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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Nous portons tous une responsabilité morale !

Par

Joharah Baker travaille pour le Media and Information Programme at the Palestinian Initiative for the Promotion of Global Dialogue and Democracy (MIFTAH). Elle peut être contactée à l'adresse suivante : mip@miftah.org.

Lorsque le défunt Président Yasser Arafat a proclamé l'Etat palestinien indépendant le 15 novembre 1988, on ne prend pas de risques en disant que la situation d'aujourd'hui n'est pas celle qu'il envisageait. L'effusion de sang qui a eu lieu dans la ville de Gaza le 12 novembre au cours de laquelle sept Palestiniens ont été tués par d'autres Palestiniens est indiscutablement une honte : une honte qui est si potentiellement auto-destructrice que, si ça continue, cela détruira tout ce pourquoi les Palestiniens, Arafat et d'autres se sont battus.

Le lundi 12 novembre, des milliers de partisans du Fatah ont envahi les rues de Gaza à l'occasion du troisième anniversaire de la mort du Président Arafat. L'anniversaire, qui avait lieu la veille, est une journée qu'aucun Palestinien ne peut laisser passer, que l'on soit d'accord ou non avec la politique d'Arafat.

Le "père de la révolution palestinienne", Yasser Arafat, était, et est encore, apparemment, une force avec laquelle il faut compter. C'est évident en voyant les masses de gens qui se sont rendues au mausolée nouvellement inauguré, le 11 novembre au siège de la présidence à Ramallah et les partisans du Fatah qui ont manifesté et défilé en son nom.

Cependant, le rassemblement de lundi a pris une tournure tragique lorsque les membres de la Force Exécutive, des forces de sécurité affiliées au Hamas ont ouvert le feu sur le rassemblement dans le centre de Gaza.

La Force Exécutive, la force armée dépendant du Ministère de l'Intérieur destitué, a ensuite affirmé qu'ils avaient répondu à des manifestants du Fatah hostiles qui les bombardaient de pierres et ont tiré sur eux avec des armes équipées de silencieux.

Selon des responsables du Hamas, le Fatah n'a pas tenu ses engagements concernant le respect de la loi et de l'ordre. Au contraire, ils ont scandé des slogans incendiaires contre le Hamas et ont montré un comportement agressif envers les forces de sécurité.

Que ces allégations soient basées ou non sur des faits, rien ne peut justifier le meurtre de sept personnes, dont un enfant de 12 ans, et plus de 100 blessés. Le fait même que la Force Exécutive se soit octroyée le droit de prendre la vie d'autres Palestiniens dans les rues de Gaza pour rendre hommage au plus durable des leaders palestiniens est certainement inacceptable et injustifiable.

Aujourd'hui, la bande de Gaza est en deuil parce que les familles continuent d'enterrer leurs morts. Les Palestiniens sont un peuple qui ne connaît que trop bien le visage de la mort et de la tragédie, après avoir été arrachés à leurs foyers et jetés hors de leur propre pays en tant que réfugiés en 1948 et 1967, tandis que ceux qui sont restés ont vécu depuis sous une occupation militaire extrêmement oppressive.

Des centaines de milliers de mères et de pères palestiniens ont enterré leurs fils et leurs filles, tués par les forces israéliennes, parce que toute expression de leur résistance à l'occupation représente une menace pour les bases sur lesquelles Israël a été créé.

Pourtant, les événements qui se sont déroulés il y a deux jours à Gaza représentent une tendance aussi sinistre que l'occupation ennemie. Les décès et les blessures infligées à des manifestants ne font qu'indiquer les profondeurs du schisme qui a déchiré la société palestinienne.

Là encore, on se doit de noter l'ironie. Demain, le 15 novembre marquera le 19e anniversaire du discours prononcé par Yasser Arafat à Alger devant le Conseil National Palestinien quand il a déclaré un Etat palestinien en Cisjordanie , dans la bande de Gaza et à Jérusalem Est.

La déclaration est survenue moins d'un an après le début du premièr Intifada dans les territoires palestiniens et les Palestiniens dans le monde entier ont espéré une dernière avancée. Arafat a inventé la célèbre expression : (la création d'un État palestinien] étant dans "le dernier quart d'heure" et qu'elle était seulement "un jet de pierre".

Pour les Palestiniens, ces faux espoirs se sont estompés depuis longtemps. Indépendamment du fait que de nombreux Palestiniens se soient rassemblés derrière Arafat lors de ses derniers jours ou l'aient tenu pour responsable du naufrage appelé les accords d'Oslo, personne ne peut nier que le chaos et la dévastation d'aujourd'hui ne faisaient pas partie du plan de ce dirigeant.

La question maintenant est de savoir comment arrêter la folie, et de quelle manière effacer tout ce sang affreux qui s'est accumulé entre le Hamas et le Fatah. Pour les uns, cette situation dans laquelle Gaza est, à toutes fins pratiques, isolée de la Cisjordanie , doit se terminer parce que plus la séparation durera, plus l'animosité se manifestera.

Le gouvernement destitué du Hamas montre déjà des signes d'obsession, vivant dans son propre monde hallucinatoire où le contrôle absolu de tout et de n'importe quoi n'est justifié que si leur but est de conserver les rênes du pouvoir.

De son côté, le gouvernement de Cisjordanie du président Abbas vit dans son propre monde de fantasmes. Abbas et compagnie ne peuvent pas croire une seule seconde qu'ils puissent bénéficier d'une once de succès si la Bande de Gaza continue d'être un terrain fertile à l'incitation à la violence et aux troubles internes, ce qui pourrait ensuite se répandre en Cisjordanie à chaque jour qui passe.

Avant que ce gouvernement mette tous ses oeufs dans le même panier (à Annapolis), il doit mettre de l'ordre dans sa propre maison, peu importe ce qu'il faut faire.

Cela signifie que si le Premier ministre du Hamas destitué, Ismail Haniyeh, appelle à un dialogue "entre frères", même si son collègue controversé Mahmoud Zahhar jure de "prendre de la Cisjordanie ", le gouvernement ne devrait pas immédiatement écarter l'offre.

Néanmoins, la valeur de la vie humaine doit toujours être la priorité, ce qui signifie que le Hamas a la responsabilité morale de réévaluer ses actions dans la bande de Gaza. Les vies qui ont été prises ne peuvent pas être rendues, mais il faut prendre des mesures qui garantiront que ce genre de tragédie ne se répète pas. Si le Hamas insiste sur le fait qu'il est capable de diriger Gaza d'une main ferme mais juste, il doit le prouver.

Ouvrir le feu sur un rassemblement – peu importe la façon dont ils ont été provoqués – ne donne pas l'image d'une direction saine, mais plutôt d'une tyrannie impitoyable

Les gens ont également la responsabilité de faire entendre leurs voix.

Une fois que nous commençons à nous tourner les uns contre les autres, en traitant l'autre de noms précédemment réservés à nos plus amers ennemis, le chemin vers la destruction nationale est en bonne voie.

Si nos dirigeants sont trop aveuglés par leurs propres agendas et leurs aspirations cupides, nous ne devons pas les suivre. Les leaders de notre révolution - Yasser Arafat, Abu Ali Mustapha, Khalil Al Wazir parmi des dizaines d'autres - n'auraient jamais toléré cette bataille entre frères.

La véritable menace a toujours été devant nous. Israël n'a pas mis fin à son occupation, n'a pas fait sauter le mur ou démantelé les colonies. Nos hommes et les femmes continuent d'être arrêtés, poursuivis et assassinés.

Un coup d'oeil sur une carte aérienne de la Cisjordanie , tachetée de colonies juives et découpée par un mur de neuf mètres, devrait suffire à nous prouver que notre travail est loin d'être terminé et que tout écart le long de notre route nous coûtera cher.



Source : http://www.miftah.org/

Traduction : MG pour ISM

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