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Vallée du Jourdain - 11 août 2007
Par IRIN
Les résidents palestiniens du village d’al-Hadidiya, dans la vallée du Jourdain (en Cisjordanie), vivent sans électricité ni eau courante et, fait plus important encore selon eux, ils ont reçu des ordonnances de démolition et d’évacuation.
Photo ISM : Un village de Bédouins dans la Vallée du Jourdain situé juste à côté de la nouvelle route Tel-Aviv-Jérusalem-Amman en construction appelée "Route de la Paix". Un autre village appelé à disparaitre.
"Cinq familles ont tenté de s’opposer à ces ordonnances devant les tribunaux israéliens", a rapporté Ali Bsharat, un habitant d’al-Hadidiya. "Elles ont perdu".
Ces familles ont alors été contraintes de signer des documents et de s’engager à quitter la région.
"Nous ne voulons pas partir", a déclaré M. Bsharat, qui a néanmoins laissé entendre que ce pourrait bien n’être qu’une question de temps avant que tous les habitants soient forcés de partir.
Zidki Maman, le porte-parole de l’Administration civile israélienne en Cisjordanie , a justifié les ordonnances en expliquant que les habitants du village avaient "illégalement occupé les terres". "Ils y ont installé leurs tentes et leurs enclos à bestiaux" en violation des lois israéliennes applicables en territoire cisjordanien occupé, a-t-il ajouté.
"Israël doit prendre des mesures à l’encontre des personnes qui enfreignent la loi", a poursuivi M. Maman. Pour leur part, les villageois déclarent s’être installés sur ces terres après que leur zone de résidence précédente eut été déclarée "zone militaire" par Israël.
Eau
"En 1997, nous étions desservis par Mekorot [la société de distribution d’eau israélienne]. Mais huit mois plus tard, ils nous ont coupé l’eau, [ils] ont fermé les vannes", a raconté Saker, d’al-Hadidiya.
Selon certains résidents et observateurs, les changements politiques qui se sont opérés en Israël à la fin des années 1990 seraient à l’origine de cette décision.
Les canalisations, encore sarcastiquement visibles, sortent de terre non loin de là, pour ravitailler en eau les colonies israéliennes considérées comme illégales au regard du droit international. Pour Saker, il s’agit d’un sujet sensible.
"Nous ne faisons aucun mal aux Israéliens. Nous avons des droits sur nos terres. Où sont les attestations de propriété foncière des colons ?", a-t-il demandé, élevant la voix de colère et de frustration.
Amnesty International a récemment exprimé des préoccupations au sujet de ces villageois, confrontés à des "pressions de plus en plus fortes, à mesure que l’armée restreint leur [liberté] de mouvement et leur accès à l’eau".
Groupe israélien de défense des droits humains
Dans son nouveau rapport, publié le 7 août, l’organisation israélienne de défense des droits humains B'tselem qualifie "d’illégales" les restrictions de circulation imposées en Cisjordanie ; selon l’organisation, ces restrictions constituent une forme de châtiment collectif.
Selon le rapport, intitulé Ground to a Halt [Immobilisés], ces restrictions portent atteinte au "tissu de la vie des Palestiniens", et notamment à leur économie, à leurs liens sociaux et à leur accès aux soins de santé. Elles entravent également leur capacité à développer leur système de santé.
"Israël a le droit et le devoir de protéger ses citoyens, mais cette protection doit être assurée par le biais de moyens légaux qui ne soient pas contraires aux droits de l’homme", a estimé Sarit Michaeli, porte-parole de B'tselem.
L’association a appelé Israël à "lever immédiatement toutes les restrictions de circulation permanentes et abusives, imposées en Cisjordanie ", et à évacuer toutes les colonies.
Restrictions de circulation
En attendant, la centaine d’habitants d’al-Hadidiya, un village situé dans la section nord-est de la Cisjordanie , dans une région connue sous le nom de vallée du Jourdain, doit utiliser des camions-citernes pour transporter l’eau.
Cependant, en raison des restrictions de circulation, le camion-citerne et son tracteur risquent d’être confisqués par l’armée israélienne, si celle-ci juge qu’ils enfreignent les règles qui déterminent quelles routes sont accessibles et quand.
"Du coup, on peut se retrouver sans eau pendant un jour", a expliqué Saker, à moins que les villageois ne louent un tracteur de remplacement privé, ce qui triple les frais déboursés par ces populations de pasteurs démunies. De plus, pour récupérer leur camion-citerne et leur tracteur, ils doivent s’acquitter de lourdes amendes.
Quant aux quelque 80 résidents de Makhoul, un campement plus petit, situé non loin de là, ils sont soumis à des difficultés semblables, à ceci près que leur eau leur coûte plus cher : en effet, n’ayant pas de tracteur, ils doivent toujours assumer la dépense supplémentaire que représente la location du véhicule.
Les restrictions de circulation sont un problème quotidien. "Parfois, si nous faisons paître nos bêtes trop près des routes ou des bases militaires, nous risquons d’être interpellés ou arrêtés par l’armée", a expliqué Haj Hussain Bsharat.
La dernière fois que cela lui est arrivé, son troupeau a été laissé en liberté sur le bord de la route tandis qu’on l’emmenait, a raconté M. Bsharat.
"Nous avons proposé à ces gens des solutions alternatives. Mais ils [les] refusent systématiquement et ignorent la loi", a indiqué M. Maman de l’Administration civile.
Pas de permis de construire
Furush Beit Dajan se trouve plus au sud. La population locale est composée, à environ 15 pour cent, de réfugiés de la guerre israélo-arabe de 1948, inscrits auprès de l’UNRWA, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens.
Pour Mohammed Balaine, un réfugié dont la famille est originaire d’une région proche de Beersheba, dans le sud d’Israël, "le principal problème" auquel sont confrontés les quelque 1.200 habitants du village, "c’est [qu’ils n’ont] pas de permis de construire". "Notre village ne figure pas sur la carte officielle [d’Israël]", puisqu’il est, lui aussi, considéré comme illégal.
Comme al-Hadidiya, Furush Beit Dajan se trouve dans la Zone C, sous l’autorité exclusive d’Israël, selon les accords d’Oslo.
"Ma maison est vieille. Elle contient de l’amiante, un matériau qui peut causer le cancer. C’est mauvais pour notre santé. [Malheureusement], nous ne pouvons pas construire un toit en dur, parce que [la maison] serait alors considérée comme un bâtiment [à part entière], qui risquerait de faire l’objet d’une ordonnance de démolition", a déploré M. Balaine.
Electricité
N’étant pas approvisionnés en électricité par le réseau national, les villageois se servent de générateurs, ce qui augmente leurs frais, selon M. Balaine.
Il envie les habitants d’un village des alentours, que le gouvernement espagnol a doté de panneaux solaires coûteux, qui génèrent de l’électricité.
"Ils n’ont rien à payer", a expliqué M. Balaine, qui espère que son village pourra lui aussi bénéficier de ce système durable.
Ici aussi, les restrictions de circulation sont source de préoccupations ; en effet, pour se rendre à l’hôpital le plus proche, il faut passer plusieurs postes de contrôle, ce qui, selon les travailleurs humanitaires, provoque des contretemps fâcheux en cas d’urgence.
L’accès à l’eau est également une lutte quotidienne. Trois des sept puits du village ne sont plus accessibles et ont été réservés à l’usage exclusif des colons qui vivent aux alentours, selon les résidents. "L’eau est une source de vie", a noté M. Balaine.
"Notre accès à l’eau se réduit d’année en année", a-t-il expliqué. "Une fois qu’il n’y aura plus d’eau, ce sera fini".
shg/at/cb/nh/ads
Source : http://www.irinnews.org/
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