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ISM France - Archives 2001-2021

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Israël -

E-1 : La fin d’un état palestinien viable

Par

Jeff Halper est fondateur et coordinateur du « Comité israélien contre la démolition des maisons palestiniennes »

L’erreur fatale de la plupart des analyses du conflit Israël/Palestine, c’est la certitude qu’il suffira que les Palestiniens aient leur propre état, pour que tout se termine bien.
Un état établi sur tous les Territoires Occupés (Résolution 242 des Nations Unies), sur la majorité des Territoires Occupés (Oslo, la Feuille de Route et l’initiative de Genève) et même sur la moitié des Territoires Occupés (l’idée de Sharon) – peu importe.
Une fois qu’il y aura un état palestinien, le conflit sera terminé et on pourra tous passer à autre chose.

Faux. Un état palestinien peut tout autant être une prison qu’un état légitime répondant aux aspirations nationales de son peuple.
La question cruciale, c’est la viabilité.
Israël est un petit pays, mais il est trois fois plus grand que les régions palestiniennes. La totalité des zones cccupées de Cisjordanie , de Jérusalem Est et de Gaza ne représentent en tout que 22% d’Israël/Palestine.
Ce qui signifie que même si tous les territoires qu’Israël a conquis en 1967 étaient restitués, il lui en resterait toujours 78%.


Les régions palestiniennes constituent-elles un état viable ? A peine. Ca ne fait que la taille de l’état américain du Delaware (mais avec trois fois plus de population avant même le retour des réfugiés).

Il faudrait au moins avoir un territoire cohérent, des frontières avec Israël, la Jordanie, la Syrie et l’Egypte, une capitale àJérusalem, un port sur la Méditerranée, un aéroport à Gaza, une économie viable (basée sur le tourisme en Terre Sainte, l’agriculture, le high-tech et l’accès à l’eau du Jourdain.

Cet Etat serait membre de la communauté internationale jouissant de bonnes relations commerciales avec ses voisins et du soutien de sa diaspora éduquée et riche – un tel petit état palestinien aurait une chance d’être viable.


C’est exactement ce qu’Israël cherche à empêcher.

Depuis qu’il a été chef du Comité ministériel pour les Colonies dans le gouvernement Bégin en 1977, Ariel Sharon a toujours été franc quant à ses intentions pour garantir toute la terre d’Israël au Peuple Juif.

« La sécurité » n’a rien à voir avec la politique expansionniste d’Israël.

Les gouvernements successifs n’ont pas implanté 200 colonies en vue de la sécurité. Ils n’ont pas non plus construit pour des raisons de sécurité l’énorme infrastructure de routes pour israéliens seulement qui relient irréversiblement les blocs de colonies à l’intérieur d’Israël.

Et le tracé du Mur de Séparation ne peut pas plus que la politique d’expropriation de la terre palestinienne et de démolition systématique de maisons palestiniennes, s’expliquer par la "sécurité". Tout cela n'a qu'un seul objectif : affirmer que le pays tout entier appartient à Israël. Point final.


Israël ne peut pas non plus « digérer » les 3,6 millions de Palestiniens qui vivent dans les Territoires Occupés.
Leur donner la citoyenneté invaliderait Israël comme état Juif ; mais si on ne leur donne pas la citoyenneté tout en les maintenant pour toujours sous occupation, ce serait un Apartheid absolu.

Que faire ? La réponse est claire : établir un petit état palestinien de, disons, cinq ou six cantons (les termes de Sharon lui-même) sur 40 à 70% des Territoires Occupés, complètement entouré et contrôlé par Israël.

Un tel état palestinien ne représenterait que 10 à 15% du pays et n’aurait aucune souveraineté ni viabilité réelles : pas de territoire cohérent, pas de liberté de mouvement, pas de contrôle des frontières, pas de capitale à Jérusalem, pas de viabilité économique, pas de contrôle sur l’eau, pas de contrôle de l’espace aérien ou des communications, pas d’armée – ni même le droit en tant qu’état souverain de nouer des alliances sans l’autorisation d’Israël.

Et puisque les Palestiniens n’accepteront jamais ça, Israël doit "créer des faits accomplis sur le terrain" qui compromettent les négociations avant même qu’elles n’aient commencé.

L’information de la semaine dernière annonçant qu’Israël est en train de construire 3500 logements dans E-1, le couloir reliant Jérusalem à la colonie de Ma’aleh en Cisjordanie , scelle le destin de l’état palestinien.

En tant qu’élément clef d’un "Grand Jérusalem" israélien, le plan E-1 détruit la viabilité de l’état palestinien. Il coupe la Cisjordanie en deux, donnant à Israël le contrôle de la circulation des Palestiniens d’un bout à l’autre de leur pays, et isole Jérusalem Est de tout le territoire palestinien.

Puisque 40% de l’économie palestinienne tourne autour de Jérusalem et de ses touristes, le plan E-1 détruit en fait le cœur économique de l’état palestinien, ne faisant cet état rien de plus qu’un ensemble de réserves indienne non viables.


Si ce plan E-1 a au moins un intérêt, c’est de mettre en lumière la complicité américaine dans l’extension des colonies israéliennes.

L’administration Bush tout en considérant que le plan E-1 "ne facilite rien" n’en a pas moins reconnu formellement le bloc de colonies de Ma’aleh Adumim, ainsi que le plan E-1, dans l’accord, signé l’année dernière, entre Bush et Sharon- un changement politique américain fondamental qu’a ratifié presque unanimement le Congrès.

Cela met les Etats-Unis dans une position très inconfortable qui ruine sa propre initiative dans la Feuille de Route, issue de la "vision de Bush" d’une paix israélo-palestinienne.

Cela détruit complètement le rôle d’honnête courtier que joue l’Amérique et le met en porte à faux avec les trois autres membres du Quartet pour la Feuille de Route – l’Europe, les Nations Unies et la Russie – qui déplorent le changement de la politique américaine.

Le plus tragique, c’est que le soutien américain au projet de colonisation de Sharon, détruit pour toujours la possibilité d’un état palestinien viable, condamnant les peuples d’Israël/Palestine à un conflit perpétuel.

Comment cela peut-il cadrer avec l’intérêt américain pour un Proche Orient stable, c’est la queston qu’on se pose.

Source : ICADH

Traduction : CS pour ISM

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