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Jérusalem - 17 novembre 2008
Par Joharah Baker
Joharah Baker travaille pour le Programme des Médias et de l’Information à l'Initiative Palestinienne pour la Promotion du Dialogue et de la Démocratie dans le monde (MIFTAH). Elle peut être contactée à mip@miftah.org.
Pour les juifs, certains mots sont devenus tabous, en particulier lorsqu'ils sont utilisés par des non-Juifs. Il s'agit notamment de l'holocauste, l'apartheid et le nazisme. En raison des atrocités qui ont eu lieu contre les Juifs à travers l'histoire, à savoir le meurtre de six millions de personnes pendant la Seconde Guerre mondiale, le judaïsme politique s’est octroyé un quasi-monopole de la souffrance humaine. Pire, ceux qui osent comparer ces atrocités aux atrocités commises par l'État juif d'Israël contre les Palestiniens risquent d'être stigmatisés comme des «anti-sémites", des "ennemis des Juifs", ou des «anti-Israël."
Photo AIC : Le village palestinien de Silwan, au sud de la Vieille Ville de Jérusalem
Peut-être cette crainte d'être victimes d'ostracisme et d’être affublés de ces horribles étiquettes est la plus habile stratégie d’Israël, car elle lui donne un prétexte pour mettre en œuvre ses propres projets, sans obstacles et en général sans être jugé. Ce doit être le cas à Jérusalem, où tant d'injustices et de politiques racistes sont menées quotidiennement contre ses résidents palestiniens, sans que sourcille à peine la communauté internationale.
Je dis ces choses, non pas parce que je cautionne toute forme d'injustice contre un peuple, mais en raison du deux poids deux mesures flagrante qui se déroule juste sous mes yeux. Au cœur du quartier Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est, un couple âgé, Um et Abou Kamel, ont été expulsées de leur modeste maison de 52 ans sur une ordonnance de la Haute Cour israélienne.
Le 9 Novembre à 4:00 heures du matin, la police israélienne a fait irruption dans leur maison et forcé le couple à partir. Des colons israéliens, qui prétendent que la terre leur appartient, s’y sont immédiatement installés
En 2002, les familles Hanoun et Ghawi ont également été expulsées de leurs maisons dans Sheikh Jarrah, qui ont ensuite été saisies par des colons juifs. Aujourd'hui, 27 maisons risquent le même sort, dont tous les cas sont en instance dans les tribunaux israéliens. Les colons israéliens envisageraient de construire une nouvelle colonie à leur place, un quartier de 200 logements.
Je trouve qu'il n'est pas nécessaire de se plonger dans les détails de la procédure judiciaire et des fausses allégations des colons juifs qui disent que la terre leur appartient, pour la simple raison que ce n'est pas un incident isolé.
Si c'était le cas, il serait peut-être utile de réfléchir aux réclamations et aux revendications, même s’il est clair que le terrain a été donné aux familles après leur expulsion de leurs maisons en 1948. Les familles avaient à l’époque accepté des autorités jordaniennes de renoncer à une partie des services qu'ils recevaient de l'UNRWA en échange d’un logement, qui allait devenir leur propre propriété en trois ans.
Toutefois, il suffit de regarder une image plus large de ce qui se passe à Jérusalem pour voir que ce nouvel empiètement sur le territoire palestinien n’est qu’une pièce dans le puzzle complexe de la domination juive sur l'ensemble de la ville.
En plus des politiques plus larges et plus insidieuses comme la confiscation des papiers d’identité et des droits de résidence, il y a eu de façon flagrante, au cours du dernier mois, une série de mesures discriminatoires contre les résidents palestiniens de Jérusalem. Depuis le 5 Novembre, les autorités israéliennes ont démoli les maisons de quatre Palestiniens à Jérusalem-Est sous le prétexte d’avoir été construite illégalement, dont deux à Silwan, un village que les colons juifs ont dans leur ligne de mire depuis des années.
Plus tôt dans le mois, les autorités israéliennes ont annoncé la construction du Musée de la tolérance Simon Weisenthal sur un ancien cimetière musulman. Le feu vert a été donné après une période d'interruption de deux ans au cours de laquelle les autorités palestiniennes et musulmanes ont fait appel de l'ordonnance de la cour et protesté contre l’initiative.
Les Musulmans disent qu'il y a des tombes de plus de 400 ans et que leur exhumation est une profanation du corps. Néanmoins, le tribunal a approuvé la construction du musée, qui ironiquement "vise à promouvoir l'unité et le respect entre les Juifs et entre les peuples de toutes croyances."
Dans une autre partie de Jérusalem, dans ce qui est aujourd'hui le quartier juif de la vieille ville, des travaux sont en cours pour achever la construction d'une synagogue à proximité de la mosquée Abdullah Ben Omar.
La grande coupole de la synagogue finira par éclipser la mosquée, créant ainsi une "ligne d'horizon" plus juive pour la Vieille Ville, selon la Fondation Aqsa pour la préservation du patrimoine musulman.
L'ensemble du quartier était à l'origine le quartier marocain avant 1967, mais il a été complètement détruit par Israël pendant la guerre pour faire place à l'installation des Juifs dans la zone autour de la Mosquée Aqsa, ou ce que les Juifs prétendent être le Mont du Temple. Les habitants palestiniens du quartier ont été expulsés et la mosquée Omari, dans le secteur de Sharaf a été fermée pour absence de rénovation.
Laissez-moi poser une question hypothétique, juste pour le besoin de la discussion. Que se serait-il passé si une famille juive avait été expulsée de son domicile, à Tel-Aviv, ou même à Jérusalem?
Que se serait-il passé si un "Musée de la Tolérance» avait été construit sur un ancien cimetière juif ou si une famille juive avait été expulsée de son domicile à l'aube pour qu’elle soit rasée?
Nous savons tous que des telles atrocités sont arrivées aux Juifs pendant l'Holocauste, mais est-ce que cela justifie la perpétration des mêmes atrocités contre un autre peuple qui n’est en aucune façon responsable de cette partie de l'histoire juive?
Au contraire, si quelqu'un a le droit d'interpeller les Israéliens sur leur propre hypocrisie, ce sont les Palestiniens. La plupart des familles possèdent toujours les actes de propriétés de leurs maisons dans ce qui est aujourd'hui Israël et Jérusalem-Ouest d’où elles ont été chassées en 1948.
Ne devraient-elles pas être aussi autorisées à y retourner?
La réponse est claire. Si les Palestiniens tentaient d’expulser des Israéliens, de démolir leurs maisons, ou de construire un musée sur les restes de leurs défunts, ils seraient accusés d'antisémitisme, qualifiés de négationnistes ou de supporters de la destruction d'Israël.
En bref, Israël serait contre et la communauté internationale se réveillerait tout à coup de son sommeil pour protéger la «seule démocratie au Moyen-Orient.
Je pense qu'il est temps qu’Israël soit traité sur un pied d'égalité. Son histoire n'est pas une excuse pour son présent.
Source : http://www.miftah.org/
Traduction : MG pour ISM
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Joharah Baker
17 novembre 2008