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Palestine - 11 novembre 2003
Par Hanan Ashrawi
Discours prononçé par le D. Hanan Ashrawi lors de la remise du prix de la paix de Sydney en Australie qui lui a été remis le 5 novembre 2003.
La solution de deux Etats est encore possible, bien que devenant encore plus difficile en raison de l'expansion des colonies, des routes de contournement et du Mur de l'Apartheid, partout sur le territoire palestinien.
L' Etat binational comme une solution de facto deviendra la seule option si Israel continue son expansion et refuse de se retirer sur les Lignes du 4 juin 1967 et de démanteler les colonies en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. La territorialité cèdera la place à la démographie et la solution sera celle d'une démocratie avec le Sionisme obligé de réexaminer ses principes de base.
"Puis-je disposer d' un instant pour apprécier ce moment lumineux dans l'Histoire que vous nous accordez. Vous avez choisi d'intervenir du côté de ceux qui ont décidé de prendre des risques pour la paix..."
Chers amis, soeurs et frères :
La Fondation pour la Paix de Sydney, ses membres et partenaires, de même que son distingué directeur, le Professeur Stuart Rees, ont pris la difficile décision de changer le cours des évènements, de défendre la justice et la poursuite de la paix, et d'intervenir en tant que force positive dans la résolution globale des conflits. Je suis sincèrement honorée d 'être inclue dans ce projet parmi de si distingués bénéficiaires du prix de la paix de Sydney.
Puis-je aussi voir ce prix comme la reconnaissance de tout ceux qui ont maintenu un engagement sans faille pour une juste solution au conflit israélo palestinien, qui ont résisté à la dynamique de violence qui prévaut, et à celle de s'infliger mutuellement souffrance et déligitimisation et qui continuent à offrir de l'espoir au milieu du désespoir, des deux côtés de la "démarcation".
Palestiniens et Israéliens ainsi que des personnes de conscience partout dans le monde, partageront ce droit à la reconnaissance comme une force significative pour la réconciliation et l'inclusion.
Vous aussi, vous avez courageusement choisi de prendre position dans le combat contre l'injustice plutôt que de choisir le refuge dans la soi-disante neutralité, ou l'intérêt personnel du Pouvoir. Vous avez refusé d'être détournés, intimidés ou rendus silencieux, montrant une ténacité et une determination qui sont les rares attributs d'une direction morale et d'un service authentique. Dans ce contexte, le premier de South Wales, Bob Carr, se distingue comme l'incarnation la plus appropriée de ces qualités. Pour cela aussi , je vous suis sincèrement reconnaissante.
C'est précisément dans ces périodes d'adversité et de souffrance,de violence et de victimisation, d'unilatéralisme et de militarisme, de fondamentalisme idéologique et d'exclusivité absolue, que le monde a le plus besoin de voix et de forces de bon sens, de raison et de responsabilité morale - les véritables blocs contructifs de la paix.
Alors que nous sommes témoins de tentatives pour imposer des vues simplistes d'un univers manichéen, de polarisation et de stéréotypes réducteurs du bien et du mal, nous avons le plus grand besoin de ceux qui s'engagerons dans une validation rédemptrice du pluralisme, de la tolérance, de la diversité, de l'authenticité des identités et d'un engagement compréhensif dans une responsabilité collective. Ainsi, il ne dépend que de nous, ensemble, de donner une voix et une audience à ceux, réduits au silence, et d'accorder un espace et du temps à ceux qui sont exclus et déniés.
C'est ce genre d'intervention dont le monde a besoin, non seulement pour résoudre les conflits, mais aussi pour empêcher qu'ils n'apparaissent ou ne génèrent leurs propres forces destructrices, qui pourraient échapper à tout contrôle. Aucun conflit ne devrait nous prendre par surprise, car tous les symptômes sont reconnaissables et les composants définissables. Des griefs de longue date et des iniquités sont devenu trop familiers, on les a laissé s'envenimer d'eux mêmes ou ils ont été manipulés par les forts comme moyen de victimiser les faibles. La nature des actions préventives doit être, par nécessité et par choix, constructive, pacifique, et thérapeutique.
Puisqu'un aspect de la globalisation c'est de redéfinir les ennemis-les alliés, les amis-les ennemis , dépassant les frontières nationales, territoriales et culturelles, le processus de rectification doit aussi utiliser les moyens mis à disposition par le savoir et la révolution technologique comme outils des réalités globales contemporaines. Ainsi, la faim, la pauvreté, l'illétrisme, la propagation de maladies, la dégradation de l'environnement, la privation de droit des faibles, la suspension des droits humains, pour ne citer que cela, sont tous des ennemis universels qui nécessitent l'effort collectif d'alliés universels. Des programmes de développement basés sur l'humain et des systèmes inclusifs de gouvernance restent les moyens les plus appropriés de libération.
Plus significatif, les instruments universels indispensables restent ceux qui établissent le Droit comme règle globale, dépassant à la fois les acteurs étatiques et non-étatiques, capables d'évaluer et de fournir les preuves de la responsabilité et d'assurer qu'il y ait réparation dans la justice. Accompagnés de leurs institutions multilatérales, ils se maintiennent comme protections contre la puissance unilatérale se déchaînant ou les actes militaires destructeurs préemptifs, basés sur des critères subjectifs.
Gardant cela en tête, la paix au Moyen Orient ou une juste solution au conflit israélo palestinien peut-être envisagée dans le contexte qui est le sien, comme étant celui de la plus longue occupation militaire et comme le cas non résolu le plus persistant de déni, dépossession et d'exil, dans l'histoire contemporaine. Comme tel, il est aussi un anachronisme car il réunit toutes les conditions coloniales dans un monde post néo-colonial, en plus des exigences d'auto détermination nationales comme base d'un Etat naissant dans un monde se redéfinissant de façon régionale et globale.
Sur le plan régional, le conflit a fourni des excuses commodes à la suspension des droits humains, l'esquive de systèmes démocratiques de gouvernance, le gaspillage des ressources naturelles et humaines et la éviter pérénisation de régimes centralisés qui freinent les défis du développement - tout cela sous le pretexte de "la sécurité nationale" et de la menace militaire externe. Pendants des décennies, la guerre ou les menaces d'hostilités militaires ont servi à maintenir le statu quo et à modeler la région sur des notions déplacées d'auto-défense qui ont contribué à la montée en puissance de l'extrémisme et du fondamentalisme plutôt qu'à la libération et à un engagement global.
La paix ou la pespective de paix est probablement la force la plus effective pour évincer de telles notions et tendances devenues de facto, facteurs les plus déstabilisants dans une région souffrant d'engourdissement. L'héritage du colonialisme a clairement servi les intérêts de ceux au Pouvoir, des régimes clients principalement, qui ont cherché à garder le contrôle, conduisant ainsi à la collusion entre des forces internes et externes et à l'exclusion du peuple dans son ensemble.
Une solution juste et complète du conflit israélo-palestinien (et par conséquent de celui arabo-israélien) pourrait libérer toutes ces forces jusqu'ici restées en suspend, mais qui forme l'énergie indispensable pour un progres soutenu, un développement, une démocratisation, et une intégration régionale. Alors que cela pourrait menacer une stabilité à court-terme, basée sur des normes et des tendances restrictives et contraignantes, cela constitue le seul méchanisme d'une stabilité, qui peut revendiquer une permanence, sur la base de systèmes de coopération et d'interdépendance contemporains et tournés politiquement, socialement, culturellement et économiquement vers le futur.
Globalement, la question palestinienne reste centrale dans la vision humaine de globalisation, comme test de la volonté collective d'intervention et de maintien d'une régle globale de droit, basée sur des principes opérants de justice, et de rédemption historique. Ceci accepté, la dynamique actuelle va à l'encontre des aspirations des artisans de la paix qui ont basé leurs projets sur l'universalité des droits humains, la parité devant la loi, l' intervention positive et la résolution non-violente des conflits à travers la réparation et l'élimination des griefs. Un sérieux changement, et un sérieux recadrage sont nécessaires pour restorer ces valeurs humaines qui ont été ébranlées, au lendemain du 11 septembre, avec le triomphe des néoconservateurs et des fondamentalistes en poste dans des centres de pouvoir clé.
La logique de paix, qui avait été formulée avec difficulté (et péniblement) comme substance des rencontres et dialogues palestino-israélien, longtemps avant les négociations, est actuellement noyée dans le vacarme des battements de tambours de guerre et la souffrance infligée mutuellement et frénétiquement ces trois dernières années. Une telle violence, tragique et d'un envahissement sans précédent, a non seulement détruit les accords et réalisations antérieurs, mais détruit aussi les possibilités de réconciliation future. Son impact le plus alarmant porte sur les perceptions et attitudes des deux peuples, particulièrement dans la régression vers de faux raisonnements du passé, et la position prise de mutuelle négation, provenant de la réactivation d'angoisses profondes, existencielles, de survie.
De tels raisonnements erronnés et de telles assomptions fausses doivent être confrontés avec hardiesse et systématiquement déconstruits, dans l'espoir d'extraire les deux camps de ce piège mortel de destruction mutuelle qui s'auto reproduit.
L'idée qu'une nation entière peut être amenée à s'agenouiller par l'utilisation d'un violence débridée ou que la volonté d'un peuple peut être vaincue par des moyens militaires, doit être écarté une fois pour toute. Des armées peuvent vaincre d'autres armées, mais les limites du pouvoir sont plus visibles lorsque celui ci est utilisé contre des civils et des non-combattants. En parallèle, la fausse assomption qu'il puisse y avoir une solution militaire au conflit, doit être complètement et irrévocablement écartée.
Inversement, l'émergence d'un concept bizarre d’une "balance de la terreur" a renforçé les tueries irrationnelles et immorales de civils, et la victimisation des innocents. La recherche d'une vengeance, comme l'escalade de la brutalité militaire, a généré le plus tragique et le plus futile élan d'escalade et d'auto-destruction. Des deux côtés, le "tous les coups sont permis" dans la façon de penser a pris le dessus comme réponse débile, viscérale, répétitive, aux horribles ramifications. L'assomption erronnée que plus grande est la souffrance et la punition, ou que l'escalade de mesures qui ont échoué, conduiraient d'une certaine façon au "succes" ou la rédition d'un camp à l'autre, est au coeur de la dynamique de mort et de dévastation qui prévaut.
En relation avec cela, il y a la notion qu'un peuple qui vit sous occupation se réconcilera éventuellement avec le fait qu'il vit en captivité et acceptera son sort sans se battre pour la liberté et la dignité. L'auto-détermination n'est pas quelque chose d'abstrait pour le peuple palestinien mais la réalisation et la concrétisation actuelles de son identité sur sa terre et une force motivante pour l'acquisition de l'indépendance et la création d'un état. C'est la négation finale de "Une terre sans peuple pour un peuple sans terre" qui a longtemps encadré la rationalisation d'une des formes les plus extrèmes du sionisme qui cherchait à nier l'existence même et l'humanité des Palestiniens.
Pour que le conflit soit résolu, ses causes doivent être identifiées et traitées, tandis qu'on doit s'occuper des reproches et des peurs des deux côtés, et qu'ils doivent être enterrés. Aucun camp ne peut prétendre avoir le monopole de la peine et de la souffrance, de même qu'il ne peut prétendre avoir l'exclusivité de l'histoire et de la légitimité. En clair, la paix ne peut pas se charger de convertir tous les Palestiniens au Sionisme ou de tranformer tous les Israéliens pour qu'ils épousent le nationalisme palestinien.
Le déni ou la distortion de l'histoire de l'autre a servi comme véhicule pratique pour la déshumanisation de l'adversaire et, de ce fait, comme justification de toutes les formes de violations et d'atrocités, en même temps qu'une fuite des responsabilités. Les comptes-rendus historiques doivent être réconciliés, que ce soit par la reconnaissance de l'horreur de l'Holocauste et de toutes ses effroyables implications, ou par la victimisation historique du peuple palestinien et sa tragédie duelle de depossession et d'exil d'un côté, d'oppression et d'occupation de l'autre.
Cela devrait aussi devenir évident que, ironiquement, et dans ce contexte, les Palestiniens et les Israéliens ont atteint une étape de légitimités interdépendantes plutôt que de celle d'une compétition sur une légitimité particulière qui s'exclue mutuellement. Etant donné que ce qui est essentiellement nécessaire pour la paix repose sur le fait de partager la terre et la Palestine historique, cela implique qu'il doit y avoir une légitimité partagée, basée sur la parité et la réciprocité.
Aucun des deux camps ne peut (ou ne devrait être autorisé) à détruire l'autre physiquement, moralement, ou légalement. L'acceptation totale de l'égalité des vies humaines et des droits doit être internalisée, sans revendication de supériorité sur ces valeurs humaines et attributs les plus essentiels.
De la même façon, il ne peut y avoir d'exclusivité des revendications - que ce soit concernant la terre ou la sécurité, ou dans la discussion et la présentation publique des problèmes. Des liens partagés existent, à la fois comme concepts moraux et humains de proximité et d'interaction.
La sécurité, de ce fait, est un facteur de mutualité et d'interdépendance, émanant de considérations centrales, prenant en compte la totalité des impératifs humains. Les différentes dimensions de la sécurité, historiques, territoriales, culturelles, économiques, sociales, personnelles, existencielles, légales et politiques, doivent servir à formuler les problèmes et conduire le processus au-delà des limites étroites que leur confèrent la sécurité militaire. Une approche stratégique de la paix, humaine et humaniste, est par définition celle d'une libération intégrée plutôt que celle de stratagèmes basés sur des pouvoirs politiques, ou sur la coercition, ou le contrôle militaire.
A l'opposé, le raisonnement erronné du fondamentalisme, ou même d'une intervention et d'une attribution divine, a été exploité pour justifier l'absolutisme et l'exclusivité, mettant ainsi fin à tout espoir d'une solution basée sur une conciliation , revendiquant, pendant ce temps, une license illimitée pour tuer et détruire. Les idéologies extrémistes ont tendance à se développer lors de périodes de désespoir et d'insécurité, et comme le recours à la violence et au militarisme, elles sont le signe d'une abscence de solutions effectives applicables, et elles manipulent la réalité.
La radicalisation, est aussi un facteur de distorsion d'idéologies à l'emporte-pièce et de théories généralisées de façon simplistes telles que "le choc des civilisations" ou "la guerre entre les religions" ou le fait d'imposer la démocratie par la force des armes. La polarisation croissante élargit le fossé et déforme toute vision de réconciliation, non seulement en décrivant le conflit comme faisant partie d'un grand coup de balai à dimensions théologiques, mais, essentiellement, en induisant qu'il est impossible à résoudre par des moyens pacifiques et un règlement légal. L'inévitabilité des conflits, définie comme un concept universel abstrait, est directement antithétique de celle de responsabilité et d''intervention.
A ce jour, il est devenu clair que, l'assomption que le conflit palestino israélien est un problème purement bilatéral et qu’il peut être résolu par les deux camps sans l'intervention d'une troisième partie, est complètement fausse. Cela a été utilisé de multiples façons pour maintenir une asymétrie de pouvoir afin de justifier le manque de volonté politique ou l'impotence des acteurs extérieurs, et pour maintenir d'autres assomptions fausses telles que la "paix par l'épuisement" ou d'une " intervention après que le sang ait été suffisamment répandu".
Le besoin de l'intervention d'une troisième partie n'est pas seulement un facteur d'équilibre mais est une force indispensable pour casser le cercle mortel de la violence et de la vengeance, tout en fournissant un contexte pour la légalité, l'arbitrage, et les garanties. Une forme authentique de multilatéralisme et de responsabilité collective est la condition siné-qua none pour la résolution du conflit. Une séparation artificielle, unilatérale, en force, telle qu'elle est représentée par le Mur de l'Apartheid expansioniste mène tout droit à plus de conflit et une violence accrue - en intégrant rien moins que différentes formes d'injustice coercitives incluant le vol de terre et d'eau, la fragmentation de la réalité palestinienne, la création de ghettos isolés, et l'imposition de frontières politiques qui détruisent toute chance d'établir un Etat palestinien, par conséquent une juste paix.
La construction de la nation palestinienne et de son Etat sont un impératif pour la paix et la stablilité dans toute la région. La démocratie et la séparation des pouvoirs, la règle de droit et le respect des droits humains, la construction des institutions et d'une bonne gouvernance, rendre des comptes de manière transparente et des réformes - tout cela forme les ingrédients d'un Etat palestinien viable.
L'occupation, bien qu'intrusive, ne doit pas être utilisée comme excuse pour fuir les responsabilités. De même, les négociations et les obligations qui accompagnent des accords, ne doivent pas être suspendues en attendant l'établissement d'une utopie palestinienne. Le démantelement de l'occupation et l'établissement d'un Etat doivent s’effectuer de façon simultanée, rapidement et pleinement, comme processus interdépendants.
Un instrument comme la « feuille de route » de l'ancien quartet aurait pu servir à donner une ligne de conduite vitale pour la paix si elle avait été appliquée avec rapidité et intégrité, avec des dates butoirs claires, des méchanismes pour diriger et vérifier, et le courage d'exercer une responsabilité impartiale. L'incorporation des amendements israéliens dans la mise en application a terni l'intégrité du texte et des acteurs exterieurs également. Mettre en avant les obligations palestiniennes dans le processus, et créer encore plus de phases intérimaires, sans garanties sur le terrain, ont rendu la feuille de route inopérante et sujette aux extrémistes des deux camps. L'absence de volonté politique, d'impartialité et de sérieux dans les intentions dans l'intervention de la troisième partie pourrait avoir l'effet inverse, en aggravant encore plus le conflit à cause d' espoirs fuyants et de déceptions.
De même, les interventions de la troisième partie peuvent aussi être destructrices si elles sont motivées par un agenda spécial, si elles se pratiquent dans la partialité et si elles sont incapables d'avoir des effets concrets sur le terrain. Sans substance, légitimité, et possibilité de réalisation concrète, de telles interventions créent un semblant d'engagement, sans prise sur la réalité et le conflit lui-même.
Quand le problème est relocalisé au niveau domestique pour devenir une partie des réalités de politique intérieure, ciblant particulièrement des votes et des fonds en période électorale, ou l'influence de certains groupes d'intêret, alors le problème devient celui de son exploitation et de la recherche d'un intérêt personnel, plutôt que de celui de servir la paix.
L'interférence extérieure la plus nuisible est celle des zélés et des enthousiastes qui adoptent à distance les attitudes les plus extrèmes, avec "l'intensité passionnelle" du " pire". La fidélité aveugle et l'identification avec un camp, conduit à adopterl' attitude la plus belliqueuse envers l'autre, intensifiant ainsi le conflit et faisant échouer le dialogue et la communication rationnelle.
Les fondamentalistes islamiques et les branches régressives des nationalistes arabes ont ironiquement rejoint les rangs des évangélistes chrétiens, des fondamentalistes juifs, et des néoconservateurs et leurs idéologies, pour combattre leurs propres guerres de proximité sur le dos des Palestiniens et des Israéliens modérés. Ces apologistes radicaux ont infligé de sérieux dommages et des souffrances à distance, eux étant en sécurité à Riyadh, Damas, Washington, Knoxville, ou Sidney, utilisant un type d'intervention à laquelle aucune paix ne peut survivre.
La superposition d'une loyauté aveugle ou du sentiment de culpabilité a réactivé le pire de l' étiquetages raciste et de la déshumanisation, avec en plus la superposition de fausses analogies. C'est peut-être commode d'étiqueter tous les Palestiniens comme des "terroristes" et de les exclure de la conscience du monde, dans le contexte de la "guerre contre le terrorisme".
C'est peut être aussi commode de décrire les mesures israéliennes d'occupation telles que, les bombardements aériens et les tirs d'obus sur les zones civiles palestiniennes, les assassinats et les enlèvements, les destructions de maisons et de récoltes, les sièges et les séparations, les points de contrôle et l'humiliation, les colonies illégales et les Murs de l'Apartheid et les clôtures d'annexion, comme des formes légitimes "d'auto défense".
C'est peut être confortable d'écarter des décennies d'occupation militaire et de dépossession comme produit de l'imagination de la victime, par conséquent n'ayant aucun rapport avec le conflit actuel. Cependant, remarquer tous ses points nous éloigne encore plus de la solution.
En fait, la solution reste simple et accessible, ayant été définie à maintes reprises et étant devenue partie inérante d'un consensus global. La solution de deux Etats est encore possible, bien que devenant encore plus difficile en raison de l'expansion des colonies, des routes de contournement et du Mur de l'Apartheid, partout sur le territoire palestinien. L' Etat binational comme une solution de facto deviendra la seule option si Israël continue son expansion et refuse de se retirer sur les Lignes du 4 juin 1967 et de démantèler les colonies en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. La territorialité cèdera la place à la démographie et la solution sera celle d'une démocratie avec le Sionisme obligé de réexaminer ses principes de base.
Jérusalem, Ouest et Est, peut devenir une ville ouverte et une capitale partagée par deux Etats, incluant ainsi l' essence de la paix et retrouvant sa stature comme ville aux dimensions la dépassant, non sujette à une possession exclusive ou une main mise par acquisition.
Les réfugiés palestiniens doivent bénéficier d'une reconnaissance historique, légale, morale, et humaine et recevoir des compensations selon le droit international et les nécessités de la justice. Pas besoin de réinventer la roue, mais il y a un besoin de volonté et de courage pour agir contre toutes les forces adverses.
Chers amis, soeurs et frères - alors que nous fonçons droit vers l'abîme, alors que nous perdons chaques jour des vies uniques, irremplaçables, et alors que les attitudes et les coeurs s'endurcissent, puis-je disposer d' un instant pour apprécier ce moment lumineux dans l'histoire que vous nous accordez.
Vous avez choisi d'intervenir du côté de ceux qui ont décidé de prendre des risques pour la paix. Cela prend certainement une forme unique de courage, de ténacit, et de choix de priorités humaines distinctes pour défier les fausses assomptions et les injustices.
Au nom de tout le peuple palestinien et au nom de tous les Palestiniens et Israéliens qui ont maintenu leur partenariat pour la paix et de la part de tout ceux qui sont solidaires de tous nos efforts, je vous remercie. Vous avez pris sur vous un défi mondial et vous donnez corps à sa dimension humaine. Nous sommes vraiment encouragés et inspirés.
Source : www.miftah.org
Traduction : MDB
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Hanan Ashrawi
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