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ISM France - Archives 2001-2021

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Ramallah -

Elections sans démocratie

Par

> sbahour@palnet.com

Article co-écrit par Sam Bahour et Prof. Tood May le 18 décembre 2004.Sam Bahour est un palestino-américain vivant à Ramallah et Todd May est professeur de philosophie à la Clemson Université (Institution donnée pour identification seulement)

Les Palestiniens ne contrôlent pas les ressources de leur propre terre. Une armée étrangère patrouille dans leurs rues et leurs déplacements sont limités par des check points humiliants.
Il n’y a même pas de frontières reconnues pour cette terre sur laquelle les législateurs n’auront aucun pouvoir législatif.
En bref, pour ceux qui voudraient avoir l’honneur d’être élus à une institution démocratique palestinienne, il n’y aura rien à légiférer, rien sur quoi légiférer, et aucune ressources avec quoi légiférer.
Voilà la démocratie qu’on offre aux Palestiniens.

Dans les années 70 le gouvernement d’apartheid de l’Afrique du Sud chercha à renforcer sa prétention à la légitimité en autorisant des élections dans les bantoustans, l’équivalent des communautés palestiniennes d’aujourd’hui emmurées en Cisjordanie et à Gaza.

L’idée était que si les gens élisaient leurs responsables locaux, même pour tenir des charges en grande partie rituelles, alors le reste du monde arrêterait de dire que l’apartheid était anti-démocratique et illégal.


Cette stratégie posait deux problèmes. D’abord le monde comprit que ce n’est pas le cérémonial des élections qui fait une démocratie.

Ensuite, le principal candidat dans une élection que soutiendraient les Sud-Africains noirs - Nelson Mandela -était détenu dans une prison sud-africaine. Au lieu de quoi, les sud africains noirs se sont vu offrir des candidats collaborateurs choisis par le gouvernement Sud-Africain blanc.

Avec sa politique «d’engagement constructif», cependant, l’administration Reagan a tacitement soutenu cette stratégie même après que le Congrès ait fait acte de résistance en faisant passer l’Anti-Apartheid Act en 1986.


Bien peu de choses ont changé. Excepté qu’il n’y a pas de résistance au Congrès, la situation dans les territoires occupés par Israël est le miroir de ce que fut l’Afrique du Sud de l’Apartheid.

Les Palestiniens sont obligés soit par choix ou par fatalité, d’être d’accord avec des candidats "acceptables" pour les élections à des postes où ils n’auront de pouvoir qu’autant que le gouvernement israélien, soutenu par l’administration Bush, l’accordera.

Considérons le caractère cérémoniel de la fonction à laquelle un Palestinien pourrait se présenter.

L’infrastructure palestinienne a été mise à bas par 37 ans d’occupation militaire, plus récemment, par l’invasion israélienne de 2002 et les incursions militaires qui ont suivi.

Les Palestiniens ne contrôlent pas les ressources de leur propre terre. Une armée étrangère patrouille dans leurs rues et leurs déplacements sont limités par des check points humiliants.

Il n’y a même pas de frontières reconnues pour cette terre sur laquelle les législateurs n’auront aucun pouvoir législatif.

En bref, pour ceux qui voudraient avoir l’honneur d’être élus à une institution démocratique palestinienne, il n’y aura rien à légiférer, rien sur quoi légiférer, et aucune ressources avec quoi légiférer.

Voilà la démocratie qu’on offre aux Palestiniens.


Et plus encore. Non seulement le dernier président élu des Palestiniens a été condamné à dépérir jusqu’à sa mort dans une maison d’arrêt perpétuel, mais deux membres actuels du Conseil Législatif Palestinien supposés être à l’abri de l’ingérence israélienne vivent en ce moment dans les geôles israéliennes en raison de leur autorité politique.

Et avec ces deux prisonniers politiques, plus de 7000 prisonniers palestiniens restent détenus par Israël, la plupart d’entre eux étant des leaders dans leurs communautés.

On dira ce qu’on voudra, et l’Apartheid d’Afrique du Sud et Israël ont identifié les leaders quand ils les ont vus.

Finalement l’Afrique du Sud a arrêté le bain de sang sur sa terre en annulant l’injustice historique faite aux noirs d’Afrique du Sud.

De son côté, Israël semble non seulement aveugle aux futurs leaders palestiniens, mais a refusé même de de voir le nombre croissant de ses propres citoyens qui choisissent d’être emprisonnés plutôt que de servir l’occupation israélienne.


Les appels au peuple palestinien en faveur de la démocratisation servent un objectif plus large pour Sharon et l’administration Bush.

De tels appels laissent entendre que les problèmes ne résident pas dans l’occupation de la terre palestinienne mais dans le caractère politique du peuple palestinien.

Si nous ne sommes pas prêts pour la démocratie, telle que définie par notre occupant et ses commanditaires, alors peut-être, se disent-ils, l’occupation peut continuer en toute légalité.


Pourtant, le peuple palestinien et bien d’autres dans le monde, comprennent la différence qu’il y a entre une démocratie vide et la chose dans sa réalité.

Si les Palestiniens sont si réticents à ratifier le piège institutionnel qui leur a été récemment offert, s’ils semblent reculer devant la «générosité» montrée par les Israéliens et les Américains, peut-être la faute n'incombe-t-elle pas seulement aux Palestiniens eux-mêmes.

C’est peut-être que ce que cherchent les Palestiniens, c’est la véritable indépendance, sur leur propre terre où ils détiendront le pouvoir effectif, en d’autre mots, la démocratie. ?

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