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ISM France - Archives 2001-2021

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Israël -

Interview de Meron Benvenisti : Partition douce

Par

Meron Benvenisti est l’ancien député maire de Jérusalem et chroniqueur au Ha’aretz

Un seul Etat pourrait être un modèle pour une partition douce, par opposition à une partition chirurgicale, avec des frontières définies pour séparer deux entités politiques différentes.
On peut trouver un modèle de pouvoir mettant en commun le registre fédéral et partageant le territoire.
Les frontières des provinces seront plus souples que les frontières rigides de deux entités politiques et cela peut résoudre certains problèmes que la partition chirurgicale exacerbe.

Bitterlemons : Prenez-vous au sérieux le Premier Ministre palestinien Ahmed Qurei (Abu Ala) ?

Benevisti : Je le prends au sérieux (dans le sens où) il écoute les revendications israéliennes intérieures et où il les prend en considération.
Il ne dit pas qu’il la demandera (la solution d’un seul Etat) ; il s’est déjà tourné vers la solution de deux Etats.


Bitterlemons : Et pour Abu Ala ?

Benevisti : Je ne peux anticiper, à son propos.
Je pense qu’il a sa part dans le débat, la même part au débat que moi qui suis aussi impliqué.
Il comprend que s’il n’y a pas de progrès alors les conditions de binationalisme, déjà existantes, s’enracineront encore plus. La situation maintenant est binationale (et n’implique) pas seulement l’occupation (israélienne) de la Cisjordanie et de Gaza.
L’occupation militaire masque le processus qui a commencé il y a 25 ou 30 ans et qui ressemble à une domination quasi permanente de la région et à la re-création d’un mandat sur la Palestine comme seule entité géopolitique .
Aussi ce qu’Abu Ala semble vouloir dire c’est : nous ne parlons pas d’un souhait mais d’un fait. Vous ne le voulez pas, mais c’est le moyen le plus réaliste de définir, la situation.
Très bientôt, il sera clair pour tout le monde que c’est ce qui est arrivé.


Bitterlemons : la solution viable de deux Etats n’est-elle plus réalisable ?

Benvenisti : Nous nous heurtons à un problème de définition.
C’est quoi deux Etats ?
Une solution viable, ou des Etats viables ?
Il y a un vrai besoin de clarification. Actuellement, les conditions pour deux Etats souverains et complètement séparés, c’est-à-dire rassemblant Israël et la Cisjordanie , sont nulles.
Faire une partition chirurgicale et créer des frontières qui rendent les deux Etats indépendants et souverains sous tous les aspects est impossible.


Bitterlemons : Que pensez-vous de la solution des deux Etats telle que le Premier Ministre israélien Ariel Sharon le recommande ?

Benvenisti : Un Etat palestinien limité à moins de la moitié de la Cisjordanie et des deux tiers de Gaza est acceptable pour Sharon.
La solution de deux Etats basée sur la volonté de diviser la terre équitablement est maintenant devenue le slogan de Sharon et Cie, la droite israélienne, qui crée un système de domination qui ressemble aux bantoustans.
Ce qui fait qu’aujourd¹hui le débat sur les deux Etats a pris un tour tout à fait différent.


Bitterlemons : La solution d’un seul Etat est-elle bonne pour les Israéliens ?
,
Benevisti : Un seul Etat pourrait être un modèle pour une partition douce, par opposition à une partition chirurgicale, avec des frontières définies pour séparer deux entités politiques différentes.
On peut trouver un modèle de pouvoir mettant en commun le registre fédéral et partageant le territoire.
Les frontières des provinces seront plus souples que les frontières rigides de deux entités politiques et cela peut résoudre certains problèmes que la partition chirurgicale exacerbe.


Bitterlemons : Un système fédéral marcherait-il ?

Benvenisti : Il ne séparerait pas seulement Israël de la Cisjordanie , mais il affecterait tout autant le (territoire) ouest de la Ligne Verte.
L’essentiel (du pouvoir) pourrait reposer sur un système des deux-tiers.
Ce (serait) un système fédéral basé sur un principe identitaire séparant des groupes ethniques et le territoire qu’ils contrôlent. Mais contrôler n’est pas régner.
Les solutions aux récents conflits intercommunaux ne se basaient pas sur la solution standard de partition des anglais, mais sur le pouvoir de séparation et de fédération. Dayton, Pâques en Irlande, l’après guerre civile sanglante au Liban, tous ont nécessité un partage de pouvoir et des arrangements confessionnels entre les partis.


Bitterlemons : Que pensez-vous de l’exmple sud africain ?

Benvenisti : le seul endroit où il existe un système unitaire, c’est l’Afrique du Sud mais c’est absolument unique et ça ne repose pas sur la partition mais sur la règle de la majorité.
Il y a bien des modèles de binationalisme, mais la seule façon pour le traduire en Israël/Palestine c’est «un homme, un vote».
Elle n’est pas appropriée et je la rejette. (prédire que la "Sud-africanisation" du conflit signifie la fin de l’Etat Juif et est effroyable ; c'est la démonstration que la binationalisme ne peut pas marcher .
Mais ce n’est pas le modèle que je suggère. Il y doit y avoir un modèle qui respecte les cultures nationales et canalise le conflit entre les deux groupes ethniques, et non un système de majorité dominant une minorité, la tyrannie représentée par : un homme, un vote.


Bitterlemons : Est-ce que l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) est capable de prendre un tel tournant ? Après tout, elle a rejeté la suggestion d’Abu Ala.

Benvenisti : Maintenent, certainement pas. Ppas plus que l’institution Sioniste d’Israël.
L’OLP soutient la solution des deux Etats ; l’Autorité Nationale Palestinienne ne peut survivre sans ça.
C’est seulement quand (les Palestiniens) affronteront la faillite totale de l'Autorité Nationale Palestinienne et ses échecs qu’ils comprendront que non seulement (l'Autorité Palestinienne) n’a rien fait, mais qu’elle a ruiné les chances des Palestiniens à obtenir quelque chose des Israéliens.
La vérité, c’est que l'Autorité Nationale Palestinienne est à l’origine de l’occupation permanente.


Bitterlemons : Les Palestiniens partagent-ils votre point de vue ?

Benevenisti : Un grand nombre, oui, mais d’autres chérissent la chimère selon laquelle ils vont gagner le coeur de la bataille.
Un (tel) système qui suppose la victoire automatique de ceux qu'il nourrit est impossible. Je n’imagine pas qu’Israël se suicide. Mon système pourrait fonctionner avec les Palestiniens.
C’est une situation de siamois que celle d’Israël et de la Palestine vivant dans un seul écosystème dans lequel ne marchera qu'une très intime coopération binationale.
S’il n’y a pas de coopération intime, il ne se passera rien et la domination israélienne et le pouvoir supérieur poseront problème pour toujours.


Bitterlemons : Les choses vont donc empirer avant d’aller mieux ?

Benvenistit : les choses vont déjà plutôt mal. La seule chose que les gens ne discernent pas clairement c’est où ils se trouvent.
Une fois que les illusions se seront dissipées, les gens des deux bords devront se tourner vers des accords intérimaires pour aller vers la création de nouvelles conditions et d’un nouveau degré de coopération.
Des mouvements unilatéraux ne fonctionneront pas. Le courant actuel ­ soit un Etat palestinien ou rien ­ ne nous conduira nulle part.

Source : www.bitterlemons.org/

Traduction : CS

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