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Palestine - 5 juillet 2010
Par Youssef Girard
Le Palestinien Abou Daoud, de son vrai nom Mohammad Daoud Oudeh, 73 ans, membre du Conseil national palestinien (Parlement) et du Conseil révolutionnaire du Fatah, considéré comme le "cerveau" de l’attaque des "militaires-sportifs" sionistes durant les Jeux Olympiques de Munich en 1972, est décédé samedi matin à Damas où il était réfugié. Abou Daoud était malade. Celui qui était membre du Fatah depuis 1962, devrait être inhumé dimanche 4 juillet dans l'après-midi dans le cimetière des Martyrs, dans le camp palestinien de Yarmouk, à l'entrée sud de Damas.
Dans son autobiographie "Palestine: de Jérusalem à Munich", Abou Daoud, né à Silwan à proximité d’al-Qods, avait reconnu sa responsabilité dans l'attaque menée contre des "athlètes-militaires" sionistes.
L'auteur y racontait la planification de cette attaque par un commando de "Septembre noir", né au sein du Fatah à la suite du massacre de la résistance palestinienne en Jordanie, en septembre 1970, qui avait fait environ 10 000 morts coté palestinien.
Au cours de l’attaque, "Septembre noir" réclama la libération et le passage en Egypte de 234 prisonniers palestiniens, de 2 Marocaines, de 2 Françaises, de Kozo Okamoto de l'Armée rouge japonaise et de 6 officiers Syriens et Libanais prisonniers en Palestine occupée, ainsi que de 2 autres prisonniers allemands emprisonnés en Allemagne, Ulrike Meinhof et Andreas Baader. Alors premier ministre, Golda Meir répondit qu'il n'y aurait aucune négociation.
Dans un communiqué distribué aux agences de presse arabes, "Septembre noir" affirmait : "L’occupation par les Israéliens de la Palestine a entraîné pour les habitants de la Palestine l’application des méthodes les plus inhumaines et les plus systématiques de torture et de colonialisme, la destruction de villages, la mort de milliers de personnes, la destruction sans la moindre raison, par explosif, de maisons habitées par des civils, des interrogatoires barbares pour les prisonniers, et des tortures caractéristiques des régimes les plus répressifs. […] De la même façon qu’aucun crime contre l’humanité ne paie, cela ne paiera pas. Cela est le cas en Afrique du Sud et en Rhodésie, et il en va de même en Palestine".
Le 5 septembre 1972, l’attaque de Munich coûta la vie à 18 personnes dont 11 athlètes sionistes, 5 des 8 hommes de "Septembre noir" et un policier allemand. Les victimes furent tuées, dans leur grande majorité, par les forces de sécurité allemandes lorsqu’elles donnèrent l’assaut. Incompétente, la police allemande qui prit part à l'opération, n'avait pas de formation spécifique pour mener ce type d’opération.
En représailles, l’Entité sioniste engagea une traque, menée par le Mossad, contre les membres survivants du commando de "Septembre noir" et contre des militants de la résistance palestinienne ainsi que des raids contre les camps de réfugiés et les villages situés à la frontière avec le Liban. Les attaques sionistes firent plus de 200 morts palestiniens, en majorité dans la population civile.
Les représentants de l'OLP en Italie, en France et à Chypre furent les premières personnes à être tuées : Wael Zwaiter, Mahmoud Hamchari et Hussein Béchir Aboul Kheir. Au même moment, les représentants en Algérie et en Libye furent mutilés : Ahmed Wafi et Moustapha Awad Zeid. Le 10 avril 1973 Mohammed Youssef al-Najjar, alias Abou Youssef, alors numéro deux du Fatah, Kamal Adouan et Kamal Nasser furent exécutés à Beyrouth. L’homme de théâtre algérien et soutien actif de la révolution palestinienne, Mohammed Boudia fut assassiné à Paris le 28 juin 1973. Six ans plus tard, Ali Hassan Salameh fut tué le 29 janvier 1979 à Beyrouth par un commando dirigé par Ehud Barak. La liste des morts et des mutilés ne cessa d'augmenter, notamment, avec les assassinats le 16 avril 1988 à Tunis d’Abou Jihad et le 15 janvier 1991 d’Abou Iyad et d’Abou Mohammed. L’un des derniers tués fut Atef Bseiso assassiné le 8 juin 1992 à Paris.
Au cours de la campagne d’assassinats, Ahmed Bouchiki, serveur marocain, fut assassiné à Lillehammer par le Mossad alors qu’il n’avait aucun lien avec la résistance palestinienne.
En France l’attaque de Munich eut un impact déterminant sur l’extrême-gauche et sur le mouvement de soutien à la Palestine. La direction de la Gauche Prolétarienne, organisation maoïste engagée aux côtés des Palestiniens, condamna l’attaque ce qui créa des tensions avec une partie de ses militants arabes. Cela ne fut pas sans lien avec l’éclatement de la Gauche Prolétarienne puis la défense d’un sionisme intransigeant par certains de ses anciens cadres comme Benny Levy. Contre cet abandon du soutien à la cause palestinienne et pour assurer leur autonomie politique, les militants arabes fondèrent le Mouvement des Travailleurs Arabes (MTA).
En 1999, année de la parution du livre "Palestine: de Jérusalem à Munich", l’Entité sioniste a interdit à Abou Daoud de retourner à Gaza et en Cisjordanie .
Expliquant l’attaque, Abou Daoud avait affirmé à cette époque sur al-Jazeera : "Nous étions en état de guerre contre Israël. Notre objectif n'était pas civil. Nous avions visé des sportifs qui étaient en réalité des officiers et des soldats israéliens. En Israël, toute personne est un réserviste".
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