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Israël - 30 mai 2006
Par Baruch Kimmerling
Nous, les professeurs de l'Université Hébraique n'avons aucune idée des élèves à qui nous enseignons, et ce n'est pas notre problème tout pendant qu'ils répondent aux exigences universitaires.
Mais un programme accéléré ou simplifié pour un certain groupe d'étudiants, en particulier des membres des services de sécurité du Shin Bet - comme celui qui a été approuvé la semaine dernière par le Conseil des Sciences Humaines - est inadapté et c'est le problème de chaque membre de notre communauté universitaire.
Le Shin Bet peut récompenser ses employés par l'octroi d'études, mais il n'a pas autorité Ã intervenir dans un programme universitaire afin de façonner son caractère et contenu.
C'est attristant et inquiétant, mais pas effrayant, d'apprendre que certains de nos collègues ne comprennent pas cela et sont disposés à apporter de l'aide à tels projets.
Apparemment, ils sont disposés à éviter non seulement les décisions du Conseil pour les Hautes Etudes, mais également ses autorités internes, pour créer des faits accomplis.
Il est souhaitable pour ceux qui travaillent dans l'establishment de la défense, y compris le Shin Bet, de faire des études supérieures et d'avoir des diplomes universitaires, et pas nécessairement dans des domaines tels que la langue et la culture Arabe ou des études Moyen-Orientales mais également dans les sciences humaines, y compris la philosophie et l'éthique.
En tant qu'individus, ils devraient tous, s'ils répondent aux standards de l'université, accepter les exigences. Je ne connais pas bien le programme prévu par le Shin Bet, mais ce n'est probablement pas une énormité que de dire qu'il n'exige pas ce genre de diplome, mais plutêt des études "professionnelles".
En plus d'une éventuelle dévaluation d'un diplême de l'Université Hébraique en raison de ce programme spécial, il existe un autre problème d'éthique grave et complexe.
Tout pays a besoin d'un establishment de la défense de qualité, mais une université par définition se situe sur un plan institutionnel différent et est naturellement motivée par différentes valeurs - probablement même des valeurs qui sont en contradiction que celles de l'establishment de la défense, aussi morales que possible. Bien que les deux institutions mènent des "recherches", les objets et les méthodologies de la recherche sont le jour et la nuit.
Un autre facteur, bien qu'il ne soit pas décisif, est la question de la menace d'un boycott de l'enseignement supérieur israélien, qui n'a causé et ne peut causer aucun dommage.
La menace n'est pas une petite hypocrisie, car personne n'a osé proposer un boycott des établissements universitaires Américains ou Britanniques après l'invasion de l'Irak, ou du milieu universitaire chinois pour les violations aux droits de l'homme. Néanmoins, une coopération de ce genre entre les établissements de l'enseignement supérieur et les principaux représentants de l'occupation israélienne pourrait donne un nouvel élan et une nouvelle légitimité Ã l'initiative basée sur l'argument que des liens existent entre l'éducation et la répression des Palestiniens.
Mais la coopération entre le Shin Bet et l'université devrait faire l'objet d'une opposition, non pas en raison de la menace d'un boycott, mais en raison du fond du problème.
En dépit de tous ces arguments, qui auraient dû être évidents pour les universitaires éclairés, pourquoi de tels arrangements existent-ils néanmoins dans les établissements d'enseignement supérieur d'Israël ?
La véritable raison est qu'une certaine partie du personnel des universités rejoint le milieu universitaire après avoir servi et fait carrière dans l'establishment de la défense, et qu'ils ne s'arrangent pas tous pour "devenir des civils".
Même ceux qui ne font pas une partie de ce système ont une faiblesse pour la présence des généraux.
Le militarisme n'a pas exempté le milieu universitaire israélien. Prendre, par exemple, la nomination du professeur Menachem Milson comme doyen de la faculté des sciences humaines.
Milson, un excellent spécialiste de la littérature Arabe, était à la tête de l'Administration Civile de Judée et de Samarie dans les années 80.
Il fut connu pour son échec dans la création d'"associations de village" - une sorte de milice prévue pour contrebalancer le Fatah. Cet exemple prouve le manque de sensibilité morale de certains de mes collègues, et leur manque de capacité Ã évaluer la qualité de l'Administration appropriée pour l'université.
Source : http://www.haaretz.com/
Traduction : MG pour ISM
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Baruch Kimmerling
30 mai 2006