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Cisjordanie - 14 octobre 2007
Par Donald Macintyre
Alors que ses collaborateurs mangeaient des petits pains au thon fournis avec délicatesse par l'armée israélienne, Tony Blair, en bras de chemise, regardait intensément une carte montrant les deux principaux points de passage pour les marchandises qui seront mis en fonction entre la Cisjordanie et Israël, quand les 770 km de barrière de séparation seront achevés.
M. Blair voulait savoir de son hôte, un général israélien en civil, pourquoi les marchandises ne pouvaient pas passer directement de l'autre côté de la frontière, à proximité de la zone industrielle palestinienne qu'il demande à Israël d'approuver d'urgence ?
"Pourquoi ne peuvent-elles pas passer sans s'arrêter ?" Ah, ce serait difficile, a expliqué le général, il faudrait un nouvel appareil de sécurité coûteux pour vérifier les marchandises qui entrent dans la zone industrielle.
Nous sommes loin de la route n ° 10. À Tarqumia pour être précis, juste à l'intérieur de la Cisjordanie et à l'un de ces points de passage : une zone grise interdite et un complexe de points de contrôles remplis de caméras encore en construction. M. Blair est sur la route, à se débattre avec les complexités abêtissantes du comment l'infrastructure de la sécurité physique de l'occupation a étouffé l'économie palestinienne.
Il s'agit d'un sujet sacré pour lui à Hébron, une ville palestinienne dont le coeur était autrefois le centre commercial prospère du sud de la Cisjordanie .
Son maire, Khaled Osaily, lui explique longuement comment une grande partie de sa Vieille Ville est paralysée, dépouillée de toute vie Palestinienne en raison de la présence de quelque 800 colons juifs et du dispositif de protection de l'armée.
Alors que le convoi de M. Blair file hors de la ville à travers le trafic d'un après-midi de fin de Ramadan, M. Osaily complimente M. Blair sur sa soif de faits.
Non, ils n'ont pas beaucoup parlé des perspectives pour la prochaine conférence d'Annapolis organisée par les Etats-Unis dans laquelle la communauté internationale n'a pas investie tous ses espoirs pour une relance du processus de paix et dans la préparation de laquelle M. Blair est intimement impliqué.
"C'est un homme pratique", a déclaré M. Osaily. "Il a posé de nombreuses questions sur la vie quotidienne ici. Nous avons parlé de l'économie, de la circulation, de la sécurité. Il voulait connaître les détails.
M. Blair a donné hier au quotidien israélien Yedhiot Ahronot sa réponse classique aux questions posées sur ce qu'il avait appris depuis son arrivée à ce poste. "J'ai appris la profondeur de la préoccupation au sujet de la sécurité d'Israël, et j'ai appris la profondeur de la détresse des Palestiniens causée par l'occupation."
Certes, il accepte l'opinion d'Israël que les Palestiniens ne devraient pas avoir un Etat s'ils ne sont raisonnablement pas capables de garantir la sécurité de leur voisin. D'où l'importance qu'il attache aux efforts du général américain Keith Dayton en vue de renforcer les forces de sécurité palestiniennes.
En effet, des diplomates et d'autres lui ont dit que le Premier Ministre palestinien, Salam Fayad, ne pouvait pas entrer dans Naplouse parce qu'il ne conclura pas de marché avec les milices lui permettant de garantir sa sécurité.
Il a été choqué par ce qu'il a appris sur les conditions de vie à Hébron et des diplomates disent qu'il a été véritablement surpris par son voyage dans la région de la Vallée du Jourdain en Cisjordanie - où les Palestiniens ne sont autorisés à creuser des puits qu'à un tiers de la profondeur des puits israéliens – quand il a vu l'exploitation des ressources par les riches colonies agricoles juives au détriment des agriculteurs palestiniens enfermés.
Et il a fait peu de cas en privé - peut-être un peu plus que lorsqu'il était Premier Ministre - de l'argument de certains Israéliens que la sécurité vient en priorité, et que l'économie et un accord politique viendront ensuite.
"Ces trois points doivent se produire ensemble", a-t'il dit aux diplomates, c'est ce qu'il pense aborder à Annapolis.
Cette semaine, il s'est concentré sur l'économie et il a fait pression sur Israël pour qu'il permettre une croissance de l'emploi dans la zone C de Cisjordanie , où il a un contrôle total et direct, y compris un projet du gouvernement japonais pour une zone "agro-industrielle" dans la Vallée du Jourdain.
L'objectif déterminant dans tout cela, bien sûr, c'est d'essayer de donner au Président palestinien, Mahmoud Abbas, quelque chose de tangible pour montrer les grandes lignes d'un accord politique auquel lui-même et le Premier Ministre israélien, Ehud Olmert, doivent arriver avant Annapolis et que M. Blair considère comme un "tremplin" pour des négociations complètes en vue d'une résolution finale.
Certains des possibles contours commencent à se préciser: un échange de terres pour préserver les grandes colonies de peuplement juives en Cisjordanie et, éventuellement, un accord de principe israélien sur Jérusalem Est comme future capitale palestinienne.
Mais les obstacles pourrait difficilement être plus potentiellement sans issue. M. Abbas, au moins autant que M. Olmert, auront à faire des concessions sans avoir d'accord définitif en retour. Et cela à un moment où le Hamas qui est totalement exclu aura toutes les chances de saboter le processus.
Pourtant, rien de tout cela ne semble entamer l'optimisme presque héroïque de Monsieur Blair : "C'est faisable".
Il admet en privé que l'expansion des colonies va bientôt rendre irréalisable tout État palestinien, ce qui augmente l'urgence d'une solution.
Mais on dit qu'il croit que M. Olmert considère la solution de deux Etats comme nécessaire aux intérêts d'Israël et qu'il accepte qu'ils n'ont pas assez de temps.
Il pense que les similitudes avec l'Irlande du Nord sont aussi importantes que les différences, mais comme cela irrite les Israéliens, il ne le dit pas.
Mais cela ne l'empêche pas de se souvenir ce que Ian Paisley lui avait dit au début de son service militaire, il n'y aura jamais d'accord en Irlande du Nord.
Source : http://news.independent.co.uk/
Traduction : MG pour ISM
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14 octobre 2007