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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

D’autres armes pour les faibles : Seule la résistance non violente peut espérer désarmer l’occupation

Par

Hanan Ashrawi considère que seule la résistance non violente peut espérer désarmer l’occupation. D’après une interview avec Sherin Bahaa

Pour les faibles, l’usage de la violence est toujours contre-productive parce que ce sont les forts qui possèdent le pouvoir militaire et les armes.
C’est pourquoi les faibles doivent s’appuyer sur la légalité, sur la morale et sur les solutions politiques.
Leur meilleure stratégie, c’est la non violence, parce que, avec elle, ils peuvent exposer leur faiblesse intrinsèque et leur force physique.

2004 aura été une année très unilatérale. C’est l’année où les agresseurs ont pris l’initiative. Nous avons connu des interventions militaires unilatérales non seulement en Irak et en Palestine, mais aussi dans d’autres pays.

Nous avons vu une croître les abus de pouvoir, surtout sous forme d’occupation, et tout cela au nom de la guerre au terrorisme. Dans bien des cas, aussi, la réponse des peuples à la violence qui leur était faite était violente et aberrante, et violait leurs propres valeurs morales.

Pour les faibles, l’usage de la violence est toujours contre-productive parce que ce sont les forts qui possèdent le pouvoir militaire et les armes.

C’est pourquoi les faibles doivent s’appuyer sur la légalité, sur la morale et sur les solutions politiques. Leur meilleure stratégie, c’est la non violence, parce que, avec elle, ils peuvent exposer leur faiblesse intrinsèque et leur force physique.


En Palestine notre expérience historique de peuple sous occupation est telle que plus nous utilisons la résistance non violente et plus nous nous concentrons sur l’affirmation de nos droits, sur la construction de nos institutions et sur le rejet de la réalité imposée par l’occupation, et plus nous pouvons faire apparaître la faillite de l’occupation elle-même, et plus nous gagnons de soutien.

Nous pouvons désarmer l’occupation en refusant simplement d’adopter ses méthodes et ses tactiques. De mon point de vue, la première Intifada a été beaucoup plus efficace que la seconde justement parce qu’elle était en grande partie non violente.



Les opérations suicides ont plusieurs causes.

On ne peut pas toutes les mettre dans le même panier.

Une partie des motivations est idéologique, évidemment, et dans ce cas il y a de l’espace pour un dialogue sérieux.

Mais il me semble que dans bien des cas la cause immédiate des attentats suicides à la bombe est le désespoir absolu, la colère et le désir de vengeance. Et toutes ces émotions sont à relier au fait qu’Israël utilise en permanence des Apaches et des F16 pour tuer des civils.

Ces attaques ne sont pas des actes moralement isolés. Ce sont des déclencheurs qui mettent en branle tout un nouveau cycle. Et c’est ce qui explique que les gens se tournent vers ce que d’aucun ont appelé «armes des faibles», «armes des pauvres» ou «armes du Tiers Monde », autrement dit, leurs propres corps.



Evidemment, les deux motifs ne s’excluent pas mutuellement : beaucoup de gens qui veulent la vengeance ont aussi une idéologie politique.
Aussi avons-nous besoin de nous occuper aussi de ça et d’évaluer tout son impact sur la cause palestinienne elle-même. Parce qu’aucune opération suicide ne peut s’interpréter comme seulement le reflet des souffrances que vivent les palestiniens.

Les victimes des attentats suicides à la bombe sont « choisies » d’une façon parfaitement aléatoire. En réalité, elles pouvaient n’être que des civils innocents. Je ressens très fort que nous devrions éviter de viser des civils, même si Israël est un pouvoir d’occupation – et que c’est justement cela même qu’Israël fait contre nous et que nous condamnons.



Nous ne devons pas adopter les mêmes méthodes qu’eux.

Nous ne devons pas permettre qu’on tue des civils. Nous ne devons pas nous autoriser cette licence morale, tout simplement parce que nous savons que nous sommes des victimes.

Il y a beaucoup de bénéfices à affronter la violence avec la non-violence surtout quand l’instrument du pouvoir qui nous fait face est la plus forte armée de la région et qu’elle est en grande partie incalculable.

Affronter la violence avec la violence, c’est faire le jeu de l’opposant et c’est s’affaiblir. En plus, on perd tout sur le terrain moral, surtout quand on a contre soi une machine à propagande incendiaire.

Résultat, la perception de l’équilibre du pouvoir est maintenant inversée dans les média. Nous avons exactement fourni les images horribles dont ils avaient besoin pour nous dépeindre comme des agresseurs et laisser Israël affirmer qu’il est forcé d’agir en état de légitime défense.


Nous devons défaire le mal que nous nous sommes fait à nous-mêmes et montrer la vraie nature de l’occupation.

Nous devons montrer combien l’occupation est violente en elle-même, combien elle viole tous les droits de l’homme.

Nous devons montrer ce que nous sommes en réalité, un peuple pratiquement sans armes et sous occupation.

Le moyen le plus efficace et le plus approprié pour y parvenir serait de faire voir notre esprit généreux, notre refus de mourir, d’être détruits, et d’adopter le principe d’une résistance collective non violente.

La résistance ne peut pas être ramenée à une activité purement militaire. L’unique moyen qui nous a permis de mener une résistance non violente au cours de la dernière Intifada, a été de démontrer qu’Israël n’avait aucun pouvoir sur notre vie quotidienne.

Nous avons continué à construire nos institutions, et refusé de coopérer avec les institutions de l’occupation.

Nous avons vécu d’une façon qui a souvent été l’équivalent de la désobéissance civile.

Nous avons organisé des comités de quartier, avons organisé des manifestations pacifiques, nous avons cherché à organiser nos vies démocratiquement, et nous avons rendu service à notre peuple, en dépit de la maigreur des moyens à notre disposition – tout cela pour éviter d’avoir affaire avec l’occupation israélienne, pour repousser leur intrusion dans nos vies et empêcher leurs tentatives de nous diviser.

Ce n’était pas une lutte armée. C’était un combat de la volonté. Et dans ce combat, nous avons montrer que notre volonté était plus forte que la leur et que nous pouvions continuer de souffrir, quoiqu’ils nous fassent.


En même temps, par nos actes, le monde entier a vu et comprit la véritable nature de l’occupation – que l’occupation signifie destruction et que c’est nous qui sommes les victimes, pas eux.

Source : weekly.ahram.org.eg/

Traduction : CS pour ISM-France

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3 janvier 2005