement lugubres."

Elle a dit que, à la longue, ceux qui décident du déploiement de l’IDF dans les territoires sont les colons plutôt que l'armée. En protégeant ceux qui ne respectent pas la Loi, l’IDF accorde une approbation à leurs actions, et devient partenaire du double message qui est transmis aux colons par quelques institutions du gouvernement.

Source : Haaretz

Traduction : MG pour ISM