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Cisjordanie - 4 mai 2008
Par Btselem
En dépit de ses affirmations sur le retrait des obstacles physiques pour "faciliter" la circulation, Israël continue d'imposer des restrictions considérables à la circulation des Palestiniens en Cisjordanie.
Le gouvernement a récemment annoncé que fin mars 2008, l'armée avait commencé à démanteler 61 obstacles physiques – des amas de terre, des rochers et des blocs de ciment – qu’elle avait installés sur les routes de Cisjordanie.
Photo: 'Atef Abu Rub-un, B'Tselem, 13 avril 2008 : L'armée a bloqué la route d’Al-Jarushiya : l’amas de terre bloquant la route a été enlevé par l'armée le lendemain de sa mise en place.
Le gouvernement a récemment annoncé que fin mars 2008, l'armée avait commencé à démanteler 61 obstacles physiques – des amas de terre, des rochers et des blocs de ciment – qu’elle avait installés sur les routes de Cisjordanie .
Les obstacles avaient été soi-disant enlevés après la promesse qu’Israël avait faite en Mars à la secrétaire d'État américain, Condoleezza Rice, pour diminuer les restrictions imposées à la circulation des Palestiniens en Cisjordanie .
Toutefois, l'enquête de B'Tselem et les enquêtes d'autres organisations des droits de l'homme indiquent que la déclaration du gouvernement n'était rien d’autre qu’un tour de passe-passe.
B'Tselem a demandé au service des relations publiques du Ministère de la Défense et au Coordinnateur des Opérations gouvernementales dans les territoires, une liste des obstacles physiques qui auraient été enlevés.
À ce jour, aucun des deux organes gouvernementaux n’ont fourni cette liste. En se basant sur les rapports remis à des journalistes, aux diplomates et aux organisations internationales, B'Tselem a établi lui-même la liste.
En enquêtant de façon plus approfondie, B'Tselem a découvert que les affirmations d’Israël étaient fausses.
En fait, la plupart des obstacles physiques sur la liste avaient été ouverts par des Palestiniens locaux ou avaient été enlevés par l'armée avant qu’Israël remette son engagement à la secrétaire Rice. Un nombre important de barrages avait été installé dans le nord de la Cisjordanie , principalement dans la région de Tulkarem, Qalqiliya et Jénine, immédiatement après l'attentat terroriste de Dimona, le 4 Février 2008, et ont été enlevés dans les semaines qui ont suivi.
D'autres obstacles physiques sur la liste, dont beaucoup avaient été placés à l'entrée de chemins de terre menant à des terres agricoles, ont peu d'effet sur la vie de la population en général. Toutefois, des obstacles placés sur les routes indispensables, qui influent sur l'ensemble de la population palestinienne en Cisjordanie , ne figurent pas sur la liste.
En outre, dans de nombreux endroits dans le nord de la Cisjordanie , les obstacles qui avaient été enlevés par les habitants ont été remis en place par les bulldozers de l'armée. L'armée a ensuite pris des photos de ces obstacles avant de les enlever le jour même ou le lendemain.
Ci-dessous, des exemples de ces mises en scène de retrait.
• Début Février, l'armée a placé trois obstacles composé de rochers et de tas de terre à l'entrée sud de Bal'a, une ville au nord-est de Tulkarem. Du 5 au 7 Mars, en coordination avec l'armée, la municipalité de Bal'a a enlevé les obstacles et rouvert le passage.
Selon les habitants locaux, fin mars, un bulldozer israélien, gardé par des soldats, a de nouveau installé un obstacle pour bloquer l'entrée. Les habitants qui désiraient circuler sur la route ont été retardés par l'armée, qui filmait les véhicules attendant de chaque côté de l'obstacle physique. Immédiatement après, le bulldozer a enlevé l'obstacle, opération que l'armée a aussi filmée.
Cet obstacle est sur la liste des obstacles physiques que l'armée affirme avoir enlevé dans le cadre de ses efforts destinés à "faciliter" la circulation des Palestiniens.
• Le 31 mars, l'armée a placé des obstacles trois obstacles composés de rochers et d’amas de terre sur la route entre Deir al-Ghussun et al-Jarushiya, qui sont situés à environ 1 km de distance, au nord de Tulkarem.
Selon les résidents locaux, le lendemain, un bulldozer israélien a enlevé les trois obstacles, tandis qu’une équipe de tournage de l'armée filmait les obstacles, avant et pendant le retrait. Ces obstacles figurent, aussi, sur la liste.
• Fin novembre 2007, l'armée a placé 3 amas de terre sur la route reliant les villages d'al-Funduq et d’Hajja, à l'est de Qalqiliya, et un autre obstacle à la sortie du village de Jinsafut, en direction de la route 55. Ces obstacles ont été enlevés par des habitants au début du mois de janvier 2008.
• Un autre obstacle, placé à la sortie du village d'al-Masqufa, a été enlevé par des habitants, le 7 mars. Ces cinq obstacles sont également sur la liste.
• Un autre exemple a eu lieu à Bizzariya, un village situé à l'est de Tulkarem. En février, à la suite de l'attentat terroriste de Dimona, l'armée a bloqué les routes principales reliant le village à Tulkarem.
Plus tard dans le mois, l'armée a retiré les checkpoints temporaires et les habitants ont enlevé les tas de terre. Les résidents affirment que, le 31 mars, l'armée a fermé les issues du village par des rochers et des tas de terre et, immédiatement après, un bulldozer de l’armée est venu et l’a enlevé.
L'armée a filmé l’installation et le retrait des barrages, qui sont sur la liste des obstacles enlevés pour faciliter les déplacements des Palestiniens.
En plus de la déclaration du gouvernement disant que certains obstacles physiques avaient été supprimés, les médias ont indiqué que deux checkpoints permanents auraient été soi-disant enlevés : le checkpoint de Rimonim (a-Tayba), à l'est de a-Tayba, et le checkpoint d’Almog sur la Route n° 1, la route reliant Jéricho et le nord de la Mer Morte.
L’enquête de B'Tselem montre que, si le checkpoint de Rimonim a bien été enlevé, le checkpoint d’Almog reste opérationnel, et les Palestiniens ne sont pas autorisés à le franchir pour se rendre au nord de la Mer Morte
Ses promesses réitérées d’«alléger» les restrictions imposées à la libre circulation laissent entendre qu’Israël considère le "droit fondamental à la liberté de mouvement » des Palestiniens comme un privilège qu'il peut accorder ou refuser quand il le veut.
Dans la pratique, Israël continue à limiter les déplacements des Palestiniens en Cisjordanie avec divers moyens, dont des centaines d'obstacles physiques et des dizaines de checkpoints permanents.
L'objectif de bon nombre de ces obstacles et des checkpoints n'est pas d'empêcher l'entrée en Israël, mais de rendre difficile la circulation des habitants entre les villes et les villages de Cisjordanie , et d’empêcher les terroristes pour atteindre le dernier checkpoint avant d'entrer en Israël.
Ces restrictions affectent gravement le droit à la libre circulation des habitants et d’autres droits fondamentaux comme le droit à recevoir des soins médicaux, le droit à l'éducation et au travail. Cela a d’importants effets à long terme sur les Palestiniens, y compris sur leur capacité à reconstruire l'économie palestinienne et la société palestinienne.
B'Tselem demande à Israël de retirer immédiatement toutes les restrictions à la libre circulation à l’intérieur de la Cisjordanie et de concentrer ses efforts pour protéger les Israéliens sur les checkpoints entre la Cisjordanie et Israël.
Source : http://www.btselem.org/
Traduction : MG pour ISM
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