Envoyer cet article
Gaza - 4 mai 2008
Par Sami Abdel-Shafi
> sami.abdelshafi @ emergeconsultants.com
Sami Abdel-Shafi est le co-fondateur et associé principal du Groupe-conseil Emerge, une entreprise de conseil en gestion dans la ville de Gaza. Il peut être joint à l’adresse suivante : sami.abdelshafi @ emergeconsultants.com
C'est une drôle d'impression: après avoir travaillé pendant cinq ans comme professionnel productif dans Gaza, je suis devenu un accro du marché noir.
Je passe plusieurs coups de téléphone par jour à la recherche d’essence pour ma voiture, de diesel pour le générateur électrique de secours qui attend de fournir de l’électricité à la maison, même des cigarettes et des vitamines.
Photo Mohamed Omer - Mars 2008 : Files d'attente à Gaza pour obtenir quelques gouttes d'essence
La seule façon de se procurer ces choses, d’acheter des médicaments indispensables, d’acheter les choses essentielles à une vie digne, c’est par le marché noir, sinon vous n’avez rien.
Aujourd'hui, tous Gaza souffre de graves pénuries d'eau, puisque le carburant nécessaire au pompage et au transport de l'eau (ainsi que des eaux usées) est dangereusement rare. Les quelques voitures visibles dans la plupart des rues vides de Gaza aujourd'hui fonctionnent presque toujours à l’huile de cuisson usagée en raison de la pénurie de diesel.
Ce sentiment de singularité a continué quand j'ai lu la déclaration faite par le Quarter à Londres hier. Les quatre puissances agissant en tant que médiateur au Moyen-Orient - les Nations Unies, l’Union Européenne, les États-Unis et la Russie – ont parlé de "profonde inquiétude" et ont exigé «des mesures concrètes des deux parties".
Toutefois, il n’y avait aucun sentiment qu'ils aient bien compris l’ampleur de la situation désespérée à Gaza ou les réalités en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. La politique mondiale semble s'être transformée en diplomatie du refus : un refus de se positionner beaucoup plus fermement envers la cause d’un peuple occupé et mourant.
Cette diplomatie de refus ne fait qu’aider le désir d'Israël d'imposer ses volontés aux Palestiniens, et plus particulièrement aux Gazaouis assiégés. Le gouvernement israélien veut se prendre pour Dieu à Gaza en contrôlant carrément tous les aspects de la vie des civils. Le morcellement de la Cisjordanie présente une menace avec des conséquences aussi terribles.
La barrière de séparation et les centaines de checkpoints israéliens risquent de créer de nombreux petits Gazas en Cisjordanie . Les villages et les villes qui deviennent aujourd'hui de plus en plus isolées et étranglés économiquement pourraient devenir demain des points chauds de désespoir et de violence.
La semaine dernière à Gaza, Israël a non seulement continué de priver la population de carburant et de gaz de cuisine, mais il a empêché l’entrée de marchandises destinées aux organismes des Nations Unies comme l'UNRWA - l'agence qui fournit à la population pauvre et défavorisée de gaza les services de santé, l'éducation, l'aide alimentaire. En gênant les opérations de l'ONU, Israël gêne le Quartet, dont l'ONU fait partie.
La politique actuelle d’Israël expulse petit à petit les Palestiniens de leurs terres et pousse ceux qui restent dans la déchéance, le désespoir et l'extrémisme.
Le mot «siège» ne semble plus adéquat pour décrire ce qui se passe à Gaza. Les 1,5 millions de personnes du territoire ont été plongés dans une catastrophe humanitaire. C’est devenu un non-sens de parler de négociations de paix alors qu'Israël crée plus d'injustices sur le terrain en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
Avant la réunion du Quartet de Londres, Condoleezza Rice, la Secrétaire d'Etat américain, avait reconnu, dans des déclarations, les "difficiles" questions des frontières et du sort de Jérusalem ainsi que la responsabilité d’Israël pour améliorer la vie des Palestiniens. Rice avait insisté sur le fait que les États-Unis ne considéraient pas l'expansion des colonies d’Israël comme un fait accompli dans le cadre d'un accord définitif sur les frontières.
S'il y avait une lueur d'espoir dans la déclaration du Quartet et dans les paroles de Rice, il est, cependant, difficile de présager d’actions constructives ensuite. L'administration américaine est presque la fin de son mandat. L'ONU est fragilisée.
Le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, calme les faucons de l’establishment militaire israélien, le mouvement des colons et la Knesset elle-même - au moment où il prolonge ce qui ressemble de plus en plus à une main de paix illusoire aux Palestiniens.
Les hommes politiques palestiniens doivent, aussi, reconnaître que leur confrontation embarrassante et source de division n’a fait que diminuer la compréhension de la souffrance de leur peuple par le reste du monde.
Entre-temps, le peuple palestinien se rapproche de plus en plus de la misère. Il n’est pas suffisant de la part du Quartet de pousser les Palestiniens et les Israéliens à faire la paix.
Les hommes politiques et les délégations du monde entier, y compris les Israéliens de toutes convictions, devraient être encouragés et autorisés à venir à Gaza et à témoigner de ce qui se passe ici aujourd'hui.
Seulement à ce moment-là, les observateurs seront en mesure d'évaluer dans quelles conditions les Palestiniens doivent vivre, et de juger les obligations morales du monde à l'égard d'un peuple qui mérite certainement une chance de vivre en paix et dans la dignité.
Courte video sur la vie à Gaza tournée en août 2007. Et depuis, la situation a énormément empiré
Source : http://www.guardian.co.uk/
Afin d'assurer sa mission d'information, ISM-France fait appel à votre soutien.
L'ISM a pour vocation la diffusion d'informations relatives aux événements du Proche Orient. Les auteurs du site travaillent à la plus grande objectivité et au respect des opinions de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui leur seraient signalées.
Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas l'ISM ne saurait être tenu responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et messages postés par des tierces personnes.
D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou faisant lien vers des sites dont il n'a pas la gestion, l'ISM n'assume aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces sites.
9 novembre 2021
Le fait d'être désigné comme "terroristes" par Israël illustre le bon travail des ONG en Palestine9 novembre 2021
L’Art de la guerre - Les nouvelles armes financières de l’Occident5 novembre 2021
Israa Jaabis : De victime à criminelle, du jour au lendemain3 novembre 2021
La normalisation est le dernier projet pour éradiquer la cause palestinienne1 novembre 2021
Kafr Qasem reste une plaie béante tandis que les Palestiniens continuent de résister à l'occupation30 octobre 2021
Voler et tuer en toute impunité ne suffit plus, il faut aussi le silence14 octobre 2021
Tsunami géopolitique à venir : fin de la colonie d’apartheid nommée ’’Israël’’12 octobre 2021
La présentation high-tech d'Israël à l'exposition de Dubaï cache la brutalité de l'occupation9 octobre 2021
Pourquoi le discours d'Abbas fait pâle figure en comparaison du fusil d'Arafat à l'ONU6 octobre 2021
Comment la propagande israélienne s'insinue dans votre divertissement quotidien sur Netflix : La déshumanisation et la désinformation de FaudaGaza
Famine
4 mai 2008